Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Chirac (Jacques), (suite)

La dernière ligne droite.

• Il montrera, pourtant, une indéniable capacité de rebond. D'abord, en conservant - malgré les frondes successives des « rénovateurs » en 1989, de Charles Pasqua et de Philippe Séguin à partir de l'année suivante - le contrôle de son parti ; ensuite, en faisant de celui-ci l'instrument de la confortable victoire aux élections législatives de 1993. Au lendemain de cette dernière, la plupart des observateurs prédisent à Jacques Chirac un succès à la présidentielle de 1995. Un parcours politique de trente ans semble enfin toucher au but. Mais c'est alors qu'un « ami de trente ans » va peut-être anéantir les espoirs du chef de file du RPR. Édouard Balladur, en effet, nommé Premier ministre après la victoire aux législatives, acquiert rapidement une forte popularité dans les sondages, au point d'apparaître bientôt comme le probable vainqueur à la prochaine élection présidentielle. À nouveau, Jacques Chirac semble échouer près du but. Avec, il est vrai, une mue qui s'opère alors en profondeur, et sera vraisemblablement décisive lors de l'affrontement final : l'homme qui, à tort ou à raison, apparaissait jusqu'alors à nombre de ses concitoyens comme un haut fonctionnaire autoritaire et un politicien prompt à la manœuvre gagne, durant ces années de relatif isolement, en densité humaine.

La suite est connue. Resté loin derrière dans les sondages, il annonce sa candidature en novembre 1994, sans susciter, dans un premier temps, de mouvement de fond. Plaçant sa campagne sous le signe de « l'autre politique », stigmatisant « la pensée unique », dénonçant le risque de « fracture sociale », appelant à renouer « le pacte républicain », il multiplie les promesses - que ses adversaires jugeront inconsidérées ou contradictoires -, et parvient, deux mois avant le premier tour, à inverser la tendance des sondages. Et c'est lui qui, finalement, figure devant Édouard Balladur au soir du premier tour, les deux hommes obtenant respectivement 20,84 % et 18,58 % des suffrages exprimés. Quinze jours plus tard, le 7 mai, il devance Lionel Jospin de plus de 1,5 million de voix, rassemblant sur son nom 52,64 % des suffrages. Le gaullisme, vingt et un ans après l'échec de Jacques Chaban-Delmas en 1974, retrouve le chemin de l'Élysée.

Son septennat est marqué en 1997 par une dissolution malheureuse de l'Assemblée nationale qui voit la victoire de la « gauche plurielle » et l'arrivée à Matignon du socialiste Lionel Jospin.

Cette cohabitation contraint le président à un rôle d'opposant, faisant entendre sa différence sur les grands chantiers de la gauche, telles que les trente-cinq heures. Une telle opposition s'achève lors de l'élection présidentielle de 2002 par la défaite de Lionel Jospin, dès le premier tour. Au second tour, Jacques Chirac, qui a mené une campagne sur le thème de la sécurité, devance avec 82,21% le candidat de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen.

chocolat.

Dans le panthéon mythologique des civilisations maya, puis aztèque, où a fleuri « l'arbre à cabosses » (le cacaoyer), le chocolat est un nectar précieux, le breuvage des dieux.

Les conquistadors espagnols le rapportent en Europe au XVIe siècle, mais sa saveur, à la fois amère et épicée, ne séduit guère dans un premier temps. Le succès viendra de son mélange avec une autre denrée coloniale : le sucre de canne. Sucré (et vanillé), le chocolat devient peu à peu une boisson courante en Espagne.

Ce sont les reines d'origine espagnole qui en introduisent la mode en France : Anne d'Autriche, épouse de Louis XIII, puis, surtout, Marie-Thérèse. Le mariage de cette dernière avec Louis XIV (1660), prévu par le traité des Pyrénées, illustre la « diplomatie du chocolat » qui réconcilie la France et l'Espagne. Le mot « chocolat » apparaît en 1680 dans le dictionnaire de Richelet, mais la consommation reste alors limitée. À la cour, dans les cercles aristocratiques, on hésite encore, ainsi que l'illustre l'attitude changeante de Mme de Sévigné à l'égard du breuvage. Car, de ses origines fabuleuses, le « nectar des dieux » conserve un halo de mystère quant à ses vertus réelles ou supposées. Médecins, botanistes, mais aussi religieux, discutent de sa valeur nutritive (en boire rompt-il le jeûne pascal ?), de ses qualités médicinales (est-ce un remède antivénérien ?), et de ses effets aphrodisiaques.

Le produit s'impose sous la Régence, car il a la faveur du prince, qui en consomme chaque jour : « aller au chocolat », c'est assister à son lever, et être bien vu du Régent. La chocolatière, avec son moulinet destiné à faire mousser la préparation, devient un objet à la mode dans les salons, et l'on voit s'ouvrir à Paris des lieux de consommation spécialisés où l'on peut déguster chocolat et café. Pour les élites aristocratiques qui le consomment au XVIIIe siècle, le goût du chocolat est associé à une atmosphère sensuelle et libertine. Sade et Casanova en font souvent un prétexte à scènes galantes. Malgré l'essor des importations, le cacao demeure un produit exotique de luxe. En 1789, les Parisiens n'en consomment que 125 tonnes par an, soit 200 grammes par personne. Grâce à l'invention du chocolat en poudre en 1828, puis de la tablette à croquer en 1847, la consommation, plus populaire et gagnant les enfants, ne cesse de croître au XIXe siècle, ainsi que l'atteste le succès de la firme française Meunier.

Choiseul (Étienne François, duc de),

homme politique (Nancy 1719 - Paris 1785).

Sous le nom de comte de Stainville, Choiseul mène une brillante carrière militaire - il est lieutenant général des armées du roi en 1759 avant de devenir diplomate, comme son père. Ambassadeur du roi auprès du Saint-Siège (1753-1757), puis à Vienne (1757), fait duc de Choiseul en 1758, il est nommé la même année secrétaire d'État aux Affaires étrangères, grâce à la protection de Mme de Pompadour. Il obtient ensuite le portefeuille de la Guerre (1761-1770), celui de la Marine (1761-1766), puis à nouveau les Affaires étrangères (1766-1770). Cumulant les charges, Choiseul a été également gouverneur du pays de Vosges, puis de Touraine, et surintendant des courriers, postes et relais de France. Mais, après la mort de sa protectrice en 1764, Choiseul, en butte à l'hostilité de Mme du Barry, est disgracié en 1770, ainsi que son cousin César Gabriel de Choiseul, duc de Praslin, secrétaire d'État de la Marine (1766-1770).