Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Congo français, (suite)

L'évolution politique.

• Rallié, sous l'impulsion de Félix Éboué, à la France libre dès août 1940, le Congo devient en 1946 un territoire d'outre-mer, représenté au Parlement par deux députés et deux sénateurs. Le pays se voit attribuer alors une bonne partie des crédits accordés à l'A-ÉF, ce qui permet la réalisation de nombreux équipements. Des rivalités opposent l'indépendant d'outre-mer Félix Tchicaya et le socialiste Jacques Opangault, avant que la vie politique ne soit dominée par la figure de l'abbé Fulbert Youlou, maire de Brazzaville et fondateur de l'Union démocratique de défense des intérêts africains (UDDIA), filiale du Rassemblement démocratique africain (RDA). En application de la loi-cadre de 1956, le territoire est doté d'un exécutif (conseil de gouvernement). Après le référendum de septembre 1958, il devient la République du Congo-Brazzaville, proclamée indépendante le 15 août 1960. L'abbé Fulbert Youlou en est le premier président.

connétable,

grand officier du roi, dont les fonctions, surtout militaires, ont évolué au fil du temps.

À l'époque carolingienne, le connétable est un officier domestique placé sous l'autorité du sénéchal, et en charge des écuries royales, comme l'atteste l'étymologie du mot, comes stabuli (comte de l'étable ou de l'écurie). Il est, en même temps, responsable de la cavalerie. Sous la dynastie capétienne, il devient un officier militaire de tout premier plan. Il hérite d'une partie des fonctions du sénéchal lorsque cet office est supprimé par Philippe Auguste en 1191. En l'absence du roi, il est parfois chargé de la direction de l'armée féodale. Durant la guerre de Cent Ans, son rôle militaire prend plus d'importance encore : il est désormais le véritable chef de l'armée royale en temps de guerre, assisté par les maréchaux de France.

Le choix du connétable revêt toujours une grande importance en raison des responsabilités qu'il exerce. Il reçoit solennellement son épée des mains mêmes du roi qui l'a nommé. Au XIVe siècle, Bertrand du Guesclin et Olivier de Clisson s'illustrent dans cette fonction, qui peut aussi être confiée à de grands princes, tels Jacques de Bourbon, comte de la Marche (1354), Arthur III, comte de Richemont et futur duc de Bretagne (1424), Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol (1465), ou le duc de Bourbon, Charles III (début du XVIe siècle). Le dernier connétable marquant, Anne Ier de Montmorency, occupe cette charge de 1538 à 1567. L'office reste vacant jusqu'en 1594 ; il est finalement supprimé par Richelieu en 1626, après la mort de son dernier titulaire, le duc de Lesdiguières.

conscription,

système de recrutement pour le service militaire obligatoire, établi sous le Directoire par la loi Jourdan-Delbrel (5 septembre 1798), et fondé sur l'appel annuel d'un contingent constitué de tous les jeunes gens atteignant dans l'année l'âge fixé par la loi.

La genèse d'un service militaire obligatoire.

• Menacée de toutes parts, la Ire République a besoin de soldats. Très vite, toutefois, les volontaires ne suffisent plus. Le 23 août 1793 est donc décrétée la « levée en masse ». Si, à des titres divers, tous les Français peuvent être conduits à défendre la patrie, cette décision prévoit une « réquisition » de tous les célibataires et veufs sans enfants, âgés de 18 à 25 ans à cette date : elle permet de mobiliser plus de 800 000 hommes. Mais, l'appel n'étant pas renouvelé les années suivantes, la France ne compte plus que 365 000 soldats environ en 1797, alors que le danger persiste. Le 23 nivôse an VI (12 janvier 1798), au Conseil des Cinq-Cents, le général Jourdan propose un service militaire obligatoire. Son projet s'inspire du modèle de réquisition par classes d'âge de la levée en masse et le rend permanent : en cas de guerre, les jeunes gens âgés de 18 à 24 ans seraient enrôlés jusqu'à la fin du conflit ; en temps de paix, la limite d'âge serait abaissée à 21 ans, et le service durerait de quatre à six ans ; néanmoins, lorsque les besoins militaires seraient plus faibles, les soldats susceptibles de servir seraient désignés par tirage au sort. Cependant, le député du Tarn Delbrel s'insurge contre un tel procédé, qui lui paraît antidémocratique. Il participe alors aux travaux de préparation d'un nouveau projet. Le 19 fructidor an VI (5 septembre 1798), la loi Jourdan-Delbrel institue en France le régime de la conscription : tous les Français âgés de 20 à 25 ans doivent être « inscrits ensemble » (« conscrits ») sur les tableaux de recrutement de l'armée. Les conscrits se répartissent en « classes » selon leur année de naissance. En temps de paix, le service dure cinq ans et ne concerne que les plus jeunes de chaque classe. Les hommes mariés et les inscrits maritimes sont exemptés. Pour lutter contre l'insoumission et la désertion, tous les hommes de 20 à 25 ans doivent porter sur eux un passeport où est mentionnée leur situation militaire. Tout changement de domicile doit être signalé et seuls les conscrits en règle peuvent exercer une fonction publique ou leurs droits de citoyen.

Ce sont les municipalités qui dressent les tableaux de conscription. Mais la première mobilisation ne donne pas les résultats escomptés. Dans la première classe (an VI), 143 000 des 202 000 conscrits sont déclarés aptes par les conseils de révision (constitués de médecins et de pères de famille ayant des fils sous les drapeaux), et ils sont 93 000 à partir réellement. En 1799, malgré certaines protestations, tirage au sort et remplacement sont remis en usage : la loi du 28 germinal an VII (17 avril 1799) permet en effet aux conscrits désignés de présenter des remplaçants âgés de 18 à 20 ans. Les cinq classes de l'an VII fournissent 400 000 soldats. Comme la levée en masse de 1793, la conscription entraîne des soulèvements dans les départements de l'Ouest et ravive l'insurrection contre-révolutionnaire.

L'instrument des conquêtes de Napoléon.

• Sous le Consulat et l'Empire, les dispositions de la loi Jourdan-Delbrel restent la base du recrutement militaire, moyennant quelques adaptations. À partir de 1805, la guerre continentale reprend. L'Empereur augmente le nombre des conscrits et anticipe de plus en plus les levées. La situation s'aggrave avec les pertes énormes de la campagne de Russie en 1812. La conscription est devenue extrêmement impopulaire et, malgré la répression, les insoumis sont nombreux. De 1800 à 1814, Napoléon (surnommé « l'Ogre ») lève environ deux millions d'hommes, ce qui représente environ 36 % des mobilisables et 7 % de la population totale.

La conscription, supprimée en 1814 par la Restauration, est remplacée par un nouveau système de recrutement régi par la loi Gouvion-Saint-Cyr.