Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Celtes, (suite)

La civilisation de La Tène succède sans rupture à celle de Hallstatt, dès le début du Ve siècle avant J.-C. Mais, à partir du IVe siècle, une partie des populations se met en mouvement dans différentes directions : ce sont les « mouvements celtiques ». Dans certaines régions - îles Britanniques, Europe centrale et orientale -, les Celtes s'installent durablement ; dans d'autres - nord de l'Italie (ils assiègent Rome vers 380 avant J.-C.), Asie Mineure (où ils fondent le royaume des Galates) - ils occupent des territoires qui leur seront finalement repris ; ailleurs, enfin, ils se mêlent aux populations locales : on parle ainsi de « Celtibères » en Espagne, ou de « Celto-Ligures » en Provence.

À partir du IIe siècle avant J.-C. apparaît, dans la zone celtique, un embryon de civilisation urbaine, avec les oppidums, places fortes et centres politiques, économiques et religieux. De véritables royaumes émergent, dotés d'une économie monétaire : ce sont ceux qu'affronteront les Romains, qui, au cours des deux derniers siècles avant notre ère, mettront progressivement fin à leur indépendance.

censure.

Révélatrice des normes et des interdits d'une société, la censure concerne toutes les formes d'expression, mais se définit essentiellement par rapport à l'écrit.

Elle est liée à l'affirmation d'un pouvoir centralisé et à l'idéologie dominante sur laquelle il se fonde. On en repère les premières traces au Moyen Âge, ainsi que l'atteste l'ordonnance de Philippe le Hardi qui place les librairies sous la surveillance de l'Université (1275), ou celle de 1442 qui interdit les satires jugées trop licencieuses.

Le temps des censeurs.

• Mais c'est au XVIe siècle, avec le développement de l'imprimerie, la consolidation de l'État monarchique et les tensions politiques nées de la Réforme, qu'apparaît une censure officielle : en 1521, François Ier interdit aux libraires d'imprimer et de diffuser tout livre sans l'autorisation préalable de la faculté de théologie, et, en 1548, le parlement de Paris interdit les mystères, jugés dorénavant incompatibles avec l'inspiration sacrée. Au fil du temps, la censure réduit son action aux seuls ouvrages religieux jusqu'à ce que l'ordonnance de Louis XIII de 1629, privant la faculté de son droit exclusif, n'institue pour tout imprimé une autorisation à paraître, le « privilège du roi ». La censure ne cesse alors de se renforcer : en 1741 sont nommés 79 censeurs royaux à titre permanent. La répression de l'institution censoriale est réelle (le quart des 5 279 embastillés entre 1660 et 1790 sont des gens du métier du livre), même si elle dépend dans une large mesure, au XVIIIe siècle, de la personnalité du directeur de la Librairie, auquel le roi délègue son pouvoir en la matière. Dieu, le monarque et le sexe sont alors l'objet de tous les interdits. Abolie par la Législative en 1791, la censure renaît sous le Directoire et s'amplifie sous le Consulat. La presse est particulièrement surveillée. Sous l'Empire, un censeur est imposé à chaque journal ; un décret de 1810, régularisant le système, confie à un directeur-gérant de la Librairie la surveillance de tous les écrits. En 1814, la monarchie restaurée institue une censure préalable sur la presse (abolie en 1819, puis rétablie dès 1820). Impopulaire, la commission des censeurs est souvent brocardée : à cette époque naît le mythe d'Anastasie, la « Dame aux ciseaux », symbole de la censure. Proclamée après la révolution de 1830, la nouvelle Charte affirme que la censure ne pourra « jamais être rétablie » ; mais s'il n'existe plus, en effet, de collège spécifique de censeurs examinant préalablement les imprimés, les entraves à la liberté d'expression ne disparaissent pas pour autant, et les publications incriminées et leurs auteurs peuvent désormais faire l'objet de poursuites devant les tribunaux.

Le lent recul de la censure.

• La IIIe République, fidèle à l'héritage révolutionnaire, institue la liberté de la presse par la loi du 29 juillet 1881. Quelques exceptions subsistent toutefois. La censure théâtrale, levée une première fois en 1870 mais rétablie dès 1874, demeure dans son principe ; elle n'est abolie de fait qu'en 1906 par la suppression du chapitre correspondant du budget. Dès l'origine, les projections de films sont, quant à elles, confiées à l'appréciation des maires. En 1919 est instituée une commission de contrôle préalable auprès du ministre de l'Instruction et des Beaux-Arts, plusieurs fois remaniée ; l'action de la censure cinématographique se renforce dans les années 1930 : la projection du Cuirassé Potemkine (1925) est ainsi longtemps interdite pour des raisons politiques. Le régime de la surveillance est également rétabli en temps de guerre. En août 1914, une loi favorise le contrôle des informations « concernant les opérations militaires ou diplomatiques » ; mesure confirmée pendant la « drôle de guerre » (1939-1940). Sous l'Occupation, en zone sud (secrétariat général à l'Information) comme en zone nord (Propaganda Abteilung), les censeurs chargés de contrôler la presse agissent d'abord en amont, puis frappent en aval (après la signature de la convention de censure de 1943). Les listes Otto sont le relevé des livres et des auteurs interdits par l'occupant. De la même façon, en janvier 1940, 76 films sont censurés, avant que Vichy et les Allemands n'appliquent un régime de stricte surveillance.

Après la guerre, la censure touche essentiellement le domaine des mœurs et de la protection de l'enfance. L'article 14 de la loi de 1949 sur les « publications destinées à la jeunesse » donne ainsi au ministre de l'Intérieur des pouvoirs considérables qui lui permettent d'interdire la diffusion d'ouvrages sans qu'aucune juridiction n'ait à se prononcer. Durant la guerre d'Algérie, la loi d'avril 1955 renforce le contrôle sur la presse, la radio, mais aussi sur le théâtre et le cinéma. L'audiovisuel public se situe aussi au centre de polémiques relatives au contrôle gouvernemental de l'information télévisée et radiophonique. Le cinéma est, pour sa part, moins étroitement surveillé : la Commission de contrôle installée par le décret de 1961 se contente de délivrer aux films les indispensables visas. La loi de juillet 1982, instituant la Haute Autorité, a notamment pour objectif de distendre les liens organiques entre le pouvoir et les médias du monopole.