Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
G

GPRF (Gouvernement provisoire de la République française),

nom donné au gouvernement issu du Comité français de libération nationale, et proclamé à Alger le 3 juin 1944.

Sa constitution ouvre une période de transition entre la fin du régime de Vichy et la mise en place de la IVe République, en janvier 1947.

La proclamation du Gouvernement provisoire marque le début de la reconstruction politique voulue par la Résistance intérieure et extérieure. Dans un premier temps, de la libération de Paris à l'automne 1945, il réalise un consensus en rassemblant les partis autour du général de Gaulle, afin de poursuivre la guerre. Il est assisté d'une Assemblée consultative formée de membres désignés par les formations politiques et les mouvements de résistance. Le gouvernement d'« unanimité nationale » du 9 septembre 1944 réunit des personnalités telles que Jules Jeanneney, Georges Bidault, Robert Lacoste, René Pleven, Pierre Mendès France ou Charles Tillon. Il s'agit alors de consolider l'autorité du GPRF face aux pouvoirs locaux - notamment communistes - établis à la faveur des combats de la Libération, et face aux empiétements des Alliés, qui le reconnaissent enfin de jure le 23 octobre 1944. Cette remise en ordre du pays s'accompagne d'un processus d'épuration qui fait près de 10 000 victimes. À l'extérieur, le GPRF obtient une zone d'occupation française en Allemagne et un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. À l'intérieur sont lancées les grandes réformes de structures qui permettent la reconstruction économique et sociale (nationalisations, comités d'entreprise, Sécurité sociale).

À l'issue des élections d'octobre 1945, trois forces politiques se dégagent, qui revendiquent l'exercice du pouvoir. Le général de Gaulle, qui s'est prononcé pour un autre style de gouvernement, est contraint au départ le 20 janvier 1946. L'accord conclu trois jours plus tard entre le Mouvement républicain populaire (MRP), les socialistes et les communistes donne naissance au tripartisme. Mais cette alliance est vite brisée par des désaccords profonds sur la forme de la Constitution à donner à la France. Après le rejet, par le référendum du 5 mai 1946, du projet constitutionnel, l'élection de la seconde Assemblée constituante le 2 juin 1946 donne une place prééminente à la « troisième force », qui comprend le MRP, les radicaux et les modérés. Georges Bidault prend les fonctions de chef du GPRF le 26 juin, et, le 13 octobre 1946, le second projet de Constitution est approuvé. Après les législatives de novembre 1946, qui révèlent la puissance du Parti communiste, les institutions de la IVe République se mettent en place. Le 16 janvier 1947, Vincent Auriol en devient le premier président.

grains (circulation des).

Les céréales (bleds) constituent une part essentielle de l'alimentation populaire sous l'Ancien Régime.

Or les crises de subsistance dues aux aléas climatiques sont récurrentes au XVIIe siècle, et, même si la production augmente après 1750, l'accroissement de la population maintient une forte tension sur le marché des grains. La lenteur des transports ne permet guère de compensation interrégionale, entre zones de bonne et de mauvaise récolte. D'où l'inquiétude des populations, qui attendent du roi qu'il veille à leur approvisionnement, en bon père nourricier. Dans ce but, la monarchie a mis en place un système de surveillance des prix (le relevé hebdomadaire des mercuriales) et toute une réglementation (enregistrement des marchands ; ventes uniquement sur les marchés publics ; limitation des exportations, de la circulation extrarégionale et du stockage). Elle entend ainsi empêcher que l'augmentation de la demande dans les régions déficitaires ou la spéculation ne provoquent une flambée générale des prix.

Cette sévère « police des grains » est contestée par les physiocrates et les libéraux, pour qui ces entraves supplémentaires à la circulation des grains ne font qu'aggraver le mal. Selon Quesnay et Turgot, la seule solution de fond aux pénuries récurrentes consiste au contraire à libérer le commerce, pour laisser le marché fixer seul le « bon prix » du blé. Rendue ainsi plus rémunératrice, la production se trouvera stimulée, les investissements seront encouragés, et la pénurie, à terme, sera définitivement écartée. Mais que se passera-t-il avant que la liberté produise ses effets supposés ? Les partisans de la réglementation redoutent précisément une hausse des prix qui pénaliserait la masse du peuple, consommateur de grains bien plus que vendeur. Rien ne prouve que la hausse de la production fera à terme baisser à nouveau les prix. Galiani, Linguet et Mably prévoient que la liberté du commerce ne bénéficiera qu'aux riches marchands, rendus maîtres du marché.

En 1763-1764, les libéraux tentent une première expérience de libre circulation des grains, mais ils doivent y renoncer en raison des émeutes : le peuple se sent trahi par le roi, que l'on dit lié par un « pacte de famine » avec les spéculateurs. De même, en 1774, quand Turgot abroge les contrôles intérieurs, alors que les récoltes sont maigres, la rumeur de l'accaparement provoque, à Paris surtout, une révolte appelée la « guerre des farines » (avril-mai 1775). Après le renvoi de Turgot, Necker s'empresse, en 1776, de rétablir la police des grains. Jusqu'aux émeutes frumentaires de 1789, une transition sans heurt vers le libéralisme paraît alors impossible.

Grande Armée (la),

nom donné aux armées commandées personnellement par Napoléon Ier entre 1805 et 1814.

L'expression apparaît lors de la campagne de 1805. Les forces mises alors en mouvement forment la base autour de laquelle se construisent les différentes armées engagées jusqu'en 1808. En 1809 naît une deuxième Grande Armée, puis, en 1812, une troisième. Enfin, la quatrième est levée en 1813-1814.

La Grande Armée de 1805-1808 - environ 200 000 hommes - est largement composée de soldats qui ont participé à tous les combats de la République. Les officiers sont pour moitié issus de l'armée royale et, pour l'autre moitié, des volontaires de 1791-1792. Il s'agit donc d'une force très expérimentée, à la moyenne d'âge élevée (38 ans pour les officiers). Sa constitution est quasiment inchangée quand débute la campagne de 1806.