Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
M

Madrid (traité de), (suite)

L'histoire complexe de ces négociations illustre la primauté stratégique accordée à la défense du domaine royal par rapport aux conquêtes « extérieures ». Toutefois, elle constitue aussi un témoignage sur l'ambiguïté du système de valeurs qui régit les actes diplomatiques pris entre l'héritage d'une éthique féodale, fondée sur les relations personnelles, et les modernes rapports de force entre puissances.

magdalénien,

brillante civilisation de la fin du paléolithique supérieur (de 15 000 à 10 000 ans avant notre ère), dont date une grande partie des grottes peintes préhistoriques.

Défini par Lartet lors de la fouille de l'abri éponyme de la Madeleine à Tursac (Dordogne) à partir de 1863, le magdalénien, confiné d'abord au sud-ouest de la France et au nord de l'Espagne, s'étend ensuite à une grande partie de l'Europe occidentale et centrale - du moins dans les zones alors libres de glace. Même si ses débuts restent discutés, le magdalénien semble être une évolution locale du solutréen, qui le précède immédiatement dans sa zone d'origine. On parle d'ailleurs d'un « protomagdalénien » ou « badegoulien » pour cette période intermédiaire. La chronologie interne du magdalénien, découpée en six phases, avait d'abord été définie par l'abbé Breuil, notamment à partir de la forme des sagaies et harpons. Ce système a subi depuis lors divers remaniements, en particulier pour les périodes anciennes. C'est en tout cas à partir de ses périodes moyennes, vers 12 000 ans avant notre ère, que le magdalénien, sans doute par contacts et acculturation, voit sa culture s'étendre vers le Bassin parisien, le Benelux et le Jura, pour atteindre l'Allemagne orientale, la Moravie, la Suisse et l'Autriche. C'est aussi la période la plus brillante, à la fois dans l'outillage en os et en bois de cervidé, mais surtout dans l'art, « mobilier » (outils ornés, plaquettes gravées) et « immobilier », celui des grottes, qui connaît son apogée. Si les grottes de Lascaux ou de Pech-Merle sont en effet un peu plus anciennes, celles de Niaux, Rouffignac, des Trois-Frères, des Combarelles, de Font-de-Gaume ou d'Altamira, parmi les plus remarquables du paléolithique, datent de cette époque, qui est aussi celle où l'homme s'aventure le plus profondément sous la terre.

La vie quotidienne des magdaléniens a été mise en évidence par de nombreuses fouilles, en particulier par celles de Leroi-Gourhan à Pincevent (Seine-et-Marne). En dehors des grottes, ils habitaient des campements de tentes, suivant les mammifères (rennes, chevaux, bisons) dans leurs migrations.

Le magdalénien s'achève avec la fin progressive de la dernière glaciation, pour faire place, avec le mésolithique, à un certain émiettement culturel, où l'art tend à se réduire à un nombre restreint de signes schématiques.

Maginot (ligne),

fortification à la frontière nord-est de la France.

C'est au lendemain de la Première Guerre mondiale que la France victorieuse opte pour une stratégie défensive en décidant de construire un système fortifié destiné à couvrir la frontière nord-est et à assurer « l'intégrité du territoire ». Préconisé par le maréchal Pétain et le général Debeney, et approuvé par l'ensemble de l'opinion, ce projet résulte d'un évident scepticisme quant à un désarmement durable de l'Allemagne, des souvenirs de l'invasion de 1914, ainsi que des conséquences du déficit démographique dû à la guerre. En 1930, après huit années d'études, les crédits sont votés par le ministre de la Guerre André Maginot, qui donne son nom à l'ouvrage.

La construction de la ligne fortifiée s'effectue en deux étapes. De 1930 à 1935, dans les régions de Metz et de la Lauter notamment, sont entrepris de gros ouvrages aux installations souterraines importantes, à l'épreuve des gaz, abritant des casernements et des réserves de vivres, d'eau et de munitions. Ces ouvrages communiquent avec des « blocs actifs » dotés d'armes automatiques, de pièces antichars, de mortiers et de canons de 75 rénovés. Certains s'étonnent cependant de l'absence d'artillerie lourde et de défense anti-aérienne. Mais, à partir de 1935, la plus grande part des crédits militaires est consacrée au développement de l'armée de l'air et des formations blindées. Aussi, la construction du système fortifié se résume-t-elle de plus en plus à des ouvrages beaucoup moins ambitieux : casemates, blockhaus, en particulier en Alsace, le long du Rhin. Édifiés par une main-d'œuvre essentiellement composée de militaires, ces ouvrages finiront par prendre le nom de « fortification camelote ». Leur construction, dans le secteur de Maubeuge ou entre Meuse et Oise, sera poursuivie jusqu'en 1939 et même pendant la « drôle de guerre ».

Depuis 1940, la ligne Maginot n'a cessé d'être critiquée. Par sa logique défensive et par les crédits qu'elle a absorbés, elle apparaît comme une des causes majeures de la défaite. Il y a là une part d'exagération. Certes, l'ensemble n'est pas homogène. En juin 1940, les gros ouvrages résistent aux attaques de l'ennemi. Il n'en est pas de même des casemates construites après 1935. Les Allemands réussiront ainsi à franchir le Rhin, à traverser la plaine d'Alsace et à pénétrer dans les Vosges. En fait, la ligne Maginot a été mal utilisée, au mépris du principe de l'économie des forces. Plus de la moitié de l'armée française est en effet alignée de Longuyon à la frontière suisse. Au lendemain de la rupture de Sedan (mai 1940), le commandement néglige d'utiliser ces troupes dans le cadre d'une puissante contre-attaque sur les arrières des forces allemandes. Erreur d'autant plus lourde que la construction de la ligne Maginot ne pouvait qu'inciter l'adversaire à concentrer ses principales forces au nord du système fortifié.

mai 1839 (journées des 12 et 13),

tentative de soulèvement républicaine.

Les sanglants échecs des insurrections improvisées de juin 1832 et d'avril 1834 conduisent les républicains Auguste Blanqui, Armand Barbès et Martin-Bernard à élaborer une stratégie nouvelle : pour renverser la monarchie de Juillet, ils planifient dans ses moindres détails un coup de force. Ils fondent à cet effet la Société des saisons, groupe clandestin dont les membres - surtout de jeunes artisans et ouvriers parisiens - sont soumis à une discipline rigoureuse et à un entraînement intensif. Les conditions de la prise du pouvoir semblent réunies au printemps 1839 : le régime est fragilisé par une crise ministérielle, et les régiments casernés à Paris n'ont pas l'expérience de la guerre urbaine. Convoqués par leurs chefs au matin du 12 mai, quelques centaines de conjurés se rassemblent. Barbès dirige une colonne armée vers la préfecture de police tandis que Blanqui organise l'assaut de l'Hôtel de Ville. Leur progression est plus lente que prévu ; l'appel à la population de Paris et la proclamation d'un gouvernement provisoire rencontrent peu d'écho. La garde municipale, assistée par l'armée, bouscule les insurgés, qui résistent jusqu'à la nuit autour des rues Saint-Martin et Saint-Denis. Le maréchal Soult forme dès le lendemain un nouveau ministère, tandis que les forces de l'ordre réduisent les ultimes foyers d'agitation. Les combats font au total une centaine de victimes, dont deux tiers parmi les insurgés. Condamnés à mort, Barbès et Blanqui bénéficient d'une commutation de peine et sont enfermés au Mont-Saint-Michel. Après mai 1839, la monarchie de Juillet va connaître près de neuf ans de répit.