Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
M

Marie (André), (suite)

Avocat de profession, André Marie est élu député radical à l'âge de 31 ans, avant d'être nommé sous-secrétaire d'État à la présidence du Conseil pour les affaires d'Alsace-Lorraine (1933), puis aux Affaires étrangères (1934) et, enfin, représentant de la France à la Société des nations. Résistant, déporté à Buchenwald en 1943, il retrouve en 1945 ses fonctions parlementaires et sera constamment réélu sous la IVe République. Il est brièvement ministre de la Justice du 22 janvier 1947 au 25 juillet 1948, au moment des derniers procès en Haute Cour des collaborateurs. Après la démission de Robert Schuman (le 19 juillet 1948), il est le premier radical à être nommé président du Conseil sous la IVe République. Dans le contexte de la rupture du tripartisme (les communistes ont quitté le gouvernement Ramadier en mai 1947) et de la mise en place de la « troisième force » alliant la SFIO, le Parti radical, le MRP et la droite modérée, André Marie forme un cabinet de coalition. Mais ce gouvernement, qu'il place pourtant « sous le double signe de la durée et de l'action », échouera, victime de ses contradictions - notamment entre le socialiste Léon Blum (vice-président) et le libéral Paul Reynaud (aux Finances). Contraint de démissionner le 27 août 1948, André Marie devient, dans le gouvernement Schuman qui lui succède, vice-président du Conseil, bientôt chargé du ministère de la Justice (11 septembre 1948-13 février 1949), où il refuse de poursuivre les communistes lors des grèves des mineurs en 1948. Ministre de l'Éducation nationale d'août 1951 à juin 1954, il parvient à faire voter les lois d'aide à l'enseignement privé (1951).

Marie-Antoinette,

dauphine de 1770 à 1774, puis reine de France de 1774 à 1792 (Vienne 1755 - Paris 1793).

Archiduchesse d'Autriche, fille de l'impératrice Marie-Thérèse et de François Ier de Lorraine, Marie-Antoinette n'a pas encore 15 ans lorsqu'elle épouse le dauphin, petit-fils de Louis XV, le 16 mai 1770. Sensible, très attachée à sa famille, elle a pour elle le charme et la beauté, ainsi qu'un irrésistible désir de plaire et d'être aimée. Quatre ans plus tard, à la mort de Louis XV, le dauphin devient roi sous le nom de Louis XVI. L'avènement de ce jeune couple est salué comme la promesse d'un âge d'or.

Une reine séduisante mais vite impopulaire.

• On attend de cette princesse, dont le rôle est purement représentatif, qu'elle soit une mère capable d'assurer la postérité de la dynastie, qu'elle se soumette à toutes les obligations protocolaires de sa fonction, et qu'elle demeure tout naturellement le gage de l'alliance conclue entre les Bourbons et les Habsbourg.

Son expérience conjugale se révèle rapidement désastreuse : Louis XVI mettra sept ans à consommer son mariage ! Aussi Marie-Antoinette se lance-t-elle dans une vie de plaisirs effrénée. Revendiquant le droit pour une reine de mener une vie privée, elle se réfugie dans ses petits appartements, qu'elle ne cessera de réaménager jusqu'en 1789, et fait des séjours de plus en plus fréquents au domaine du Trianon, offert par son mari. En compagnie de quelques amis choisis selon son cœur, abolissant les pesanteurs du protocole, elle se conduit comme une princesse sans royaume. Marie-Antoinette apparaît comme jadis ces maîtresses royales qui dilapidaient des fortunes en parures et en caprices divers, avaient leur coterie et faisaient nommer leurs amis aux plus hautes fonctions.

Les premiers pamphlets la dénoncent comme une femme frivole, dépensière et infidèle. Cette réputation ne fera qu'empirer au cours des années, les textes et les caricatures finissant par devenir franchement pornographiques. En décembre 1778, la reine met au monde une fille. Elle aura un premier fils en 1781 (porteur des espoirs de la dynastie, il meurt en 1789), un second en 1785 (le futur Louis XVII), et une fille en 1786, qui ne vivra que quelques mois. C'est l'époque où elle entretient une liaison discrète et compliquée avec un bel officier suédois, le comte Axel de Fersen. Le sombre portrait de Marie-Antoinette est définitivement fixé en 1785-1786, lors de la scandaleuse affaire du Collier : berné par une intrigante, un prince - ecclésiastique, de surcroît - appartenant à l'une des plus puissantes maisons de France croit obtenir de la reine des rendez-vous secrets et lui acheter un fabuleux collier à l'insu du roi.

« L'Autrichienne ».

• On a peine à imaginer que, dans ces conditions, cette princesse ait pu exercer un rôle politique. Conclue entre deux États longtemps ennemis, l'alliance à laquelle elle sert de caution est impopulaire. Aussi, le surnom d'« Autrichienne » lui est-il donné à la cour, dès son arrivée en France. Tout juste déplaisant au début, il se charge de connotations de plus en plus négatives, celle qui le porte devenant, dans l'imaginaire collectif, le symbole de tous les maux. Manipulée par sa famille, Marie-Antoinette multiplie ostensiblement les démarches intempestives auprès du roi et des ministres. Ses interventions brouillonnes, restées sans effet jusqu'à la mort de Vergennes (1787), ne contribuent qu'à la discréditer davantage. Son influence est également limitée sur le plan intérieur jusqu'en 1787. Mais la reine s'immisce ensuite davantage dans les affaires ; elle obtient, par exemple, le départ de Calonne, impose Loménie de Brienne, avant de jouer un rôle dans le rappel de Necker.

Dès le mois de mai 1789, Marie-Antoinette pousse Louis XVI à refuser tout compromis avec les députés. Très vite, elle préconise l'épreuve de force : renvoyer manu militari l'Assemblée qui veut donner une Constitution à la France. Elle multiplie les provocations et incite son mari à rassembler des troupes. La riposte populaire ne se fait pas attendre : la marche sur Versailles, le 5 octobre, impose à la famille royale de s'installer à Paris dans des conditions dramatiques. Louis XVI et Marie-Antoinette feignent alors de jouer la carte de la révolution modérée, mais informent secrètement les souverains étrangers qu'ils sont en réalité prisonniers et qu'aucun acte contresigné par Louis XVI ne doit être pris au sérieux. Activement secondée par le très réactionnaire comte de Fersen, la reine supplie ses frères (l'empereur germanique Joseph II meurt en 1790, Léopold II lui succède) de lui venir en aide. Au moment où la Constitution, symbole de la victoire révolutionnaire, est sur le point d'être achevée, la reine, qui sous-estime les risques de guerre civile, presse son époux de quitter Paris. Elle souhaite le voir rallier des troupes fidèles qui lui permettront de reconquérir son royaume et de restaurer son pouvoir. L'équipée s'achève à Varennes, le 22 juin 1791.