Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
N

Nouvelle-Calédonie, (suite)

L'apaisement ?

• Le gouvernement Rocard, formé au lendemain de la seconde victoire présidentielle de François Mitterand, se propose de rechercher une solution négociée et confie une mission d'enquête et de dialogue à des personnalités indépendantes. Un accord conclu à Matignon le 26 juin 1988 entre l'État, le FLNKS et le RPCR prévoit une période transitoire de dix ans à l'issue de laquelle la population sera consultée par un référendum d'autodétermination, ainsi que la division du territoire en trois provinces dotées d'une assez large autonomie. Un congrès du Territoire, formé de la réunion des membres des trois conseils provinciaux, constitue l'organe de coordination. Consultés par référendum national le 6 novembre 1988, les électeurs français approuvent à 80 % ce projet... avec un taux d'abstention de plus de 60 %. La conclusion des accords, suivie de la mise en place des nouvelles institutions, d'investissements importants et de mesures d'amnistie, a entraîné le retour au calme, malgré l'assassinat, le 4 mai 1989, de Jean-Marie Tjibaou et de son adjoint Yeiwéné-Yeiwéné, par des extrémistes isolés. Presque toutes les terres revendiquées par les tribus leur ont été restituées. Des majorités indépendantistes contrôlent la plupart des trente-deux municipalités ainsi que les provinces du Nord et des îles. La province sud, la plus peuplée, avec l'agglomération de Nouméa, reste un fief du RPCR.

Selon les estimations, la population s'élevait en 1995 à près de 190 000 habitants, dont 47 % de Mélanésiens, 34 % d'Européens, 12 % de Wallisiens, les autres étant essentiellement Indonésiens, Vanuatais, Vietnamiens, mais, en raison des tendances démographiques, les Kanaks devraient être majoritaires dans la deuxième décennie du XXIe siècle. En avril 1998, les différentes formations politiques calédoniennes ont conclu un nouvel accord, sous les auspices, cette fois, du gouvernement Jospin : il prévoit une large autonomie pour le territoire, avec le transfert de nombreuses compétences à Nouméa, pendant une nouvelle période transitoire longue de quinze à vingt ans. Selon les termes de l'accord, « l'État reconnaît la vocation de la Nouvelle-Calédonie à bénéficier, à la fin de cette période, d'une complète émancipation. » La décision en reviendra aux habitants de ces îles, qui seront consultés par référendum.

Nouvel Observateur (le),

hebdomadaire d'information générale et politique, lancé le 19 novembre 1964.

Il succède à France Observateur, regroupant sa rédaction à laquelle se greffent quelques journalistes de l'Express. L'équipe constituée autour de Jean Daniel et Claude Perdriel - le bailleur de fonds - a deux objectifs : promouvoir un socialisme non dogmatique et publier un véritable news magazine. Grâce aux pages « Notre temps » (société et culture), le Nouvel Obs, qui tire à 100 000 exemplaires dès 1965, rompt avec le mode d'expression très politisé de France Obs ; mais il reste cependant un titre politique. Qu'ils écrivent sur le tiers-monde, les relations internationales, la politique intérieure, les journalistes - antigaullistes et antistaliniens - considèrent qu'ils doivent entretenir la tradition de la « troisième voie », l'indépendance permettant aux francs-tireurs de résister à la pression du pouvoir et des grands partis.

Les années 1968-1974 marquent une époque de transition (retombées de mai 68, création du PS, élections présidentielles de 1969 et de 1974). L'hebdomadaire tire alors à 300 000 exemplaires. Il s'engage dans la recherche du « rééquilibrage de la gauche », luttant sur tous les fronts : féminisme, droit à l'avortement, tiers-mondisme, écologie. En 1980-1981, le Nouvel Observateur soutient Rocard, puis Mitterrand, dont la victoire est vécue dans la ferveur, consécration de vingt années de travail.

L'hebdomadaire aborde la décennie 1980-1990 de façon différente. Pour regagner un lectorat, répondre à la pression économique et à la concurrence, le Nouvel Obs s'adapte : il publie des dossiers, des numéros spéciaux, des pages promotionnelles, simplifie son contenu. En outre, il subit le contrecoup des victoires socialistes de 1981 et 1988 : son caractère anticonformiste et corrosif s'estompe. En 1996, cependant, grâce au lancement d'un substantiel supplément télévision et à des aménagements rédactionnels, il devance l'Express et devient le premier hebdomadaire d'information politique et culturelle en France (avec un tirage d'environ 500 000 exemplaires). Marqué par ses mutations successives, le Nouvel Observateur reste donc, malgré tout, le principal hebdomadaire de la gauche française, représentatif de l'évolution de la culture politique de celle-ci.

Nouvelles ecclésiastiques,

périodique janséniste clandestin crée en 1728.

Depuis les Provinciales de Pascal (1656), le jansénisme n'a cessé de faire appel à l'opinion. L'opposition à la bulle Unigenitus (1713), condamnation papale des thèses jansénistes, va amplifier cette tendance : on dénombre plus d'un millier de publications hostiles au texte de Clément XI entre 1713 et 1731, souvent imprimées en Hollande et colportées clandestinement. Des feuilles périodiques naissent alors, entièrement consacrées à ce combat, tel le Supplément à la Gazette de Hollande (1717-1721). En 1728, lors de la convocation du concile provincial d'Embrun qui décide la déposition de l'évêque janséniste Soanen, apparaissent les Nouvelles ecclésiastiques, sous-titrées : Mémoires pour servir à l'histoire de la constitution « Unigenitus ». Tirée chaque semaine à six mille exemplaires sur quatre pages, cette gazette est dirigée par le Père Fontaine de La Roche jusqu'en 1761. Elle est imprimée à Paris et distribuée grâce à un réseau secret, cloisonné à l'extrême pour déjouer la police. Disposant d'informateurs bien placés, les Nouvelles s'en prennent aux jésuites et soutiennent la guérilla juridique des parlements ; le principe manichéen des analyses développées et le style adopté, qui dramatise l'événement, assurent une large audience à cette publication. Gallicane, elle répand le richérisme (gallicanisme politique) dans le bas-clergé, minant l'autorité épiscopale. Par ailleurs, elle est hostile aux philosophes des Lumières. Après 1770, les Nouvelles modèrent leurs attaques contre l'autorité ; lors de la Révolution, ses rédacteurs fuient à Utrecht, en 1794, et la parution cesse en 1803.