Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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François Ier. (suite)

En avril 1500, Louis XII rédige une déclaration secrète selon laquelle sa fille Claude de France ne pourra jamais épouser que l'héritier de la couronne, mais il n'en promet pas moins, dès l'année suivante, de la marier à Charles de Habsbourg. Pourtant, en 1501, François est présenté officiellement à la cour comme l'héritier du trône. Toutefois, après une grave maladie, Louis XII réunit, en avril 1506, une assemblée de notables qui l'autorise à ne pas respecter sa parole et conclure au plus vite le mariage de Claude et de François. Il accède à cette requête le 21 mai 1506 (les noces n'étant célébrées qu'en 1514). À partir d'août 1508, l'héritier présomptif réside de façon permanente à la cour, où, en 1512, il est admis au Conseil royal et appelé « Monsieur le dauphin ». La mort rapide de Louis XII lui permet enfin de monter sur le trône, le 1er janvier 1515 : la date est perçue comme hautement symbolique du renouveau possible du royaume sous l'égide d'un jeune souverain, mais certains y voient aussi la marque du destin singulier du nouveau roi, puisqu'elle coïncide avec l'anniversaire de la mort de son propre père.

Le roi-chevalier (1515-1519)

Le nouveau roi s'assure de la bonne marche des affaires courantes, et récompense ses anciens compagnons, conjuguant ainsi la nécessaire continuité de l'administration et une certaine forme de redistribution clanique ou féodale. Il confirme dans leurs fonctions les principaux chefs militaires et les grands officiers de la couronne, mais place également à des postes essentiels certains de ses fidèles (Antoine Duprat est nommé chancelier, Charles de Bourbon est fait connétable, Lautrec et La Palice sont élevés au rang de maréchal), et distribue fiefs ou bénéfices aux membres de sa famille ou à leurs proches. Ensuite, il presse les préparatifs de guerre et nomme sa mère régente, ayant décidé de prendre lui-même la tête de l'armée qui va passer les monts pour reconquérir le Milanais, perdu en 1513. En effet, la Lombardie est devenue le centre de gravité de la politique étrangère française.

Au début du mois d'août 1515, le roi franchit les Alpes par surprise, au col de Larche. Il engage alors des négociations avec les Suisses, et ce n'est qu'à la suite de malentendus et de divisions parmi ses ennemis qu'il livre bataille : Marignan, emblématique de la geste guerrière du roi-chevalier, François a tout fait pour l'éviter. Pendant deux jours, les 13 et 14 septembre, le combat, longtemps incertain, est féroce. Les conséquences immédiates du succès sont très importantes : le Milanais est reconquis, et le roi de France est craint dans toute la Péninsule, voire dans le reste de l'Europe. Les poètes courtisans répandent l'éloge du « nouvel Hannibal », fier et humble guerrier dont la légende dit qu'il a tenu à se faire armer chevalier sur le champ de bataille par le preux Bayard. Par ailleurs, au mois de décembre 1515, le pape Léon X et François Ier se rencontrent à Bologne : outre un traité d'alliance, ils négocient un nouveau concordat, acte fondamental qui abroge la pragmatique sanction de Bourges et va régir les relations de la couronne avec Rome jusqu'à la Révolution, au grand dam des partisans des libertés gallicanes. De ce succès personnel, aussi rapide qu'éclatant, il est toutefois bien difficile de faire la marque du règne : l'événement ne se répétera pas, et, bien au contraire, quand le souverain reprendra en personne la tête de son armée, cela conduira, dix ans plus tard, au désastre de Pavie.

Après son retour en France le 8 janvier 1516, le roi semble dans les années qui suivent au sommet d'une gloire toute fraîche : après la conclusion, de la paix de Noyon, le 13 août 1516, avec Charles de Habsbourg - le successeur de Ferdinand le Catholique -, le concordat est signé le 16 août ; pour leur part, les Suisses acceptent une « paix perpétuelle », le 29 novembre ; l'alliance franco-anglaise est renforcée, et une ligue franco-italienne, mise en place ; enfin, au traité de Cambrai, le 11 mars 1517, l'empereur Maximilien, le Roi Catholique Charles et le Roi Très-Chrétien François reconnaissent leurs possessions respectives et promettent de s'unir dans une future croisade contre les Turcs.

François parcourt la France, du printemps 1517 à novembre 1518, en une succession d'entrées triomphales dans les « bonnes villes », de fêtes somptueuses, de chasses, joutes ou tournois. En outre, le pays est encore économiquement prospère, et, après deux filles, Claude donne naissance à deux fils : le dauphin, prénommé François, le 28 février 1518, et, l'année suivante, Henri. L'avenir des Valois semble ainsi assuré. Le célèbre camp du Drap d'or, où François 1er rencontre le roi d'Angleterre Henri VIII en juin 1520, est à la fois la plus magnifique et l'ultime démonstration de cette confiance inébranlable du roi et de ses proches dans la force de la nouvelle dynastie. Mais l'alliance anglo-impériale, bientôt contractée, manifeste les limites politiques et les ambiguïtés de ces entrevues somptuaires sans grandes conséquences.

Le temps des défaites : le rival malheureux de Charles Quint (1519-1529)

Cependant, François va connaître son premier échec cuisant dans l'affaire de l'élection à l'Empire. Après la mort de Maximilien, Charles de Habsbourg, déjà roi d'Espagne et gouverneur des Pays-Bas, hérite de toutes les possessions familiales des Habsbourg en Autriche et en Allemagne, et aspire à succéder à son grand-père dans la dignité impériale. François considère, quant à lui, qu'il faut restaurer le véritable caractère électif de cette dignité et, surtout, éviter un encerclement complet du royaume, ce qui sera désormais l'obsession de la politique étrangère française et la raison première de la longue rivalité entre les rois de France et les Habsbourg. Pourtant, malgré ses promesses et l'argent dépensé sans compter, François Ier ne peut empêcher la victoire de Charles en juin 1519.

Suivent alors les années de désillusions et de défaites. La France est bientôt menacée sur sa frontière du Nord, et seule la longue résistance de Mézières, assiégée par les troupes impériales en septembre 1521, permet de bloquer l'avance ennemie. Mais, dès le printemps 1522, les Français sont chassés du Milanais.