Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Comité français de libération nationale (CFLN),

comité fondé à Alger, le 3 juin 1943, par la fusion de l'administration giraudiste, mise en place après le débarquement allié en Afrique du Nord, et de la France libre.

L'unification de la Résistance extérieure repose sur un compromis : de Gaulle et Giraud se partagent la coprésidence et leurs forces armées ne sont pas regroupées. Très vite, de Gaulle parvient à imposer son autorité. Dès le mois d'août 1943, Giraud doit se contenter de l'autorité militaire unifiée et, en novembre, il abandonne la coprésidence. Le CFLN assure le triomphe des conceptions gaulliennes. Bien que ne possédant pas le statut de gouvernement provisoire, il se comporte comme tel et prépare la prise du pouvoir pour l'heure de la libération tout en réfléchissant à l'avenir du pays. Par le contrôle de l'empire et l'envoi, sous les ordres de Juin, d'un corps expéditionnaire en Italie, il encourage la renaissance de l'État et de l'armée, et permet la réunion, en novembre 1943, d'une Assemblée consultative provisoire. Le CFLN renforce l'autorité de de Gaulle sur la Résistance, réunissant autour de celui-ci un large éventail politique allant de la droite libérale au Parti communiste : Queuille, Monnet, Mendès France, Grenier. Pourtant, les Américains refusent de reconnaître la légitimité du Comité et se préparent à placer la France sous administration militaire. Aussi, le 3 juin 1944, le CFLN se transforme-t-il en un Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), qui prend le pouvoir à l'été 1944 et se maintient jusqu'à l'instauration de la IVe République.

Comité de salut public,

organe créé par la Convention nationale les 5 et 6 avril 1793.

Après la chute du roi (10 août 1792), l'exécutif est assuré par un Conseil provisoire formé de ministres nommés par la Convention hors de son sein. En outre, le 1er janvier 1793, cette dernière institue un Comité de défense générale, composé de députés. La France est alors en guerre contre la plupart des États européens, et ses revers militaires s'aggravent ; ni le Conseil exécutif provisoire ni le Comité de défense générale, tous deux dominés par les girondins, ne parviennent à redresser la situation. L'insurrection vendéenne, les défaites militaires en Hollande et en Belgique, la trahison de Dumouriez le 5 avril 1793, poussent la Convention à remplacer le Comité de défense générale par une nouvelle instance : le Comité de salut public. « C'est par la violence qu'on doit établir la liberté, et le moment est venu d'organiser momentanément le despotisme de la liberté, pour écraser le despotisme des rois », assure Marat à la Convention, en réponse aux girondins qui s'opposent, en vain, à la création d'une telle institution.

Le Comité de salut public est formé de neuf députés élus par la Convention, et renouvelables tous les mois. Il est autorisé à surveiller l'action du Conseil exécutif provisoire, qui doit appliquer « sans délai » ses arrêtés. Barère, Cambon, Danton, font partie des premiers élus, qui se réunissent deux fois par jour au Pavillon de flore du Louvre.

Le Grand Comité

• . Plusieurs fois réorganisé et remanié (Saint-Just et Couthon y entrent le 30 mai 1793), divisé en six sections après la chute des girondins (2 juin 1793), le Comité ne parvient pas pour autant à faire face aux crises militaire - invasion étrangère -, politique - mouvement fédéraliste -, économique et sociale - dépréciation de l'assignat, crise des subsistances - de l'été 1793. Aussi, la Convention décide-t-elle de le renouveler : l'éviction de Danton, le 10 juillet, marque le début de la formation du Grand Comité de l'an II. Saint-Just, Couthon, Barère, Jeanbon Saint-André, Hérault de Séchelles, Prieur de la Marne et Lindet y sont élus dès le 10 juillet, puis Robespierre le 27 juillet, Carnot et Prieur de la Côte-d'Or le 14 août, Billaud-Varenne et Collot d'Herbois le 6 septembre. Ces douze hommes théorisent et organisent le système de l'an II. Le 10 octobre 1793, la Convention décrète, en effet, que le gouvernement est « révolutionnaire jusqu'à la paix », et renforce les pouvoirs du Comité, qui coordonne la politique révolutionnaire. Le décret du 14 frimaire an II (4 décembre 1793) précise le fonctionnement du gouvernement révolutionnaire : contrairement à ce qui est parfois affirmé, ce n'est pas le Comité de salut public qui détient le pouvoir, mais - selon le principe de la « centralité législative » (Billaud-Varenne) - la Convention, « centre unique de l'impulsion du gouvernement », à laquelle les membres du Comité, personnellement responsables, doivent rendre des comptes tous les mois. Le Comité n'est donc pas un organe de gouvernement indépendant de la Convention, mais son champ de compétences n'en est pas moins très large : guerre, diplomatie, contrôle des représentants en mission, des ministres, des généraux, des autorités constituées. Pièce maîtresse du gouvernement révolutionnaire, il joue un rôle fondamental en l'an II. Après le 9 Thermidor, toutefois, ses attributions sont restreintes : il conserve la guerre et la diplomatie, mais la « surveillance des administrations civiles » est confiée au Comité de législation. Cependant, ses fonctions et son prestige restent importants, et ses membres, renouvelables désormais par quart tous les mois, comptent des députés de renom, tels Boissy d'Anglas, Cambacérès ou Sieyès, jusqu'à sa dissolution, qui intervient le même jour que celle de la Convention, le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795).

Comité de sûreté générale,

organe de la Convention chargé de la « police politique » de 1792 à 1795. Appelé de « sûreté générale » après le 10 août 1792, il est institué définitivement par une loi d'octobre 1792 et succède en fait au Comité de surveillance créé par l'Assemblée législative le 25 novembre 1791 et destiné à contrer les tentatives contre-révolutionnaires.

Organisation et attributions du Comité.

•  Le Comité de sûreté générale est composé de députés qui, sous le gouvernement révolutionnaire, sont, comme les membres du Comité de salut public, élus (ou réélus) tous les mois par la Convention, devant laquelle ils sont responsables. D'octobre 1792 à octobre 1795, leur nombre varie de 30 à 12. Majoritairement montagnards en 1792, puis girondins en janvier 1793, ils sont pendant l'an II tous montagnards : figurent alors parmi eux Amar, le peintre David, Lebas, Rühl, Vadier, etc.