Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

CGT (Confédération générale du travail), (suite)

Vers de nouvelles scissions.

• Dès octobre 1936, le secrétaire général adjoint, René Belin, lance le journal Syndicats pour endiguer la progression des communistes. La CGT est de plus en plus divisée : les accords de Munich suscitent des débats et l'échec de la grève générale lancée le 30 novembre 1938 aggrave les tensions. Après le pacte germano-soviétique et la dissolution du Parti communiste par le gouvernement Daladier en septembre 1939, de nombreux ex-unitaires sont exclus de la confédération. Celle-ci est dissoute par le régime de Vichy, le 9 novembre 1940, en même temps que les autres syndicats. Durant l'Occupation, alors qu'une minorité des anciens réformistes de la CGT accepte la politique de la Collaboration (René Belin devient ministre du Travail du gouvernement de Vichy), les communistes tentent de regagner le terrain perdu. Le 17 avril 1943, les anciens cégétistes engagés dans la Résistance, réformistes et révolutionnaires confondus, réunifient la confédération (accords du Perreux). Mais, à la Libération, la division de la gauche a une nouvelle fois des conséquences sur l'unité syndicale. Alors que la CGT défend une ligne productiviste entre 1944 et 1947, soutenant l'effort de reconstruction, elle adopte ensuite, dans le contexte de la guerre froide naissante, une politique dure de revendication salariale débouchant sur les grandes grèves de 1947. Cette situation provoque le départ, derrière Léon Jouhaux, d'une minorité anticommuniste (décembre 1947), à l'origine de la création de la CGT-FO en avril 1948.

La CGT incarne désormais un syndicalisme proche du Parti communiste (ses secrétaires généraux successifs, Benoît Frachon, Georges Séguy, Henri Krasucki, Louis Viannet, sont - jusqu'en 1996 - membres de l'appareil dirigeant du PCF). Elle mène des actions revendicatives, et se préoccupe des problèmes de la paix, se démarquant parfois du PCF, comme lors de la guerre d'Algérie, en s'engageant très vite en faveur de l'arrêt des hostilités. Face aux événements de mai 68, la CGT est plus hésitante, même si elle s'engage dans le vaste mouvement de grèves tout en combattant le gauchisme étudiant. Son unité d'action avec la CFDT, scellée en 1966, la sensibilise à des thèmes nouveaux comme la planification démocratique ou le socialisme autogestionnaire. Mais, dans la seconde moitié des années soixante-dix, la désunion syndicale, le chômage, la tertiarisation de l'économie et la désaffection des salariés pour le syndicalisme conduisent à un affaiblissement de la CGT, qui demeure cependant un partenaire important dans le dialogue social.

En 1999 l'arrivée à la tête de la confédération de Bernard Thibault marque un changement. Ce dernier quitte notamment ses fonctions au sein du PCF pour symboliser la nouvelle ligne qui tente de s'engager dans la voie d'un syndicalisme moins contestataire et plus réformiste, ce qui ne va pas sans une certaine opposition interne. Toutefois la CGT, en pointe dans les combats contre la réforme des retraites (2004) et le contrat première embauche, connaît une hausse de ses adhérents et reste encore aujourd'hui le premier syndicat français en terme de voix aux élections prud'homales.

CGTU (Confédération générale du travail-unitaire),

syndicat né d'une scission de la CGT (de 1921 à 1936).

Après le congrès de Tours en décembre 1920, la fondation d'un parti communiste en France (SFIC, mai 1921) et la constitution de l'Internationale syndicale rouge (ISR) à Moscou (juillet 1921) poussent au regroupement les syndicalistes français critiques à l'égard d'une CGT jugée trop réformiste. Exclus de ce syndicat en septembre 1921, ils créent la CGTU, qui tient son premier congrès à Saint-Étienne en juin 1922, et adhèrent à l'ISR. Dès août 1925, la CGTU se rapproche du Parti communiste, sous l'impulsion de Gaston Monmousseau, Julien Racamond et Dudilieux, qui représentent la centrale syndicale au bureau politique du PCF. De 1922 à 1926, la CGTU, implantée dans les grandes entreprises industrielles privées, passe de 371 000 à 475 000 adhérents. C'est à partir de 1927 que des communistes prennent le contrôle de sa direction. Engagée par le PCF dans des « grèves politiques de masse », simple instrument de mobilisation dans les mains du parti, la CGTU entre en crise dès 1928-1929, et le nombre de ses adhérents tombe à 256 000 en 1932. L'année 1934 inaugure un changement complet de la stratégie syndicale communiste : pour faire face à l'extrême droite et réaliser le « Front populaire », le PCF, en juin 1934, souhaite « à tout prix aboutir à l'unité syndicale dans une seule CGT ». Les discussions entre CGT et CGTU, entamées en janvier 1935, aboutissent en mars 1936 au congrès de réunification de Toulouse, où les syndicalistes communistes cèdent, officiellement, aux exigences formulées par Léon Jouhaux et la direction de la CGT.

Chaban-Delmas (Jacques Delmas, dit Jacques),

homme politique (Paris 1915).

Journaliste, puis inspecteur des finances (1943), il prend, pendant la Résistance, le pseudonyme de Chaban, qui reste attaché à son nom. Général de brigade en 1944, élu député de la Gironde en 1946, et maire de Bordeaux à partir de 1947, ce radical rallié au gaullisme est plusieurs fois ministre sous la IVe République (dans les gouvernements Mendès France, Mollet et Gaillard), avant de prendre une part très active dans le retour du général de Gaulle au pouvoir en 1958. Après l'instauration de la Ve République, il devient président de l'Assemblée nationale (1958-1969), puis Premier ministre (1969-1972). Il lance alors un projet réformiste dit « de nouvelle société », et pratique une politique contractuelle avec les syndicats. Malgré le vote de confiance de la Chambre des députés en mai 1972, il doit « démissionner » en juillet, à la demande du président Pompidou, qui, en le remplaçant par Pierre Messmer, entend affirmer la prééminence de la fonction présidentielle. Candidat au premier tour de l'élection présidentielle de 1974, abandonné par une partie de l'UDR emmenée par Jacques Chirac, il n'obtient que 15,1 % des voix. Il préside encore l'Assemblée nationale par deux fois (1978-1981, 1986-1988), tout en restant maire de Bordeaux jusqu'en 1995.