Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Paris (suite)

Cependant, la population d'une ville ne suffit pas à exprimer sa puissance dans un système urbain. Les ressources urbaines sont une autre manière de mesurer la prééminence parisienne : au milieu des années 1930, l'ensemble des recettes des villes de plus de 5 000 habitants atteint presque 13 milliards de francs ; les seules recettes de Paris sont de 6 milliards environ. Autre indicateur, la répartition de la fortune au milieu des années 1990 : 40 % du montant de l'impôt de solidarité sur la fortune est prélevé à Paris intra muros et 60 % dans le reste de la France.

Aujourd'hui, les études fondées sur l'analyse des derniers recensements concluent à l'existence, en France, de deux sociétés distinctes : l'une correspond à la région parisienne, qui confirme sa domination en dépit des lois de décentralisation, l'autre rassemble tout ce qui en est exclu. En témoigne l'évolution divergente, entre 1982 et 1990, du poids que représentent, dans Paris, les cadres et les professions intellectuelles supérieures, d'une part, et les ouvriers, d'autre part. Le phénomène est encore plus accentué lorsque l'on observe la distribution des emplois culturels dans le système urbain.

L'étude menée par Félix Damette sur l'évolution des relations téléphoniques entre Paris et les capitales régionales de 1963 à 1993 conduit l'auteur à un jugement sévère : « La politique des métropoles d'équilibre est restée un mot sans contenu », et « la politique d'aménagement a consisté avant tout à impulser le développement de la capitale et à distribuer en province les emplois sous-qualifiés de la décentralisation industrielle ». Ligne directrice de tous les plans d'aménagement du territoire, le rééquilibrage du couple Paris-province serait-il condamné à rester un vœu pieux ?

Paris (protocoles de),

accords militaires passés en 1941 par le gouvernement de Vichy et les autorités allemandes.

Ils s'inscrivent dans le cadre de la collaboration d'État engagée par Vichy depuis l'entrevue de Montoire (octobre 1940). Le projet de Darlan, alors vice-président du Conseil, est d'arracher aux Allemands des concessions : à court terme, un allègement des clauses de l'armistice ; à plus long terme, la conclusion d'une paix qui préserve les intérêts coloniaux de la France. Ces protocoles s'inscrivent également dans le contexte du printemps 1941 : avant d'envahir l'URSS, les chefs de la Wehrmacht entendent consolider leurs positions en Afrique et au Proche-Orient. Signés les 27 et 28 mai 1941, les protocoles de Paris engagent Vichy très loin dans la collaboration. Les protocoles « techniques » assurent à l'Allemagne une assistance logistique en Irak (où a éclaté un coup d'État anti-anglais), et en Tunisie pour ravitailler l'Afrikakorps. Un protocole « de principe » promet à la Kriegsmarine l'utilisation de la base de Dakar, essentielle dans la guerre sous-marine. Enfin, un protocole « complémentaire » évoque la possibilité d'une reprise des hostilités contre la Grande-Bretagne. En échange, Darlan espère avoir obtenu une diminution de l'indemnité financière et la libération de 100 000 prisonniers.

Pourtant, ces protocoles sont combattus par Weygand, qui redoute un renforcement du gaullisme dans l'empire. En outre, la réaction britannique est foudroyante : la révolte irakienne est matée en mai et le Levant français est envahi en juin. Après avoir tenté de faire monter les enchères, Darlan doit renoncer à ces protocoles en juillet 1941, achevant de perdre tout crédit aux yeux de Hitler.

Paris (traité de) [1229],

traité conclu entre le comte de Toulouse Raimond VII et le roi de France Louis IX mettant fin à la guerre des albigeois.

Après la victorieuse croisade de Louis VIII dans le Midi en 1226, et en dépit de la mort inattendue du jeune roi, Raimond VII se voit contraint de négocier avec la régente Blanche de Castille et son fils Louis IX. La médiation du comte Thibaud de Champagne permet d'aboutir au traité, juré à Meaux et confirmé à Paris le 11 avril 1229. Raimond VII reçoit le pardon du roi et celui du pape, et conserve le comté de Toulouse. Mais il doit céder le marquisat de Provence au pape et une partie de l'Albigeois au roi, ce qui affecte considérablement sa puissance. En outre, il s'engage à pourchasser les « hérétiques » et promet sa fille Jeanne à un frère du roi : si Raimond n'a pas d'autre enfant, elle sera son héritière et apportera en dot le comté de Toulouse. Le 13 avril, Raimond VII fait solennellement pénitence à Notre-Dame et prête l'hommage-lige au jeune roi. Cet hommage fait de Louis IX le premier roi capétien à régner, effectivement, sur le sud du royaume. En outre, ce traité avec le comte de Toulouse, complété par les traités passés avec les Trencavel, vicomtes de Béziers, de Carcassonne et de Nîmes, conduit à l'élargissement du domaine royal dans le Midi et à la création des sénéchaussées d'Albi, de Carcassonne et de Beaucaire. Enfin, la mort de Raimond VII (1249), qui n'a d'autre enfant que Jeanne, mariée au duc Alphonse de Poitiers, entraîne l'application du traité et conduit à l'union du comté de Toulouse à la couronne.

Paris (traité de) [1259],

traité conclu entre Louis IX et le roi d'Angleterre Henri III réglant la question des domaines continentaux des souverains anglais, annexés par le roi Philippe Auguste en 1214, et mettant fin au conflit qui oppose Capétiens et Plantagenêts depuis un siècle.

Après son retour de croisade en 1254, Louis IX entend réaliser une paix durable avec l'Angleterre, paix à laquelle l'engage sa parenté avec Henri III : en effet, ils ont chacun épousé une fille du comte de Provence, Raimond Bérenger V. Un traité est finalement conclu à Paris le 28 mai 1258, puis ratifié et confirmé le 4 décembre 1259 : Henri III renonce à ses droits sur la Normandie, l'Anjou, la Touraine, le Maine et le Poitou ; en contrepartie, Louis IX fait ordonner une enquête sur les droits d'Hen-ri III en Agenais, lui offre 134 000 livresde dédommagement et procède à la restitution de ses biens dans les diocèses de Cahors, Périgueux et Limoges. En outre, les seigneurs et barons de ces régions peuvent choisir entre la suzeraineté du roi de France et celle du roi d'Angleterre. Enfin, Henri III se reconnaît vassal de Louis IX dans ses fiefs du royaume de France et lui prête hommage le 4 décembre 1259. Certains membres de la cour ont reproché au roi les concessions faites alors qu'il était en position de force, mais le souverain s'est déclaré attaché au retour de la paix entre parents ainsi qu'au rétablissement de sa suzeraineté sur l'un de ses plus puissants vassaux. En cela, le traité reflète le souci de Louis IX d'apparaître comme un roi de paix, ainsi que la primauté qu'il confère aux règles féodo-vassaliques au détriment d'une logique territoriale trop éloignée de son idéal de justice et de concorde.