Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
H

Hollande (guerre de),

deuxième guerre, après celle de Dévolution (1667-1668), menée par Louis XIV, et qui oppose la France d'abord aux Provinces-Unies, puis à une vaste coalition européenne (1672-1678).

Bien qu'alliées de la France, les Provinces-Unies veulent borner l'expansion de cette dernière aux Pays-Bas. De son côté, Louis XIV s'est résolu à la guerre. Jaloux du commerce hollandais, Colbert renforce la flotte, tandis que Turenne et Louvois lèvent la plus forte armée d'Europe. Une intense campagne diplomatique est menée pour isoler les Provinces-Unies. Par le traité secret de Douvres (1er juin 1670), Charles II d'Angleterre, tenté par le catholicisme, promet son aide, moyennant un subside annuel. On fait miroiter à l'empereur germanique Léopold Ier un partage des Pays-Bas espagnols ; la neutralité de la Bavière est acquise. Sur le Rhin, l'Électeur de Cologne et l'évêque de Münster dirigent un parti français. Mais quand, en août 1670, les Français chassent de Lorraine Charles IV, hostile à Louis XIV, l'indignation du Saint Empire les contraint à retarder l'offensive.

En mars 1672, Charles II déclare la guerre aux Provinces-Unies. Louis XIV passe le Rhin le 12 juin. Quarante villes sont prises, mais les Hollandais ouvrent les écluses le 20 juin : sans navire - Ruyter a battu la flotte franco-anglaise à Sole Bay, le 7 juin -, le roi échoue devant Amsterdam. Jugés trop faibles, les républicains Jean et Cornelis de Witt sont assassinés, et Guillaume III d'Orange-Nassau, ennemi irréductible de Louis XIV, devient stathouder des Provinces-Unies. La guerre éclair a échoué. Le Brandebourg protestant apporte son soutien aux Hollandais, rejoint en août 1673 par l'Espagne et le le Saint Empire. Face à cette coalition, et malgré la prise de Maastricht, Louis XIV évacue les Provinces-Unies en décembre 1673.

Bien qu'une paix séparée soit conclue, en février 1674, entre l'Angleterre et les Provinces-Unies, sous la pression d'une opinion anglaise sensible aux malheurs d'une nation protestante, la guerre continue. La Franche-Comté est conquise en mai-juin 1674 ; Condé est vainqueur à Seneffe, aux Pays-Bas espagnols, en août ; le Palatinat est dévasté. En octobre, les Impériaux envahissent l'Alsace, néanmoins sauvée par Turenne, à Turckheim, le 5 janvier 1675. Séduite par l'argent français, la Suède attaque le Brandebourg, également en janvier, mais elle est vaincue à Fehrbellin. Au large de la Sicile, Duquesne, envoyé au secours de Messine révoltée contre l'Espagne, bat Ruyter à Augusta, près de Syracuse, le 22 avril 1676. Mais cette victoire est sans lendemain.

Toutefois, en mars 1678, la prise de Gand par Louis XIV offre un gage pour les négociations. À Nimègue, plusieurs traités sont signés : le 10 août 1678, la France et les Provinces-Unies s'accordent pour une paix sans annexion ; le 17 septembre, l'Espagne doit céder à la France la Franche-Comté et douze places des Pays-Bas espagnols, parmi lesquelles Saint-Omer, Ypres, Valenciennes et Cambrai. Arbitre de l'Europe, Louis XIV n'a pourtant abattu aucun de ses ennemis, et l'alliance anglaise s'est révélée fragile.

hommage,

acte par lequel le vassal se déclare l'homme d'un seigneur. De ce rite naît un lien entre les deux parties, que seule la mort peut dissoudre.

Le déroulement de la cérémonie de l'hommage est bien connu, surtout par l'iconographie, rares étant les textes où elle est décrite. Le futur vassal doit répondre à la question : « Veux-tu devenir mon homme ? » Il s'agenouille alors face à son seigneur et place ses deux mains jointes entre les siennes. Celui-ci le relève et scelle le pacte en l'embrassant sur les lèvres.

Placer ses mains entre celles du seigneur revient à accomplir le même geste que le paysan à la recherche d'un protecteur : c'est donc créer une inégalité entre les deux parties et établir une dépendance. Celle-ci constitue le fondement d'obligations pesantes. Le vassal doit obéir en tout à son seigneur, lui apporter l'aide militaire, c'est-à-dire combattre à ses côtés, et le conseil, c'est-à-dire paraître à sa cour. Toutefois, le rite corrige cette inégalité aussitôt qu'elle est établie : la dépendance n'est pas dégradante comme elle l'est pour les paysans. En effet, le seigneur relève son vassal et l'embrasse : il le place ainsi au même niveau que lui et, d'une certaine façon, l'honore. Le vassal fait partie du groupe aristocratique dont il partage le mode de vie, les valeurs et la culture, le fief devant lui permettre de tenir son rang.

Homo erectus,

stade de l'évolution humaine, entre - 1,5 million d'années et - 200 000 ans environ, au cours duquel l'homme apparaît pour la première fois en Europe.

Plus qu'une espèce particulière, Homo erectus est donc un moment dans une évolution continue, entre Homo habilis, d'une part, et les premiers Homo sapiens, de l'autre. C'est en effet avec lui que l'homme « sort » du continent africain pour occuper l'ensemble de l'Ancien Monde. Par rapport à ses prédécesseurs, il possède une capacité crânienne plus grande, qui peut atteindre 1 200 centimètres cubes. La robustesse du squelette, l'absence de menton, l'importance de la denture et du bourrelet sus-orbital (arcade sourcilière), sont des caractères archaïques. Mais le volume crânien et la face prennent place dans le processus continu de l'hominisation, tout comme les capacités psychomotrices qu'atteste l'outillage.

Homo erectus est en effet le premier à maîtriser le feu. En France, les foyers aménagés de la grotte de Lunel, dans l'Hérault, sont parmi les plus anciens connus. Cette maîtrise suppose un rapport nouveau à l'espace, centré autour d'un foyer permanent, mais aussi au temps, lorsqu'il s'agit d'alimenter le foyer. En outre, Erectus fabrique les premiers outils symétriques, les bifaces. Ces lignes inutilement régulières peuvent être mises au compte d'un certain « surplus » psychique, dégagé des strictes nécessités de la survie. On a pu y voir l'une des formes de l'hominisation. En outre, la variété des outils selon les régions démontre qu'il existe désormais une « mémoire culturelle », inscrite dans les objets fabriqués, et qui permet aux différents groupes humains de se distinguer les uns des autres.