Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

cimetière. (suite)

Avec la christianisation, deux faits majeurs vont rapprocher les vivants des morts. D'une part, les premiers chrétiens prennent l'habitude de se faire enterrer dans des basiliques funéraires construites à la périphérie immédiate des villes pour abriter les restes d'un martyr (enterrement ad sanctos), espérant ainsi la protection du saint ; progressivement, ces faubourgs s'urbanisent. D'autre part, avec la multiplication des paroisses, à partir du VIIIe siècle, les nécropoles rustiques dites « en plein champ », situées loin de l'habitat, sont abandonnées au profit de nouveaux cimetières installés au cœur du village.

Durant le haut Moyen Âge, le cimetière est un champ ouvert autour de l'église, sans délimitation ni architecture particulières, puis, à partir du XIIe siècle, il est clos par des murs et une croix est placée en son centre. Les personnages les plus importants se font enterrer dans l'église ; les autres cherchent à l'être le plus près possible du lieu de culte et sont inhumés parfois sous les gouttières (sub stillicidio), afin de bénéficier du bienfait des eaux lustrales qui ont coulé du toit. À partir de l'époque carolingienne, le cimetière devient un lieu consacré et certains individus en sont exclus : juifs, excommuniés, hérétiques, suicidés, enfants morts sans baptême. Le cimetière médiéval est aussi un lieu d'asile et de paix où l'on peut chercher refuge. Il est également un lieu public autour duquel la vie s'organise : promenades, réunions, commerce, justice... prostitution. On sait, par exemple, que, en 1231, le concile de Rouen défend de danser en ces lieux et que, en 1274, le concile de Lyon s'oppose au « commerce des choses vénales sous le portique de l'église ou dans le cimetière... ».

Au siècle des Lumières, on s'indigne de cette promiscuité entre vivants et morts et on prend peur des odeurs pestilentielles. Les morts partent en exil : les sépultures sont remisées aux portes des cités. Le 10 mars 1776, une déclaration royale (imitée dans toute l'Europe) interdit définitivement la sépulture dans l'église et impose donc l'inhumation des morts dans les cimetières. De 1780 à 1782, les grands cimetières parisiens (Les Innocents, Saint-Sulpice, etc.) sont fermés et c'est ainsi que naissent ceux du Montparnasse, de Montmartre et du Père-Lachaise (1804). La loi du 23 prairial an XII (12 juin 1804), complétée par l'ordonnance du 6 décembre 1843, impose, pour des raisons de salubrité, que le cimetière se trouve « hors l'enceinte des villes et des faubourgs ». À partir de cette époque, le cimetière n'est plus religieux mais laïque, placé sous l'autorité de la commune. Désormais, tout le monde peut y être enterré. Aujourd'hui, le manque de place dans les grandes agglomérations et la déchristianisation provoquent d'autres changements. Dans les banlieues se créent de nouveaux cimetières dans les quelques espaces encore libres : cimetières-parcs, comme celui de Clamart, réalisé par l'architecte Robert Auzelle ; enfeus (cimetière de Montfort-l'Amaury) ; ensemble de niches superposées où l'on aligne les cercueils ; construction de tours-cimetières (Marseille et Nantes) ; columbariums (la crémation est autorisée en France depuis 1887 et par l'Église catholique depuis 1964).

Quelles que soient sa forme et sa place, le cimetière reste un lieu de mémoire, un espace des morts pour le pèlerinage périodique des vivants.

Cinq-Cents (Conseil des),

assemblée de cinq cents députés qui forme, avec le Conseil des Anciens, le Corps législatif établi par la Constitution de l'an III (22 août 1795).

Devant être domiciliés depuis dix ans sur le territoire de la République, élus pour trois ans au suffrage censitaire et renouvelables par tiers chaque année, les Cinq-Cents se différencient d'abord des Anciens par leur âge : 30 ans au moins à partir de l'an VII (1799), 25 ans jusque-là. À la sagesse de l'âge mûr exigée des Anciens, on oppose en effet la « débilité de la vieillesse » (Creuzé-Latouche) qui ne doit pas accabler les Cinq-Cents. En outre, si l'obligation du mariage est initialement établie pour les membres des deux assemblées, puisque « l'amour de la patrie demande l'amour d'une femme », cette disposition est finalement rejetée en seconde lecture pour les Cinq-Cents, afin de permettre aux militaires de siéger.

La Constitution de l'an III instaure pour la première fois le partage du pouvoir législatif entre deux chambres, les Cinq-Cents ayant l'initiative des lois mais ne votant les projets qu'une fois ceux-ci approuvés par les Anciens. Au cours du débat constitutionnel, certains députés proposent, afin que le nom des assemblées désigne clairement ces fonctions, de les appeler « Chambre de proposition » et « Chambre d'acceptation » (Hardy). À ceux qui, au contraire, veulent marquer l'unité de la représentation nationale et souhaitent que les élus exercent indifféremment leur mandat dans l'une ou l'autre des assemblées, on oppose le principe de partage du législatif en deux fonctions et deux mandats « pour éviter le despotisme » (Savary) ou, encore, par crainte qu'une « Chambre unique excite l'insurrection » (Girod-Pouzol). Le contrôle de l'action des représentants passe donc par cette séparation en deux assemblées, mais aussi par la volonté d'imposer de la lenteur dans les délibérations : c'est pourquoi les Anciens disposent d'un droit de veto et les Cinq-Cents doivent procéder à trois lectures, à dix jours d'intervalle, pour voter un projet de loi (sauf procédure d'urgence). Les coups d'État directoriaux des 18 fructidor an V (4 septembre 1797) et 22 floréal an VI (11 mai 1798), qui, pour le premier, casse l'élection de 177 députés royalistes et, pour le second, celle de 106 jacobins, marquent cet affaiblissement du législatif et la montée en puissance de l'exécutif. Malgré leur tentative de résistance, les Cinq-Cents ne parviennent pas à s'opposer au coup d'État des 18 et 19 brumaire an VIII, qui met fin à leur existence institutionnelle.

Cinq-Mars (Henri Coeffier de Ruzé d'Effiat, marquis de),

favori de Louis XIII et chef de la dernière conspiration ourdie contre Richelieu (1620 - Lyon 1642).