Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Dupes (journée des),

journée du 11 novembre 1630, marquée par l'échec du complot fomenté par le parti dévot et Marie de Médicis, mère de Louis XIII, contre Richelieu.

Durant la guerre de Mantoue (1627), Marie de Médicis, imbue d'un pouvoir dont elle ne jouit plus depuis la fin de la régence (1610-1617), profite d'une grave maladie du roi pour lui faire promettre de renvoyer son tout-puissant ministre, le cardinal de Richelieu, à la fin de la guerre. La paix est signée le 13 octobre 1629, mais Louis XIII ne manifeste aucun signe de mécontentement à l'égard de son ministre.

La reine mère s'allie alors au parti dévot, dirigé par Louis et Michel de Marillac, qui critique violemment la coûteuse politique de lutte contre les Habsbourg que mène Richelieu, réclame l'arrêt des hostilités et la réorganisation de l'administration et des finances du royaume. Forte de ce soutien, Marie de Médicis s'entretient, le 10 novembre 1630, avec le roi et Richelieu, paraissant obtenir la disgrâce du Cardinal. Le lendemain, ce dernier se rend au Luxembourg pour « prendre congé de la reine », qu'il surprend en conversation avec son fils. À l'issue d'une scène mémorable, Richelieu se retire, et le roi gagne Versailles sans s'être prononcé. Marie de Médicis, certaine de sa victoire, commence à rassembler autour d'elle ses partisans. Mais, quelques heures plus tard, Louis XIII reçoit Richelieu à Versailles, et lui renouvelle sa confiance. Les comploteurs sont poursuivis : Marie de Médicis est reléguée au château de Compiègne, dont elle s'enfuira en 1631 pour gagner les Pays-Bas ; Michel de Marillac est enfermé à Châteaudun ; quant à son frère Louis, arrêté en Italie, il sera décapité en 1632. Richelieu, qui s'empresse de placer ses fidèles, n'aura plus à affronter d'opposition dangereuse.

En optant pour la politique du Cardinal, Louis XIII affirme son désir d'établir une monarchie autoritaire et puissante face aux Habsbourg, quelles qu'en soient les conséquences sur les finances du pays ; la politique du parti dévot est donc rejetée. L'idée d'une France indépendante et forte en Europe l'emporte sur celle d'une France plus juste et mieux gérée, alliée à l'autre grande puissance catholique, l'Espagne.

Dupleix (Joseph François),

administrateur colonial (Landrecies, Nord, 1697 - Paris 1763).

Grâce aux appuis de son père, Dupleix est nommé membre du Conseil supérieur et commissaire de la guerre à Pondichéry, en 1720. Il y constitue une importante fortune personnelle, tout en faisant preuve de talents d'administrateur qui lui valent d'être nommé gouverneur de Chandernagor (1731), puis de Pondichéry. En 1742, il devient gouverneur général des établissements français de l'Inde, et reçoit, tout comme son prédécesseur Benoît Dumas, le titre de nabab. En 1746, alors que la France et l'Angleterre s'opposent dans la guerre de la Succession d'Autriche, Dupleix enlève Madras aux Anglais, grâce à la flotte de Bertrand de La Bourdonnais, gouverneur des îles Bourbon et de France, auquel il impose de ne pas rendre la ville contre une rançon ; il est néanmoins obligé de la restituer en 1748, après la signature du traité d'Aix-la-Chapelle.

Le grand dessein de Dupleix, auquel la paix avec l'Angleterre lui permet de se consacrer, est d'établir en Inde une sorte de protectorat français. Aussi met-il à profit les querelles de succession entre les multiples principautés pour obtenir des vainqueurs des avantages territoriaux et commerciaux, en échange de son aide militaire. Il parvient ainsi à étendre l'influence française sur un immense territoire - la moitié du Deccan - peuplé par quelque 30 millions de personnes. Pourtant, le projet de Dupleix avorte. Il se heurte aux ambitions anglaises et, surtout, aux réticences de la Compagnie française des Indes, qui refuse de soutenir une politique d'expansion, entendant se limiter à des activités commerciales. Après plusieurs défaites infligées par l'Anglais Robert Clive entre 1751 et 1754, Dupleix, ruiné et désavoué, est rappelé en France par Louis XV. Il meurt dans la pauvreté.

Dupont de l'Eure (Jacques Charles Dupont, dit),

homme politique (Le Neubourg, Eure, 1767 - Rouge-Perriers, id., 1855).

Reçu avocat au parlement de Normandie en 1789, favorable à la Révolution, il est successivement maire, accusateur public, député au Conseil des Cinq-Cents en 1797, puis président de la cour impériale de Rouen, et député en 1813 et 1814. Après Waterloo, il adresse une déclaration aux puissances étrangères en faveur des libertés et proteste contre la dispersion de l'Assemblée par la force. Sous la Restauration, il compte parmi les chefs de l'opposition libérale à la Chambre, ce qui lui vaut d'être célébré par le chansonnier Béranger et d'être destitué de ses fonctions à la cour de Rouen. Après les journées de juillet 1830, il devient commissaire à la Justice dans le cabinet provisoire et reçoit le serment de Louis-Philippe à la Charte révisée qui le proclame « roi des Français » (9 août). Ministre dans le gouvernement Laffitte, il démissionne en décembre quand La Fayette est destitué du commandement de la Garde nationale, et rejoint de nouveau l'opposition en tant que député. Le 24 février 1848, il est élu président de l'Assemblée envahie par les insurgés, proclame la République, puis est choisi comme président du Gouvernement provisoire, dont il est le doyen. Ayant remis la démission de son gouvernement et refusé d'entrer à la Commission exécutive du fait de son grand âge, il redevient député mais ne siège pas régulièrement. Il renonce peu après à la vie politique. Gambetta lui rendra hommage, le 4 septembre 1881 au Neubourg, lors de l'inauguration d'un monument en son honneur.

Dupont de Nemours (Pierre Samuel),

économiste et homme politique (Paris 1739 - Eleutherian Mills, États-Unis, 1817).

Fils d'un horloger calviniste, autodidacte, Dupont se révèle un « bourgeois conquérant » aux convictions profondément libérales. Disciple de Quesnay - il est un des animateurs de l'école physiocratique - et ami de Turgot, il est nommé par ce dernier inspecteur général des manufactures en 1774. Après la disgrâce de Turgot, il est protégé par Vergennes et prend en charge le commerce extérieur, participant à ce titre à la négociation du traité de libre-échange avec l'Angleterre (1786).