Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Foulques Ier le Roux,

vicomte, puis comte d'Anjou ( ? - 942).

Probablement descendant d'Adalard, sénéchal de l'empereur Louis le Pieux, Foulques est nommé vicomte d'Angers par le roi carolingien Charles le Simple, avec l'accord de Robert de Neustrie, duc des Francs, qui détient alors la réalité du pouvoir dans la France du Nord, et doit s'appuyer sur des personnages tels Foulques le Roux, détenteur local de l'autorité publique.

De Foulques, on sait qu'il occupe en 907 le comté de Nantes, qui sera abandonné aux Bretons en 919, et qu'il tente de s'approprier en vain le titre comtal en 920 et en 929. Profitant de la lutte entre les derniers Carolingiens et les Robertiens ancêtres d'Hugues Capet, il parvient à une indépendance de fait, étend sa domination dans la région de Loches, se comporte en chef politique autonome et manifeste son pouvoir par la rédaction de chartes en son nom. Ses relations avec les rois des Francs sont excellentes, et à sa mort, en 942, il transmet le titre de comte d'Anjou, finalement reconnu, à ses héritiers.

Si on ne peut totalement reconnaître en Foulques Ier le fondateur de la puissance angevine du XIIe siècle, du moins ses successeurs lui doivent-ils l'émancipation.

Foulques III Nerra,

comte d'Anjou de 987 à 1040 ( ? 972 - Metz 1040).

Fils du comte d'Anjou Geoffroi Grisegonnelle et d'Adélaïde de Vermandois, Foulques Nerra (« le Noir »), hérite en 987 de son père un comté d'Anjou augmenté de la région de Loudun. Il combat sans merci ses voisins, pille villes et abbayes pour augmenter son domaine et asseoir sa puissance. Aussi spectaculaire dans ses pénitences que dans ses actes de violence, il fait quatre fois le pèlerinage de Jérusalem pour se racheter et multiplie ou enrichit les fondations pieuses, comme la Trinité de Vendôme ou l'abbaye de Bourgueil.

C'est lui qui établit la puissance territoriale angevine : il étend sa domination au nord, en contraignant le comte du Maine à devenir son vassal, à l'est, en conquérant Vendôme et le Gâtinais, et, vers l'ouest, en prenant Nantes, où il place comme vassal un de ses fidèles. Contemporain des premiers Capétiens, il profite de leur extrême faiblesse mais conserve avec eux de bonnes relations, contrairement à son rival direct, Eudes de Blois.

Foulques Nerra, qui peut prendre le titre de « comte des Angevins par la grâce de Dieu », est l'archétype du seigneur féodal dont la légitimité repose sur la violence, qui exerce son pouvoir aux confins du domaine royal et des grandes principautés, à coups de guerres, de rapines et de pillages. C'est à de tels seigneurs que s'oppose l'Église en instituant la Paix et la Trêve de Dieu.

Foulques IV le Réchin,

comte d'Anjou de 1067 à 1109 (Château-Landon 1043 - Angers 1109).

Second fils d'Ermengarde d'Anjou et de Geoffroi de Gâtinais, Foulques IV est petit-fils, par sa mère, de Foulques Nerra, dont il a le caractère vindicatif, que marque son surnom de « Réchin », querelleur. Il partage d'abord le pouvoir avec son oncle Geoffroi II Martel, mais, à la mort de ce dernier, une querelle de succession oppose les deux neveux héritiers, Geoffroi III le Barbu et Foulques. Si le second se contente d'abord de la Saintonge dont il a hérité, il cherche à accroître ses possessions dès qu'il perd Saintes contre le duc d'Aquitaine, en 1062. Il exploite le mécontentement qu'a suscité Geoffroi le Barbu par sa politique hostile à l'Église et, en 1067, prend Saumur et Angers, enferme son frère et gouverne à sa place. À partir de 1068, et jusqu'à sa mort en 1109, il est seul comte d'Anjou, malgré une révolte menée par son fils aîné Geoffroi IV Martel, qui périt assassiné en 1106.

Au cours de ce long règne, Foulques le Réchin abandonne le Maine au duc de Normandie, et le Gâtinais au roi de France Philippe Ier. Il affirme néanmoins le pouvoir comtal sur le haut clergé et met en place les grands offices de la future cour angevine. Décrit par les chroniqueurs comme « glouton, débauché et inerte », il est resté célèbre pour ses déboires conjugaux : en 1092, sa femme Bertrade de Montfort, probablement consentante, est enlevée par Philippe Ier.

Fouquet ou Foucquet (Nicolas),

financier, mécène et homme politique (Paris 1615 - forteresse de Pignerol, Italie, 1680).

Son père fut conseiller au parlement de Rennes, puis de Paris, conseiller d'État et maître des requêtes. Lui-même devient conseiller au parlement de Metz (1631), maître des requêtes (1635), procureur général au parlement de Paris (1650) et, enfin, surintendant général des finances, fonction qu'il assure avec Abel Servien de 1653 à 1659, puis seul. Pourtant, le 5 septembre 1661, alors que le roi et Colbert sont à Nantes, le chevalier d'Artagnan y arrête Fouquet. Ce dernier est jugé, banni (20 décembre 1664), et ses biens sont confisqués ; mais Louis XIV alourdit sa peine en la commuant en prison à vie.

Les raisons d'une disgrâce.

• Peut-on invoquer le luxe étalé lors de la fête donnée par Fouquet au château de Vaux, le 17 août 1661, et qui aurait blessé le roi dans son orgueil ? Ses irrégularités comptables ? Son attirance pour Mme de La Vallière ? La vérité diffère de cette vulgate. Les Fouquet se sont trop intéressés à la mer : le père de Nicolas, armateur occasionnel, était devenu co-seigneur de Beaupré en Canada (1636) et de l'île d'Orléans, et Nicolas a constitué une flotte personnelle, qui se ravitaillait à Göteborg (Suède) en canons, chanvre, agrès, bois et munitions. Très tôt, Fouquet a voulu imiter Richelieu, lequel était devenu propriétaire, en 1635, des îles d'Hyères et du généralat des galères : aussi a-t-il acheté Belle-Isle aux Gondi pour 1,3 million de livres (1658). Il obtient, en 1646, le gouvernement de Concarneau, au nom d'un cousin germain de son père, Fouquet de Chalain, puis acquiert une vingtaine de seigneuries des environs de Vannes et, en 1661, le port de cette ville. En outre, il achète, au nom de ses hommes de paille, toutes les grandes charges maritimes de l'État : la vice-royauté d'Amérique (30 000 écus), en 1660 ; l'intendance générale de la navigation et commerce de France - ou vice-amirauté - et le généralat des galères (200 000 livres), en 1661.