Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
E

élections présidentielles. (suite)

Un scrutin secondaire.

• En créant la fonction présidentielle, les fondateurs de la IIe République s'inspirent davantage de la démocratie américaine que de la tradition révolutionnaire française, favorable à un exécutif collégial ; sous l'impulsion de Tocqueville et de Lamartine, la Constitution de novembre 1848 opte pour l'élection du président de la République au suffrage universel direct. Mais l'ampleur de la victoire de Louis Napoléon Bonaparte - élu le 10 décembre 1848 avec 74,5 % des suffrages - et le coup d'État du 2 décembre 1851 jettent la suspicion, aux yeux de nombreux républicains, sur ce mode d'élection.

Après la chute du Second Empire, l'Assemblée de 1871, d'abord dominée par les monarchistes, désigne successivement Thiers et Mac-Mahon à la présidence de la République. En 1873, elle fixe à sept ans la durée du mandat présidentiel, durée qui ne sera pas remise en cause par la suite. Mais les républicains l'emportent en 1875 grâce à l'adoption de l'amendement Wallon, acte fondateur de la IIIe République, selon lequel « le président de la République est élu par le Sénat et la Chambre réunis en Assemblée nationale ». Est ainsi affirmée dans les lois constitutionnelles la prééminence du Parlement sur le président, qui ne peut aller désormais contre la volonté de cette Assemblée : Mac-Mahon, Casimir-Perier et Millerand ont ainsi dû démissionner après s'être opposés aux députés. La vie politique s'ordonne alors autour des élections législatives, celle du président restant secondaire.

Adoptée en 1946, la Constitution de la IVe République ne modifie pas le mode d'élection du chef de l'État : les treize tours nécessaires à la désignation de René Coty en 1953 entachent gravement l'autorité de la fonction.

Un enjeu central de la vie politique sous la V• e République.

Dès son retour aux affaires, le général de Gaulle met au rang des priorités la restauration du pouvoir présidentiel. La Constitution de 1958 institue un collège de 80 000 grands électeurs, qui portent de Gaulle à la présidence au mois de décembre. En 1962, après la fin de la guerre d'Algérie, le général engage une révision constitutionnelle pour proposer l'élection du président au suffrage universel, couronnement logique des institutions. Consultés par référendum, plus de 61,7 % des Français approuvent la réforme, malgré l'opposition des partis politiques qui dénoncent une atteinte à la tradition républicaine. Le chef de l'État est ainsi doté d'une légitimité démocratique supérieure, même à celle des députés : « monarque républicain », il reçoit désormais le « sacre » de la nation tout entière.

Première de toutes les consultations électorales, l'élection présidentielle structure désormais la vie politique française. Durant la campagne, le jeu des médias et, surtout, de la télévision accentue la personnalisation du scrutin. Chaque candidat s'engage sur un projet, qu'il résume par un slogan - par exemple, « les 110 propositions » et « la force tranquille » de François Mitterrand, en 1981. La dynamique du second tour, qui oppose les deux candidats arrivés en tête à l'issue du premier tour, contraint les forces politiques à s'organiser autour de deux pôles : c'est la bipolarisation droite-gauche, à laquelle l'élection de 1969 (Pompidou-Poher) constitue la seule exception.

Un enjeu essentiel domine chaque élection : en 1965, c'est la mise en ballottage par François Mitterand du général de Gaulle (finalement élu avec 54,5 % des suffrages exprimés) ; en 1969, c'est la continuité institutionnelle, qu'incarne Georges Pompidou, élu avec 57,5 % des voix ; en 1974, Valéry Giscard d'Estaing introduit une première rupture, donnant une courte victoire à la droite non gaulliste ; en 1981, François Mitterrand (51,7 %) est le président de l'alternance, mais, confortablement réélu (54 %) en 1988, il devient alors celui de la « France unie » ; en 1995, Jacques Chirac (52,6 %) se place en héritier du gaullisme, avant de se présenter comme le candidat garant de l'identité et des valeurs républicaines en 2002, où, recevant le soutien de la gauche, il triomphe du candidat du Front national avec 82,21% des voix au second tour.

Si certaines conséquences néfastes de l'élection présidentielle au suffrage universel ont pu être soulignées - présidentialisation des partis, renouvellement limité des candidats d'une élection à l'autre, démagogie des promesses électorales -, les Français demeurent néanmoins très attachés à ce rituel républicain.

Éloi,

en latin Eligius, saint (Chaptelat, au nord de Limoges, vers 588 - Noyon 660).

Issu d'une famille gallo-romaine de petits propriétaires, placé en apprentissage dans un atelier d'orfèvrerie, il se fait remarquer par son habileté technique. Son maître le présente au trésorier du roi mérovingien Clotaire II, Bobbo, qui lui commande un trône royal en or. Avec la quantité de métal précieux qu'il reçoit, Éloi réussit à confectionner non pas un mais deux trônes, de facture tout à fait remarquable. Confondu par tant de dextérité et d'honnêteté, Bobbo décide de se l'attacher. Éloi dirige alors les frappes monétaires de Clotaire II, puis de son successeur, Dagobert Ier, et devient rapidement l'un des principaux conseillers du roi. Il est chargé de plusieurs ambassades pour les princes mérovingiens et jouit d'une grande considération dans toute la Gaule.

Éloi se fait également remarquer par sa grande piété. Il consacre en effet une partie de ses richesses à racheter des esclaves maures, bretons ou saxons, qui sont à l'époque vendus en grand nombre dans les ports provençaux. En 632, il fonde le monastère de Solignac, près de Limoges, et, l'année suivante, crée, dans l'île de la Cité à Paris, celui de Saint-Martial (patron de Limoges), destiné à accueillir des moniales. Après le décès de Dagobert (639), il quitte définitivement la cour pour entrer dans le clergé. Le 13 mai 641, il est sacré évêque de Noyon. Converti à la spiritualité colombanienne, il consacre son temps à prêcher, toujours dans une langue simple afin d'être compris du plus grand nombre, et s'engage, comme nombre d'évêques de l'époque, dans la voie de l'évangélisation du nord de la Gaule (Flandre, régions de Boulogne et Anvers). Il crée de nouveaux monastères autour de Noyon, ville dans laquelle il meurt le 1er décembre 660.