Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
O

office,

sous l'Ancien Régime, mode habituel d'exercice du service public.

À l'origine, l'office est une fonction confiée par le roi à l'un de ses serviteurs pour la gestion du domaine royal. Lorsque s'affirme le pouvoir monarchique, l'office se transforme en délégation partielle de l'autorité du souverain. Mais, dès le XVe siècle, de nombreuses charges sont devenues viagères, et l'excès d'indépendance des officiers, particulièrement visible lors de la Fronde, conduit la monarchie à développer une autre forme de délégation de pouvoir : la commission, révocable et rétribuée. Cependant, malgré l'apparition de commissaires tels que les intendants, l'exercice des fonctions publiques reste en très grande majorité, jusqu'à la Révolution, le fait d'officiers inamovibles (sauf pour faute très grave) et propriétaires de leur charge. Ils sont donc indépendants du pouvoir et font souvent passer leur intérêt personnel avant le bien public.

Il existe des officiers militaires et des officiers civils - de justice, de finance, de ville (police). À la fois titre, dignité, fonction, l'office est aussi un objet de commerce et devient, aux XVIe et XVIIe siècles, l'expédient par excellence des finances royales. Sa vénalité se généralise dès le règne de Louis XII. En 1522 est créé le Bureau des parties casuelles, où est versée la finance des nouveaux offices. Henri IV puis Richelieu aggravent le phénomène en rendant héréditaires la plupart des offices (moyennant le paiement de la paulette, un impôt annuel créé en 1604) et en multipliant abusivement leur nombre pour faire face à une situation financière dramatique engendrée par la guerre contre la maison d'Autriche. On mesure au XVIIIe siècle les dangers de cette confusion entre puissance publique et propriété privée, lorsque la magistrature, composée à 98 % d'officiers, travaille à saper les fondements de l'autorité royale. La vénalité des offices a joué un rôle important dans la société d'Ancien Régime, comme facteur de mobilité sociale. Il existe des offices à tous les prix, et certains donnent la faculté d'accéder à la noblesse : ces « savonnettes à vilains » permettent d'intégrer des hommes nouveaux. Mais, à ce titre, surtout entre 1610 et 1650, période où l'on observe une véritable spéculation sur le prix des offices, ces charges mobilisent des hommes qui se seraient investis plus utilement dans le commerce et l'industrie.

Supprimée une première fois en 1771 par le chancelier Maupeou, mais rétablie trois ans plus tard, la vénalité des offices disparaît en même temps que les privilèges dans la nuit du 4 août 1789. Son principe est pourtant recréé en 1816 pour certaines charges, telles celles de notaire, d'agent de change, de commissaire-priseur. Cette survivance de l'Ancien Régime s'est ainsi perpétuée jusqu'à nos jours.

Olier (Jean-Jacques),

fondateur de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice (Paris 1608 - id. 1657).

D'une famille de noblesse de robe, Olier aurait pu facilement devenir évêque mais, après avoir songé à se faire chartreux, c'est à la vie paroissiale qu'il consacre sa vie. Ordonné en 1633, il participe, sous l'influence de Vincent de Paul, à des missions rurales, notamment en Auvergne et en Bretagne. Cependant, son directeur de conscience, l'oratorien de Condren, le convainc de l'urgence de la formation du clergé séculier, alors que les premières expériences de séminaire, préconisées par le concile de Trente, n'avaient eu qu'un succès mitigé. Devenu curé de Saint-Sulpice en 1642, il y transporte le séminaire qu'il a fondé l'année précédente à Vaugirard. Associés au travail paroissial, les séminaristes, venus de toute la France, font en même temps l'expérience d'une vie commune strictement réglée. Parfois sévère, au point de provoquer une émeute de ses paroissiens en 1645, mais aussi hostile au jansénisme, Olier fonde une tradition exigeante sans s'écarter de l'orthodoxie. Auteur spirituel dans la lignée de Bérulle (Catéchisme chrétien pour la vie intérieure, 1656), il fut l'exemple vivant du prêtre tridentin, tout imbu d'une haute idée du sacerdoce par lequel Dieu appelle « à la dignité de sacrificateur de son Verbe ». À travers les séminaires sulpiciens, qui se multiplièrent jusqu'au Canada, cet idéal marqua durablement le clergé français.

Ollivier (Émile),

homme politique (Marseille 1825 - Saint-Gervais-les-Bains, Haute-Savoie, 1913).

Avocat républicain, lié à Ledru-Rollin, il est nommé préfet des Bouches-du-Rhône en février 1848 ; il entretient alors de bons rapports avec l'évêché et laisse en place l'administration monarchiste. Lorsqu'à la fin du mois de juin éclate une émeute ouvrière, il cherche d'abord l'apaisement, puis mène une répression modérée, qui mécontente tous les camps. Cavaignac le mute à la préfecture de Haute-Marne, puis Louis Napoléon Bonaparte lui retire toute responsabilité en janvier 1849. Après le coup d'État du 2 décembre 1851, alors que son père est proscrit, Émile Ollivier choisit d'agir dans le cadre du régime. Député de Paris en 1857, il prête serment à Napoléon III afin de pouvoir siéger, mais intervient en 1858 contre la loi de sûreté générale, ou en 1862 pour mettre en doute l'évolution libérale du régime. Cependant, dès 1860, il approuve la politique italienne et douanière de l'empereur. En 1862, Morny, soucieux de faire preuve d'ouverture, lui propose d'être porte-parole d'un futur ministère. Ainsi, Émile Ollivier rompt en 1864 avec les républicains en devenant rapporteur de la loi sur le droit de coalition, sacrifiant les principes politiques au progrès social. La mort de Morny, en 1865, le laisse isolé face à Rouher et aux bonapartistes autoritaires, et, aux élections législatives de 1869, il est battu à Paris par un républicain intransigeant. À la tête du Tiers Parti, il est cependant élu dans le Var, et Napoléon III le charge, en 1870, de former le gouvernement. Figure centrale de l'Empire parlementaire, Ollivier prépare le retour au protectionnisme, la décentralisation, ainsi que la création d'universités catholiques exigée par les notables cléricaux de son parti. Par ailleurs, il envoie la troupe contre les ouvriers du Creusot, ou fait emprisonner les délégués de l'Internationale.