Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Montbéliard (principauté de),

principauté appartenant à la maison du Wurtemberg depuis la fin du Moyen Âge, constituée de plusieurs enclaves en territoire français et dans le Saint Empire, et réunie définitivement à la France après la paix de Lunéville en 1801.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les rois de France la font occuper à plusieurs reprises (1633-1650, 1676-1697, 1723-1748). La population y est hétérogène : elle est constituée de « bourgeois » (habitants depuis quatre générations) et de paysans luthériens, mais aussi de Comtois catholiques venus s'établir sur les terres du prince de Wurtemberg. En 1769, ce dernier confie à son frère Frédéric-Eugène le gouvernement de la principauté. Dès 1789, la situation politique est marquée par des tensions à Montbéliard en raison des mouvements révolutionnaires qui agitent la région, notamment ceux de Belfort. Frédéric-Eugène, prince dont plusieurs des enfants sont liés par mariage à des familles régnantes d'Europe, demande et obtient l'aide de Louis XVI pour faire régner l'ordre. Mais, en mars 1790, deux parties de sa principauté - les Quatre-Terres (pour lesquelles le prince relevait déjà du roi de France) et les seigneuries alsaciennes - sont réunies à la France. En avril 1792, le prince quitte ce qui reste de la principauté et y laisse une régence composée d'officiers. En mai, la déclaration de guerre de l'Empire à la France fait de ce territoire un « ennemi » de la République. Les autorités françaises mettent alors en place un blocus qui prive Montbéliard de ses sources d'approvisionnement en grains et en matières premières. Un parti profrançais commence pourtant à s'y manifester à l'été 1793, notamment parmi les « bourgeois » et les industriels de la ville. Ceux-ci entrent en contact avec le représentant de la Convention, Bernard de Saintes, en mission dans les départements de l'Est, et qui entre à Montbéliard en octobre 1793 avec quelques centaines de soldats. De sa propre initiative, il destitue toutes les autorités constituées et en organise de nouvelles sur le modèle français ; il confisque les caisses publiques et les biens du prince, qu'il transfère à Paris. L'assemblée provisoire de Montbéliard demande la réunion à la France le 20 brumaire an II (10 novembre 1793). Bernard de Saintes, qui se comporte en conquérant brutal, est rappelé un peu plus tard, à l'initiative de Robespierre. Le territoire de la principauté est intégré au département de la Haute-Saône, puis du Mont-Terrible (1797). Cette intégration est entérinée par le traité de Lunéville (1801) entre l'Autriche et la France, qui reconnaît à cette dernière la rive gauche du Rhin. En 1815, Montbéliard est rattachée au département du Doubs, dont elle est aujourd'hui l'une des sous-préfectures.

Montcalm de Saint-Véran (Louis Joseph, marquis de),

maréchal de camp (château de Candiac, près de Nîmes, 1712 - Québec 1759).

Il naît dans une famille noble et, à 15 ans, embrasse la carrière militaire. Très tôt remarqué pour son intelligence, sa spiritualité toute méridionale et sa bravoure, il est fait colonel en 1733. Nommé maréchal de camp en 1756, il est envoyé au Canada pour y défendre contre les Anglais les possessions françaises dans le bassin du Saint-Laurent. Débarqué avec un état-major de qualité mais une trop petite escadre, il ne remporte que des victoires sans lendemain (fort d'Oswego en 1756, fort Henry en 1757). Malgré sa réputation, il n'obtient pas de Versailles les renforts réclamés par son émissaire, Bougainville. Par ailleurs, il doit faire face aux menées du prévaricateur Bigot et à l'absence de soutien des spéculateurs, qui, écrit-il en 1758, « se hâtent de faire fortune avant la perte de la colonie ». Durant l'été 1758, il perd Louisbourg et fort Frontenac, mais repousse les Anglais au fort Carillon. En septembre 1759, il est enfermé dans Québec assiégée par la Royal Navy. Montcalm ne dispose plus que d'une armée affaiblie, écrasée par la supériorité de l'adversaire (12 000 hommes contre 50 000). En outre, quoique fin tacticien, il commet une erreur en protégeant trop peu les berges du Saint-Laurent, dont s'empare le général Wolfe. Lors de l'engagement décisif sur la plaine d'Abraham (14 septembre), Montcalm est grièvement blessé. Il meurt avant la fin des combats à l'issue desquels le Canada est enlevé à la France.

Montchrestien (Antoine de),

dramaturge, entrepreneur et économiste (Falaise, Calvados, vers 1575 - Les Tourailles, Orne, 1621).

Ce fils d'apothicaire est un personnage fougueux, à la vie tumultueuse. À 20 ans, il entame une carrière littéraire et écrit six tragédies, dont Sophonisbe (1596) et Hector (1604). Mais un duel le contraint à s'exiler en Angleterre, en 1604. Il revient en 1611, et installe une petite aciérie à Oussonne-sur-Loire. Dans la perspective de la tenue des états généraux de 1614, il rédige une œuvre majeure : son Traité de l'économie politique (publié en 1615) est le premier du genre. Pour la première fois, la notion d'économie, jusqu'alors réservée aux affaires domestiques, est associée à la politique, c'est-à-dire à la gestion de l'État. Montchrestien reprend ainsi la réflexion de Jean Bodin et des théoriciens de la souveraineté, mais il l'élargit, montrant que la politique doit aussi prendre en charge les problèmes de la production et des échanges, car la gloire du souverain et l'enrichissement de la nation ne font qu'un. Montchrestien donne ainsi un socle théorique plus solide aux idées mercantilistes de son temps. Populationniste, il pense « qu'il n'est de richesse que d'hommes. » Il faut que l'État veille au plein emploi et encourage la production. Toute son action doit être tournée vers le développement et la protection de l'économie nationale. En 1617, Montchrestien est envoyé comme gouverneur à Châtillon-sur-Loire, où il transporte ses ateliers de métallurgie. Impliqué dans un mouvement de révolte protestante dans sa Normandie natale, il est tué dans une escarmouche. Précurseur incompris, il a néanmoins exercé, grâce à son œuvre, une influence souterraine et forte parmi les mercantilistes français.

Montespan (Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de),

favorite de Louis XIV (château de Lussac-les-Châteaux, Vienne, 1640 - Bourbon-l'Archambault, Allier, 1707).