Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F

folie. (suite)

En ce début du XXIe siècle, le mot « folie » dans son acception pathologique est à peu près sorti de l'usage courant. Cette marginalisation tient d'abord à un moindre recours à l'internement psychiatrique, mais aussi à la montée en puissance des diverses formes de dépression. La très forte consommation de psychotropes, dont la France détient le record européen, renvoie en définitive à un déplacement des perturbations mentales. Comme si la « folie » et ses formes redoutables s'étaient diffractées en une multitude de malaises, de troubles et d'angoisses, inscrits dans le quotidien psychologique et social des Français.

Fontainebleau (adieux de),

cérémonie tenue au château de Fontainebleau, le 20 avril 1814, marquant le départ de Napoléon Ier pour l'île d'Elbe.

Au lendemain de la capitulation de Paris (30 mars 1814), terme de la campagne de France qui voit l'invasion du pays par l'Europe coalisée, l'Empereur se replie au château de Fontainebleau. Déchu par le Sénat et par le Corps législatif, qui appellent Louis XVIII au pouvoir, et abandonné par ses maréchaux, il renonce à ses plans d'attaque, et abdique sans conditions le 6 avril. Après avoir tenté de se suicider, il se résigne à l'exil. Au moment du départ, il fait ses adieux à la Garde impériale réunie dans la cour du château : « La guerre était interminable, déclare-t-il dans une brève allocution ; c'eût été la guerre civile, et la France n'en serait devenue que plus malheureuse. » Devant ses soldats en pleurs, Napoléon embrasse le drapeau, puis monte dans la voiture qui l'emporte vers l'île d'Elbe.

L'estampe reproduisant à des millions d'exemplaires la cérémonie des adieux est devenue sujet de propagande : digne et émouvante, la scène, souvent représentée dans les manuels scolaires, suggère le sacrifice personnel de Napoléon, à la fois héros et martyr, s'effaçant devant les intérêts de la patrie, emportant les regrets de ses troupes et, en apparence, du pays. L'événement, entré dans la légende napoléonienne, appelle la revanche sur un Louis XVIII qui doit son trône à l'invasion étrangère. Ce sera chose faite, près d'un an plus tard, avec le retour de l'île d'Elbe - le « vol de l'Aigle » -, nouvel épisode du mythe napoléonien.

Fontainebleau (château de),

illustre résidence royale devenue propriété de l'État, composée de plusieurs bâtiments hétéroclites qui témoignent de tous les styles du XVIe au XIXe siècle.

C'est sous l'impulsion de Saint Louis que le modeste rendez-vous de chasse de Louis VII se transforme en château : dominés par un donjon rectangulaire, les bâtiments encadrent la cour dite « Ovale ». Trois siècles plus tard, François Ier, fasciné par l'exemple des princes italiens, entend créer un ensemble palatial à l'architecture éclatante. Il décide de ne conserver des bâtiments médiévaux que le donjon, tout en respectant le plan de la cour. Le maître maçon Gilles Le Breton trace les plans, tandis que la décoration intérieure est exécutée par des artistes italiens, dont le Primatice et le Rosso ; ces derniers forment, avec leurs collaborateurs français, ce qu'il est convenu d'appeler l'école de Fontainebleau. Entre 1530 et 1540, un château entièrement neuf surgit, articulé autour de la vaste cour rectangulaire dite « du Cheval-Blanc ». Les jardins sont également aménagés. Sous Henri II, c'est Philibert Delorme qui œuvre à la poursuite des travaux d'architecture. Délaissé pendant la période des guerres de Religion, l'édifice s'agrandit considérablement sous Henri IV (cour des Offices, cour des Princes, salle de jeu de paume) ; le grand canal creusé en direction de l'est ouvre une imposante perspective. Il devient résidence d'automne sous Louis XIV, et ses jardins sont redessinés par Le Vau et Le Nôtre dans un style sobre et majestueux. Louis XV et Louis XVI inscrivent également la marque de leurs règnes dans des travaux de réaménagement et de décoration. Épargné par la Révolution, Fontainebleau devient la principale résidence de Napoléon hors de Paris ; l'Empereur y fait modifier l'architecture intérieure et l'ameublement. Sous la Restauration et le Second Empire, les interventions n'ont pas toujours été heureuses - suppression, par exemple, des fresques de la Renaissance.

L'ancienne résidence royale, riche des marques apposées par les souverains successifs, est devenue aujourd'hui un musée de peinture, mobilier et tapisserie. Par-delà sa fonction résidentielle, le château de Fontainebleau a été à plusieurs reprises le théâtre de décisions qui ont scellé le destin national : Louis XIV y a signé la révocation de l'édit de Nantes en 1685, et Napoléon, sa première abdication en 1814.

Fontaine-Française (bataille de),

victoire d'Henri IV sur les Espagnols et les troupes de la Ligue, le 5 juin 1595.

Allié de la Ligue depuis 1584, Philippe II d'Espagne lutte aux côtés des ligueurs contre Henri IV dès l'avènement de ce dernier (1589). Mais Henri IV ne lui déclare officiellement la guerre que le 17 janvier 1595 ; il espère ainsi bénéficier d'un large soutien national et discréditer les princes ligueurs en les faisant apparaître comme des traîtres. La menace militaire espagnole est diffuse, de la Bretagne à la Picardie. Henri IV choisit d'intervenir sur le front bourguignon avec 3 000 hommes, au moment où plus de 12 000 soldats traversent la Saône sous le commandement du connétable de Castille. Le 5 juin, les Espagnols franchissent la Vingeanne près de Fontaine-Française, à 30 kilomètres au nord de Dijon. Le roi s'interpose avec quelques centaines d'hommes ; l'affrontement est bref, mais les Espagnols, croyant à la présence de toute l'armée royale, se replient vers la Franche-Comté. Ce bel exemple d'« intoxication » réussie est habilement transformé par la propagande en une éclatante victoire, dont l'écho est plus grand, semble-t-il, que celui de tous les succès précédents d'Henri IV. Le roi de France peut ainsi assurer la reprise en main de la Bourgogne, tenue jusque-là par le duc de Mayenne, frère d'Henri de Guise, et successeur de ce dernier à la tête de la Ligue. Mais la paix se fera attendre encore trois ans.

Fontanes (Louis de),

homme de lettres et homme politique (Niort 1757 - Paris 1821).