Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Mérovingiens (suite)

Bilan

Les sources de l'époque, toutes contrôlées par le nouveau pouvoir, ne laissent rien paraître d'une éventuelle résistance d'un parti légitimiste ; elles révèlent même un acharnement à caricaturer les Mérovingiens. Mais on n'aurait garde d'oublier que Pépin III lui-même fit insérer un éloge de Clovis dans le nouveau prologue de la loi salique, révisée sur son ordre, que son fils Charlemagne donna le nom de Clovis, devenu en français Louis, à l'un de ses fils, et que celui-ci donna le même nom de Louis et celui de (C)lothaire à deux de ses héritiers royaux.

L'histoire ne saurait donc retenir d'une tradition qui remonte aux usurpateurs carolingiens une image par trop dénaturée de leurs prédécesseurs mérovingiens. Clovis et ses successeurs ont réalisé l'unité politique de la Gaule et d'une partie importante de la Germanie : pour la première fois, cette dernière était contrôlée par un pouvoir installé à l'ouest du Rhin. Ils ont fortement contribué au brassage des élites de ce vaste espace, favorisant ainsi son homogénéisation, non seulement politique, mais aussi sociale et culturelle. Enfin, aussi bien de leur propre initiative que grâce au concours des aristocraties et à l'impulsion du mouvement monastique (considérable tout au long du VIIe siècle), ils ont contribué à l'enracinement du christianisme en Gaule.

Merrheim (Alphonse Adolphe),

syndicaliste (La Madeleine, Nord, 1871 - ? 1925).

Issu d'une famille ouvrière, Merrheim quitte l'école à l'âge de 10 ans pour travailler dans une savonnerie. Après une brève adhésion au Parti ouvrier français, il crée le syndicat professionnel de la chaudronnerie, dont il est le secrétaire (1893-1904), avant de diriger la fédération CGT du cuivre à Paris, en 1904. Délégué aux grèves par la CGT (1905-1907), artisan de l'unification des syndicats de la métallurgie (1909), il se lie d'amitié avec Victor Griffuelhes et Pierre Monatte. Dès septembre 1914, il critique le ralliement de la CGT à l'« union sacrée ». Minoritaire au sein du comité confédéral, il anime le premier meeting opposé à la guerre (Lyon, 1er mai 1915), et expose ses thèses dans le journal l'Union des métaux. Délégué à la conférence internationale de Zimmerwald en septembre 1915, il condamne la poursuite d'une guerre de conquête, tout en s'opposant aux thèses de Lénine. Ne pouvant se rendre à la conférence de Kienthal (1916), il s'éloigne de la minorité de la CGT et devient un partisan du wilsonisme. Hostile aux bolcheviks et à la révolution russe, il se rapproche de la majorité de la CGT en décembre 1917. À partir de 1923, la maladie le contraint à abandonner son activité militante. Dirigeant syndical de premier plan, Merrheim est en 1915-1916 le symbole de l'opposition à la guerre au sein du mouvement ouvrier français.

Mers el-Kébir,

port d'Algérie, sur la baie d'Oran, où s'est déroulé le 3 juillet 1940 un affrontement entre navires britanniques et français consacrant la rupture entre les deux pays.

Conformément à l'armistice franco-allemand, la flotte française doit rejoindre ses ports d'attache, être en partie désarmée, mais ne saurait être utilisée par les vainqueurs, « sauf les unités nécessaires à la surveillance des côtes et au dragage des mines ». La Grande-Bretagne, sachant ce que vaut la parole d'Hitler, monte l'opération « Catapult » pour rallier ou neutraliser le plus de bâtiments possible : dans ses ports, par exemple à Alexandrie, c'est assez facile ; mais, en baie de Mers el-Kébir, c'est le drame. L'amiral français Gensoul ne transmet pas à l'amirauté la proposition britannique de conduire les navires aux Antilles, hors de portée de l'Allemagne. L'ultimatum de l'amiral Somerville est donc délibérément tronqué, et réduit au choix suivant : rejoindre la Royal Navy, gagner un port anglais, ou se saborder. Il est repoussé. Les Britanniques ouvrent alors le feu, et plus de 1 300 marins français sont tués. Le gouvernement de Vichy rompt ses relations avec Londres, et sa propagande amplifie l'anglophobie suscitée par l'événement, qu'on associe au supplice de Jeanne d'Arc, à la perte du Canada, ou à l'évacuation de Dunkerque. Le drame constitue un coup sévère pour la France libre, et n'est pas étranger à l'échec essuyé par le général de Gaulle dans sa tentative de rallier Dakar, en septembre 1940.

Merveilles (Vallée des),

vallée alpine située à 2 000 mètres d'altitude, sur la commune de Tende (Alpes-Maritimes), et qui a livré plusieurs dizaines de milliers de gravures rupestres, datant principalement de l'âge du bronze.

La Vallée des Merveilles est, avec celle de Fontanalba, l'une des vallées glaciaires reliées au mont Bego, un sommet qui culmine à la frontière franco-italienne. Étagés en une série de petits lacs, ses flancs laissent apparaître des rochers en schiste gris-vert, patinés de rose, qui ont offert les surfaces planes propices à la réalisation des gravures (quelque 25 000 à 30 000 pour la Vallée des Merveilles, environ 8 000 pour Fontanalba). Celles-ci ont été exécutées par piquetage, à l'aide d'instruments métalliques. Leur répertoire est très monotone. Il s'agit, pour plus de la moitié, de bovidés (ou « signes corniformes »), réduits à une tête représentée de face sous la forme d'un rectangle muni de larges cornes. Les animaux sont plus rarement figurés entiers, vus d'« en haut » et, parfois, attelés à un araire. Un quart des gravures sont constituées de signes géométriques, cercles, ovales, rectangles simples ou quadrillés. Enfin, on trouve des représentations d'armes, poignards triangulaires, simples ou emmanchés « en hallebarde », c'est-à-dire transversalement à un long manche. Les figurations humaines sont exceptionnelles, mais célèbres : un « sorcier » barbu qui brandit deux poignards, un « chef de tribu » debout, mais qui n'est peut-être que la superposition de plusieurs « corniformes ». On n'a relevé aucune scène.

Ces gravures sont datées, globalement, de la fin du IIIe millénaire avant notre ère et/ou du début du IIe. En effet, par leur forme, les poignards rappellent ceux de la fin du chalcolithique italien (culture de Remedello), trouvés dans des sépultures ; quant aux hallebardes, elles évoquent le début de l'âge du bronze. Les interprétations, incertaines, se sont attachées à l'importance des armes et d'une idéologie guerrière ; mais les corniformes attelés montrent aussi la part notable de l'agriculture. Cet art rupestre est attesté, à la même époque, dans d'autres régions alpines - le Todesgebirge en Autriche, le Valais en Suisse, et, en Italie, le Val d'Aoste, le Val Germanasca, le Lauzo en Piémont, et surtout le Val Camonica près de Brescia.