Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

antimilitarisme, (suite)

Mais, pendant la guerre d'Algérie, l'armée se voit de nouveau mise en cause, surtout à gauche, pour ses méthodes de guerre (emploi de la torture), mais aussi parce qu'elle est perçue comme une menace pour la démocratie. Plus généralement, l'anticolonialisme sert alors de ferment à l'antimilitarisme et à l'insoumission. Le conflit algérien relance d'ailleurs les revendications en faveur de la reconnaissance légale de l'objection : c'est un « spécialiste » de l'antimilitarisme, actif dès avant 1914, Louis Lecoin, qui mène la campagne aboutissant au vote de la loi de 1963 qui reconnaît un statut aux objecteurs.

Sur le plan politique, l'antimilitarisme est soumis aux aléas du fait militaire (guerres, politiques gouvernementales en matière d'armement et de conscription...) et reste dépendant des stratégies politiques globales de ceux qui le promeuvent. Sur le plan culturel, l'antimilitarisme dispose d'une sorte d'autonomie : la culture véhicule aisément la charge symbolique de ce combat, depuis les pièces de théâtre du début du siècle (le Bétail, de Victor Méric, animateur de l'AIA) jusqu'au Festival du cinéma antimilitariste organisé aujourd'hui par l'Alternative libertaire.

antiparlementarisme,

mouvement d'opinion dirigé contre le système parlementaire et couramment associé à la droite nationaliste.

Cependant, le discours antiparlementaire a pu être utilisé par une partie de l'extrême gauche pour attaquer le pouvoir bourgeois, et par la droite classique pour imposer le renforcement de l'exécutif.

Le fruit de la grande dépression et du nationalisme.

• Dès le milieu du XIXe siècle, l'institution parlementaire fait l'objet de critiques. Ainsi, la théorie prou-dhonienne de la démocratie fédérative s'oppose-t-elle à la délégation de pouvoirs, et le bonapartisme s'en prend-il à une Assemblée jugée incapable d'assurer la cohésion nationale. Mais l'attachement aux mécanismes constitutionnels depuis 1789 et les luttes pour l'obtention du suffrage universel (1848) empêchent la naissance d'un véritable mouvement antiparlementaire. Celui-ci date de la grande dépression des années 1880, qui, en France, se double d'une crise politique avivée par l'esprit de revanche contre l'Allemagne et par le boulangisme. En ces temps difficiles, les scandales tels que le « trafic des décorations » (1887) semblent insupportables. L'hostilité envers les « voleurs » est récupérée par le général Boulanger, qui fédère les déçus de la « République opportuniste ». Selon lui, la veulerie et l'égoïsme des élus les rendent incapables de défendre les intérêts de la nation humiliée par la défaite. Ce national-populisme donne naissance à une extrême droite qui théorise le refus de la république parlementaire en exploitant le scandale de Panamá et les remous de l'affaire Dreyfus. À partir de 1900, Charles Maurras en vient à préconiser une monarchie qui serait l'expression du « nationalisme intégral » et correspondrait au tempérament « poignard » des Français.

À l'extrême gauche, les difficultés économiques et le souvenir de l'attitude du Parlement versaillais en 1871 alimentent un courant, à dominante anarchiste, hostile au parlementarisme bourgeois. La bombe lancée par Auguste Vaillant en pleine séance de la Chambre des députés, le 9 décembre 1893, en est une manifestation spectaculaire.

L'apogée des années trente.

• Après sa naissance, au congrès de Tours, et dans le cadre de sa stratégie « classe contre classe », le Parti communiste est tenté par la récupération de cet héritage. Mais sa participation à toutes les grandes élections et l'attachement de son électorat au système républicain l'empêchent de donner une forme achevée à ces velléités, comme le confirme en 1934 le tournant qui mènera au Front populaire.

C'est à droite que l'antiparlementarisme se renforce. Les Ligues en font leur thème favori. Le 6 février 1934 leur offre l'occasion de manifester leur mépris à l'égard des élus, jugés complices de l'affairiste Stavisky. Le gros de leurs troupes, issu des catégories moyennes victimes de la crise, vise non pas au renversement du régime mais à l'installation d'un gouvernement plus énergique. C'est également le souci d'André Tardieu, principal dirigeant de la droite après la mort de Raymond Poincaré : il entend rénover les institutions en renforçant l'exécutif. Le gouvernement de Vichy réalise la synthèse entre ces deux courants en instaurant l'État français.

Un irrésistible déclin ?

• Depuis un demi-siècle, l'antiparlementarisme revêt des formes moins virulentes. À l'époque du RPF, la critique gaullienne du régime des partis se nourrit des rancœurs contre la IVe République sans être pour autant une dénonciation systématique du Parlement. Le poujadisme, expression de l'inquiétude des petits producteurs et commerçants face aux restructurations de la croissance, reprend dès 1953 certains des slogans d'avant guerre. Mais, d'essence provinciale, il dénonce plutôt le technocratisme parisien en réclamant un Parlement mieux à l'écoute de la France profonde. Sous la Ve République, la pratique institutionnelle introduit la prééminence de l'exécutif sur le pouvoir législatif. Dès lors, le Parlement ne peut plus servir de bouc émissaire aux contestataires. Cependant, la crise de la fin du XXe siècle, avec la montée de l'extrême droite et la multiplication des « affaires », provoque l'érosion du crédit des hommes politiques et des partis. Même si l'on n'observe pas de résurgence directe de l'antiparlementarisme, le mythe du pouvoir fort, son corollaire, refait surface.

Antiquité,

une des quatre périodes de l'histoire, qui précède le Moyen Âge, l'époque moderne et l'époque contemporaine.

L'Antiquité recouvre les trois millénaires qui s'étendent de l'apparition de l'écriture et des premières grandes civilisations à une date « fatidique » : 476, année au cours de laquelle fut déposé le dernier empereur romain d'Occident, et la plus couramment retenue. De façon plus restrictive, le terme désigne la civilisation gréco-romaine.

La représentation qu'une société se donne de son propre passé est une force agissante dans la vie de cette société, l'histoire étant à la fois véhicule d'identité et pourvoyeuse de modèles toujours réinterprétés. La vision de l'Antiquité a donc été prégnante dans l'histoire de France, sur le plan politique comme sur le plan culturel.