Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
B

Berlin (conférence de),

conférence internationale, tenue de novembre 1884 à février 1885, afin d'arbitrer les ambitions coloniales européennes en Afrique centrale.

Organisée par l'Allemagne et la France, qui entendent réglementer la multiplication des missions d'exploration et de conquête dans cette région d'Afrique, tout en y préservant leurs intérêts, elle rassemble, en outre, douze autres puissances, parmi lesquelles la Belgique, le Royaume-Uni, le Portugal et les États-Unis. Deux principes essentiels y sont adoptés : celui de la liberté de commerce et de navigation dans le bassin du Congo, et celui de l'occupation effective des territoires conquis, désormais nécessaire pour valider l'annexion d'un territoire d'Afrique centrale, à condition que cette annexion soit notifiée aux autres puissances. C'est cette dernière clause qui est la plus débattue et la plus controversée. Elle a pu paraître consacrer un véritable « partage de l'Afrique » entre les puissances coloniales européennes. En fait, ce partage ne va se réaliser que quelques années plus tard, sur le terrain des opérations ; cependant, la conférence de Berlin en formule déjà les modalités. Si le grand gagnant de cette rencontre est le roi des Belges Léopold II, qui obtient la reconnaissance de sa souveraineté directe sur l'immense territoire du Congo, la France préserve ses intérêts économiques dans ses colonies d'Afrique-Équatoriale, ainsi que ses chances éventuelles au Congo.

Bernadette Soubirous (Bernarde-Marie Soubirous, en religion sœur Marie-Bernard, sainte),

témoin des apparitions mariales de Lourdes. (Lourdes 1844 - Nevers 1879).

La figure de Bernadette occupe une place centrale dans l'attestation de la présence mariale au sanctuaire de Lourdes qui a pris place au XXe siècle parmi les premiers lieux de pèlerinage du monde.

Aînée de neuf enfants (dont cinq morts en bas âge), Bernadette appartient à une famille misérable de la petite ville pyrénéenne ; âgée de 14 ans en 1858, elle ne sait ni lire ni écrire, n'a pas fait sa première communion, s'exprime en dialecte et habite un taudis, le « Cachot ». Du 11 février au 16 juillet 1858, Bernadette est le témoin de dix-huit apparitions à la grotte de Massabielle, le long du gave de Pau ; la « Dame » décline en dialecte son identité le 25 mars : « Je suis l'Immaculée Conception » - dont le dogme a été proclamé en 1854 par le pape Pie IX. Des foules immenses entourent Bernadette, qui n'a jamais varié dans son récit malgré les oppositions qu'il suscite, tandis que se développe un culte miraculaire autour de la grotte. Au terme d'une longue enquête canonique, Mgr Laurence, évêque de Tarbes, conclut le 18 janvier 1862 que « l'Immaculée Marie, mère de Dieu, a réellement apparu à Bernadette Soubirous ». Cette dernière quitte Lourdes en 1866 pour le couvent Saint-Gildard des sœurs de la Charité de Nevers, où elle meurt à l'âge de 35 ans. Elle est béatifiée en 1925 et canonisée en 1933.

Bernadotte (Charles Jean-Baptiste Jules),

maréchal de France, roi de Suède et de Norvège sous le nom de Charles XIV (Pau 1763 - Stockholm 1844).

En 1789, Bernadotte est sous-officier ; en 1794, la Révolution le fait général. Après avoir combattu en Italie et dans l'Est, il se rapproche des néo-jacobins et obtient le ministère de la Guerre en 1799. Lors du coup d'État du 18 brumaire, il ne se joint pas à Bonaparte, sans pour autant défendre la République. Il critique le Consulat, mais son mariage avec Désirée Clary, ancienne fiancée de Bonaparte, lui permet de poursuivre sa carrière. Malgré la méfiance qu'il inspire, il est ainsi nommé maréchal en 1804 et prince de Ponte-Corvo en 1806. Son rôle dans les guerres de l'Empire est secondaire. Ses relations lui permettent d'être élu prince héréditaire de Suède par les états généraux d'Öyrebro, le 21 août 1810. Surpris, Napoléon accepte cette décision, pensant disposer d'un allié solide dans le nord de l'Europe. Mais Bernadotte participe à la coalition antifrançaise de 1813. À la bataille de Leipzig (octobre 1813), il est l'un des principaux artisans de la défaite de Napoléon, trahison qui lui vaudra d'obtenir la Norvège au congrès de Vienne (1814- 1815). Après avoir été écarté du trône de France en 1814 en raison de l'opposition de Talleyrand, il est couronné roi de Suède et de Norvège, en 1818.

Napoléon a porté un jugement sévère sur ce militaire, ambitieux et doué pour la politique, qu'il n'a su contrôler. Aujour-d'hui encore, les descendants de Bernadotte règnent en Suède.

Bernard de Clairvaux (Bernard de Fontaine, saint),

moine et mystique, abbé de Clairvaux (Fontaine-lès-Dijon 1090 - Clairvaux 1153).

 Issu de la moyenne noblesse, le jeune Bernard fait ses études chez les chanoines de la collégiale Saint-Vorles, à Châtillon-sur-Seine, et en retire de solides connaissances bibliques et littéraires. Optant pour la vie monastique, il arrive à Cîteaux en 1112 (ou 1113) avec trente compagnons, confortant ainsi le développement de ce monastère fondé en 1098 par Robert de Molesme. En 1115, il devient abbé de Clairvaux, abbaye qu'il dirigera jusqu'à sa mort.

Par sa personnalité et son rayonnement, Bernard de Clairvaux est le principal instigateur de l'expansion cistercienne. Jusqu'en 1130, il se consacre au développement de Clairvaux, puis, de sa propre initiative ou sollicité, il se trouve impliqué dans les grandes affaires de l'Église. Paradoxalement, alors que l'ordre cistercien prône la fuite du monde, il ne cesse de se mêler aux problèmes de son temps et vit fréquemment loin de son monastère. Il intervient dans les élections épiscopales, souvent pour faire triompher ses candidats, et s'intéresse à la réforme du clergé séculier. En 1130, lors de la double élection pontificale, il soutient Innocent II contre Anaclet II. Le 31 mars 1146, à Vézelay, il lance un appel pour la deuxième croisade, préoccupation qui s'est déjà exprimée quelques années auparavant dans À la louange de la milice nouvelle, texte soutenant l'ordre des Templiers. L'action qu'il mène contre l'hérésie cathare rencontre toutefois peu de succès. Bernard de Clairvaux intervient également dans les débats dogmatiques. Accusant Abélard de soutenir des thèses théologiques contestables, il obtient sa condamnation par le concile de Sens en 1140. En revanche, en 1148, il ne parvient pas à faire sanctionner par le concile de Reims Gilbert de La Porrée, théologien et évêque de Poitiers.