grande famille d'industriels.
Petit-fils de Jean-Martin de Wendel, premier maître de forges installé en Lorraine en 1704 et anobli, Ignace de Wendel (1741-1795) est, comme Oberkampf, l'un des pionniers de l'industrialisation de la France à la fin du XVIIIe siècle ; il est à l'origine des premières tentatives de production sidérurgique moderne dans le bassin du Creusot (Loire), utilisant des hauts fourneaux au coke au lieu du charbon de bois. Mais c'est dans le Bassin lorrain que la dynastie de Wendel construit sa prospérité, autour de deux sites principaux, Hayange et Moyeuvre, aménagés dès l'Empire avec l'aide de la banque Seillière. François de Wendel (1778-1825), fils d'Ignace, membre de la Chambre des représentants, puis son fils Charles (1809-1870), député de 1849 à 1867, constituent l'une des plus grosses fortunes industrielles de la France du XIXe siècle, comparable à celle des patrons du Creusot, les Schneider. En 1864, Charles est l'un des membres fondateurs du Comité des forges, organe représentant les intérêts des patrons de la sidérurgie, au sein duquel la famille de Wendel restera toujours très puissante.
La perte de la Lorraine, en 1871, place les usines de Wendel en territoire allemand, mais elles se réimplantent en 1880 en France, à Jœuf, où sont construites des forges utilisant le procédé Thomas (qui permet d'employer le minerai lorrain) ; jusqu'à la Première Guerre mondiale, la société « Les Petits-Fils de François de Wendel et Cie » reste séparée en deux branches, la française, gérée par Henri (1844-1906) puis François (1874-1949), l'allemande, dirigée par Robert (1847-1903) puis Charles (1871-1931), qui furent tous deux députés au Reichstag. Ces « barons du fer » incarnent donc à la fois un pouvoir industriel, financier, et politique. François de Wendel, ingénieur des Mines, représente brillamment ce lien entre les affaires et la politique dans l'entre-deux-guerres : premier maître de forges de Lorraine, il dirige la compagnie familiale tout en cumulant les fonctions de député (1914) puis de sénateur (1932) de Meurthe-et-Moselle, d'animateur de la Fédération républicaine, l'un des deux grands groupes de la droite parlementaire, de régent de la Banque de France, et de président du Comité des forges. Libéral et patriote, même s'il reste un homme politique de moyenne envergure, il est considéré comme le symbole de la puissance capitaliste, de ce « mur de l'argent » qui, selon certains, peut faire échouer les politiques qui vont contre ses intérêts.
Avec le déclin puis la crise de la sidérurgie française, le fils de François, Henri (1913-1982), est le dernier grand patron d'une dynastie profondément liée à l'histoire du développement industriel de la France aux XIXe et XXe siècles.