Comédie-Française, (suite)
...à la politique des administrateurs.
• Pourtant, les dangers qui menacent cette société théâtrale viennent moins de l'extérieur que de l'intérieur, en particulier des rivalités entre comédiens et des congés que s'accordent les plus en vue pour monnayer leur talent sur les scènes du boulevard. Afin de la stabiliser, Louis Napoléon institue par décret le poste d'administrateur (27 avril 1850). Nommé par le ministre de l'Intérieur (manière de rappeler le poids de la tutelle), venant de l'extérieur ou promu du sérail, s'appuyant sur le conseil d'administration de six sociétaires élus, il dispose de l'autorité nécessaire à l'élaboration d'une véritable politique de recrutement de nouveaux pensionnaires (étape obligée avant l'accession au sociétariat) et d'ouverture du répertoire (grâce au comité de lecture). Ainsi, d'Arsène Houssaye à Marcel Bozonnet, la Comédie-Française, sans renier son rôle de conservateur du patrimoine dramatique (qu'elle assume également par ses tournées régulières à l'étranger), s'est-elle ouverte aux œuvres de son temps et aux mises en scène les plus modernes. Et, transformée depuis le décret du 5 mars 1995 en établissement public national à caractère industriel et commercial, elle peut désormais s'associer et exploiter ses diverses activités (location de costumes, enregistrements de spectacles, etc.) de manière à grossir des fonds qui, quelle que soit la hauteur de la subvention de l'État-mécène, s'avèrent toujours insuffisants pour que la « maison de Molière » demeure fidèle à la mission que lui assignait Louis XIV : « Rendre les comédies [i.e. les spectacles] plus parfaites par le moyen des acteurs et des actrices. »