Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
G

gauchisme. (suite)

On assiste toutefois à un certain renouveau sous l'impulsion de leaders « historiques » comme Arlette Laguiller de Lutte Ouvrière, qui obtient aux alentours de 5 % lors des élections présidentielles de 1995 et 2002 et de nouveaux militants tel Olivier Besancenot de la Ligue communiste révolutionnaire. Un certain rapprochement de ce dernier avec le PCF se dessine même.

Gaudin (Martin Michel Charles),

financier et homme politique (Saint-Denis 1756 - Gennevilliers 1841).

Entré à 17 ans comme commis dans les bureaux des contributions publiques, il en devient, trois ans plus tard, directeur général, puis est nommé, en 1791, commissaire responsable de la recette à la Trésorerie nationale, institution créée par l'Assemblée constituante. Cette ascension exceptionnellement rapide dans l'administration des finances ne trahit pas un manque de convictions. Au contraire, après avoir proposé deux fois - et publiquement - sa démission (qui lui a été refusée), il abandonne finalement ses fonctions en 1795, et décline le poste de ministre des Finances du Directoire, puis celui de commissaire à la Trésorerie. En 1798, il finit par accepter d'être nommé commissaire de l'administration des Postes, avant que son expérience de technicien et l'appui de Sieyès ne le recommandent auprès de Bonaparte, qui en fait son ministre des Finances en novembre 1799, deux jours après le coup d'État du 18 brumaire. Gaudin assumera cette fonction durant tout le Consulat et l'Empire, et, de nouveau, pendant les Cent-Jours. Privé de la direction du Trésor, qui est sous la responsabilité de Mollien, il se consacre à la réorganisation de l'administration des impôts, et crée celle des contributions directes. Il est, en outre, à l'origine de la fondation de la Cour des comptes et de la Banque de France. Sa fidélité politique à l'Empereur, qui l'a fait duc de Gaète en 1809, ne l'empêche pas d'être, de 1820 à 1834, gouverneur de la Banque de France.

Gaule

La Gaule, en tant qu'entité ethniquement homogène et délimitée qui aurait immédiatement précédé la France proprement dite, est en grande partie une construction des historiens du XIXe siècle : César lui-même, notre principale source d'information, y distinguait trois régions culturellement bien distinctes.

La Gaule ne se confond pas non plus avec l'ensemble celtique, qui s'étendait jusqu'en Europe centrale. La colonisation romaine a néanmoins constitué un premier moment d'unification de l'actuel territoire français, même s'il était morcelé en plusieurs entités administratives.

L'émergence des Celtes

Comme le reste de l'Europe, la France a d'abord été occupée, au paléolithique, par des Homo erectus, il y a environ un million d'années. Puis sont apparus des néanderthaliens, il y a 300 000 ans, et, enfin, des Homo sapiens sapiens, il y a 30 000 ans. Le néolithique, caractérisé par l'agriculture sédentaire et l'élevage, a constitué ensuite une étape décisive dans l'histoire du peuplement. Vers le début du VIe millénaire, des populations de colons néolithiques d'origine proche-orientale atteignent le midi de la France en longeant les côtes de la Méditerranée (culture cardiale). D'autres, remontant le bassin du Danube, pénètrent dans le Bassin parisien vers le début du Ve millénaire (culture rubanée), se mêlant, comme dans le Sud, aux populations, beaucoup moins nombreuses, des chasseurs-cueilleurs autochtones, les Tardenoisiens. Ces populations sont affectées, aux IVe et IIIe millénaires, par les mouvements internes et externes propres au chalcolithique : d'une part, l'apparition progressive des sociétés hiérarchisées (monuments mégalithiques, métallurgie de l'or et du cuivre) ; d'autre part, des mouvements ethniques complexes, tels ceux liés au phénomène campaniforme.

C'est au début du IIe millénaire, avec l'avènement de l'âge du bronze, que l'Europe se stabilise en plusieurs grands ensembles ou « complexes » culturels, mais aussi techniques et économiques, qui resteront relativement stables jusqu'à l'émergence, au sein de chacun d'entre eux, de « peuples » attestés par les textes des historiens antiques. L'actuel territoire français se répartit lui-même entre plusieurs de ces ensembles. La façade atlantique, de l'Aquitaine à la Normandie, constitue, avec les îles Britanniques et le nord-ouest de l'Espagne, le « complexe atlantique ». Celui-ci se définit par une brillante métallurgie du bronze, que permettent les mines d'étain de Bretagne ou de Cornouailles ; au début de l'âge du bronze ancien, en particulier, de très riches tombes sous tumulus sont aménagées, tant en Bretagne (culture des tumulus armoricains) que dans le sud de la Grande-Bretagne (culture du Wessex). En revanche, le Languedoc paraît se trouver plutôt sous l'influence du « complexe ibérique » - on y parlait une langue ibérique dans les derniers siècles avant notre ère (inscriptions d'Ensérune) -, tandis que la Provence et une partie des Alpes entretiennent des relations étroites avec le « complexe italique ».

Enfin, une grande moitié orientale du Bassin parisien ainsi que tout le nord-est du pays font partie, avec le sud de l'Allemagne, la Bohême, la Suisse et l'Autriche, du « complexe nord-alpin ». Ce dernier est défini à l'âge du bronze ancien par la « culture d'Unĕtice », suivie au bronze moyen par celle « des tumulus », puis, au bronze final, par le « groupe Rhin-Suisse-France orientale », qui se caractérise par une poterie noire aux formes très profilées. C'est au sein de ce vaste ensemble qu'émergent, à l'âge du fer, à partir du VIIIe siècle avant notre ère, les sociétés décrites comme « celtiques » ou « gauloises » par les historiens grecs et romains. Cependant, rien ne témoigne d'une unité politique, voire idéologique, au sein d'un tel ensemble ; du moins, de complexes réseaux d'échanges et de circulation y ont assuré au fil des siècles une certaine homogénéité des techniques et de la culture matérielle.

Les Celtes et la Méditerranée

Le premier âge du fer (de 750 à 480 avant J.-C. environ) est dénommé, pour l'ensemble de l'Europe, « période de Hallstatt ». Ce nom désigne aussi, plus spécifiquement, le complexe nord-alpin tel qu'il se présente durant cette période - la richesse de la nécropole de Hallstatt, en Autriche, étant liée à l'exploitation des mines de sel gemme toutes proches. Au sein de ce complexe, une zone particulière limitée au nord-est de la France et au sud-ouest de l'Allemagne ainsi qu'à la Suisse se dégage : la zone des « résidences princières ». Durant le VIe siècle en effet, apparaissent de puissantes bourgades fortifiées, régulièrement échelonnées tous les cinquante ou soixante kilomètres, et contrôlant un réseau hiérarchisé de villages et de hameaux. Les plus connues sont, en Allemagne, la Heuneburg ou le Hohenasperg, et, en France, le mont Lassois en Côte-d'Or. C'est au pied de ce dernier que fut découverte la célèbre tombe de Vix, où une princesse celte était inhumée à côté d'un char de parade à quatre roues renforcées de bronze, et surtout à côté d'un immense cratère grec en bronze, le plus grand de l'Antiquité. De telles tombes, comme celle de Hochdorf en Allemagne, toujours implantées à proximité de résidences princières, témoignent de la montée de petites principautés dont le pouvoir et le prestige se fondent sur le contrôle de relations commerciales avec le monde méditerranéen.