Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
I

infanterie. (suite)

À partir du milieu du XVIIe siècle, l'infanterie devient l'arme principale, au détriment de la cavalerie. Cette primauté tient à une mutation de l'armement grâce à l'apparition du fusil à pierre doté de la baïonnette à douille, inventée par Vauban, qui associe l'arme à feu et l'arme blanche et entraîne la disparition de la pique. Avec Louvois, les fantassins sont dotés d'uniformes. Tout au long du XVIIIe siècle, le recours à l'infanterie reste l'objet de polémiques. On hésite entre l'ordre mince avec deux ou trois rangs ou l'attaque en colonnes profondes précédées de tirailleurs.

À la fin de l'Ancien Régime, le nombre de régiments divisés en bataillons se stabilise, en temps de guerre comme en temps de paix. On en compte une centaine, dont vingt constitués d'étrangers. Durant la Révolution, l'infanterie française, forte de son élan et de ses effectifs, affiche une nette supériorité sur les vieilles armées de la monarchie. Napoléon améliore encore son efficacité dans le cadre de la division, qui associe artillerie, cavalerie et infanterie. Toutefois, le rôle de cette dernière décline à la fin de l'Empire. Elle compte un nombre de plus en plus élevé de jeunes conscrits, insuffisamment instruits et encadrés, et d'unités étrangères à la loyauté douteuse. Peu de modifications interviennent tout au long du XIXe siècle. Cependant, l'infanterie se diversifie cependant avec l'intégration de bataillons de chasseurs à pied, de zouaves, d'une infanterie légère d'Afrique et d'une Légion étrangère.

Déclin et renouveau.

• En 1870-1871, malgré l'adoption du fusil Chassepot qui se charge par la culasse, l'artillerie manque de souplesse ; ses attaques en formations trop denses sont contrecarrées par les troupes allemandes. Il en est de même en 1914-1915. La doctrine de l'offensive à outrance se traduit par des pertes considérables. Toutefois, une mutation se manifeste à partir de 1915 grâce à l'adoption de tenues moins voyantes et d'un armement, de plus en plus diversifié : mitrailleuses, fusils-mitrailleurs, mortiers, canons légers. À la fin du conflit, l'infanterie agit en étroite liaison avec l'artillerie et les chars. Cette doctrine ne subit que peu de changements entre les deux guerres : il en est de même de l'armement à l'exception d'une DCA rudimentaire et de pièces antichars. Cette stagnation est à à l'origine du désastre de 1940 ; l'armée française se heurte en effet à des divisions blindées associant chars et infanterie et agissant en coopération avec l'aviation.

Après 1945, les guerres d'Indochine et d'Algérie sont essentiellement menées par des fantassins au niveau du bataillon ou de la compagnie. En revanche, dans la perspective d'un affrontement Est-Ouest, l'armée française met en place de grandes unités d'infanterie motorisées ou des divisions blindées rassemblant chars et infanterie. La menace nucléaire entraîne encore une large dispersion des unités. La modernisation de l'armée s'accompagne de la création d'unités aéromobiles, dotées d'hélicoptères et du maintien des formations de chasseurs alpins, de parachutistes et de la Légion étrangère. La réorganisation de l'armée, décidée en 1996 (professionnalisation et envoi rapide de forces sur un théâtre éloigné), ne peut que jouer en faveur du développement d'unités d'infanterie légère associées à des éléments blindés et aériens.

Inquisition,

juridiction d'exception chargée de la répression de l'hérésie, et instituée par le pape Grégoire IX en 1231.

Depuis le XIIe siècle, l'Église est confrontée à l'essor de mouvements religieux dissidents (vaudois, cathares). La tolérance des élites religieuses et aristocratiques locales envers les hérétiques est fréquente, et conduit la papauté à juger défaillante la juridiction épiscopale en matière de défense de la foi. En complément de l'action pastorale entreprise par les ordres mendiants, Grégoire IX (1227/1241) institue donc, en 1231, l'Inquisition, qui doit son nom à la procédure inquisitoire qu'elle applique. Il s'agit d'un tribunal ecclésiastique permanent, dont la papauté confie la responsabilité aux dominicains et, plus rarement, aux franciscains. Toutefois, il ne peut fonctionner qu'avec le concours des autorités civiles, qui doivent aider à l'enquête et exécuter les sentences de sang. L'Inquisition cherche avant tout à démanteler les réseaux hérétiques, et à obtenir la rétractation et la conversion des personnes, de manière à assurer leur salut. Dans ce cas, qui reste le plus fréquent, sont infligées des peines pénitentielles ou la prison perpétuelle (le « mur »). Seuls les hérétiques déclarés « relaps » ou « obstinés » sont livrés au bras séculier. L'inquisiteur est aidé dans son action par de nombreux textes pontificaux et, bientôt, par des manuels, dont le plus célèbre demeure le Manuel de l'inquisiteur, rédigé par Bernard Gui en 1324. À l'origine, des enquêteurs sont nommés en terre d'Empire, en Allemagne et dans la province de Besançon. Puis, dès 1233, l'inquisiteur Robert le Bougre officie dans le royaume de France : en Champagne et dans la vallée de la Loire. Entre 1234 et 1237, des tribunaux apparaissent dans le Midi : à Avignon, Montpellier, Toulouse et Carcassonne. Les premiers temps sont souvent difficiles : les enquêteurs se heurtent à l'hostilité des populations et aux réserves des autorités ecclésiastiques locales. Les excès de certains inquisiteurs soulèvent parfois de telles oppositions que d'aucuns sont désavoués, ainsi Robert le Bougre. En outre, dès le début du XIVe siècle, les pouvoirs de l'inquisiteur sont limités par la papauté, et ses attributions, concurrencées par la justice royale. En effet, assimilant l'hérésie au blasphème et au crime de lèse-majesté, les juges royaux prennent progressivement en charge, au cours des XIVe et XVe siècles, la répression de l'hérésie et de la sorcellerie. Au XVIe siècle, les parlements provinciaux et la justice royale s'attribuent ainsi la lutte contre la Réforme. En fait, l'Inquisition n'aura vraiment fonctionné en France qu'entre 1235 et les années 1330.

Institut Pasteur,

établissement scientifique inauguré le 14 novembre 1888.