Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
G

Galliffet (Gaston Alexandre Auguste, marquis de),

général et homme politique (Paris 1830 - id. 1909).

Brillant officier en Crimée, en Italie, au Mexique, il prend le commandement de la cavalerie à Sedan, en 1870, ce qui lui vaut le titre de général. Fait prisonnier, il est libéré par Bismarck. Il est remarqué ensuite pour sa dureté dans la répression de la Commune, désignant arbitrairement les prisonniers à fusiller sur place. Un reporter du Daily News note qu'il n'était pas bon d'être « sensiblement plus grand, plus petit, plus sale, plus propre, plus vieux ou plus laid que son voisin ». Gouverneur de Paris en 1880, lié aux gambettistes, il quitte le service actif en 1885. En 1899, Waldeck-Rousseau le nomme ministre de la Guerre dans le gouvernement de Défense républicaine, pour rassurer l'armée et la faire obéir : sa première circulaire est marquée par le mot d'ordre « Silence dans les rangs ! ». À la Chambre, aux socialistes qui le huent, rappelant son rôle en 1871, Galliffet répond, impavide : « Assassin, présent ! » Il veut tourner la page de l'affaire Dreyfus, souhaite un acquittement, mais croit le pays hostile, et cherche à minimiser l'Affaire, déclarant après l'octroi de la grâce présidentielle que l'incident est clos. En même temps, mutations et retraites lui permettent d'épurer l'armée, et les nominations à tous les grades passent des officiers les plus anciens au ministre, donc au pouvoir politique. Fatigué, Galliffet démissionne en mai 1900. « Le bourreau de la Commune » aura néanmoins réussi à esquisser la « républicanisation » de l'institution militaire, et à lui faire accepter la libération du capitaine Dreyfus.

gallo-romain,

terme apparu au XIXe siècle, et dont l'usage commode cache mal la difficulté de démêler l'écheveau des influences celtique et romaine dans la Gaule conquise.

Si les différences avec l'Orient romain sont sensibles, elles sont moins perceptibles avec les autres provinces issues du monde celtique. En architecture, les écarts sont minimes, à l'exception du fanum, temple à plan centré, souvent carré, et du théâtre-amphithéâtre : les deux monuments sont fréquemment associés à des thermes dans des espaces ruraux inhabités, mais on ignore s'il s'agit de la parure urbaine de villages associés ou bien de sanctuaires. L'existence d'une sculpture gallo-romaine originale, caractérisée par l'humanisation des figurations divines et par le réalisme permanent des représentations funéraires (mausolée d'Igel), demeure, quant à elle, problématique.

C'est dans le domaine religieux que le syncrétisme est le plus vif : l'interprétation romaine des dieux celtiques (Mars Ségomo) ne supprime pas les divinités indigènes (Sucellus) ou topiques (Nemausus). Cela dit, il ne faut pas minimiser le succès des dieux purement romains que diffusa la religion civique des cités, d'autant que les cultes orientaux se limitèrent à certains groupes sociaux (soldats, fonctionnaires, négociants d'origine orientale). Quand, au IVe siècle, l'évêque Martin de Tours s'attaque au paganisme des campagnes, il ne se heurte donc pas à des traditions celtiques séculaires, mais aux cultes de la vie municipale, résultant d'une fusion cultuelle vieille de quatre siècles.

Gambetta (Léon),

homme politique, l'un des fondateurs et l'une des figures emblématiques de la IIIe République (Cahors, Lot, 1838 - Ville-d'Avray, Hauts-de-Seine, 1882).

Gambetta joue un rôle décisif dans les premières années de la IIIe République, alors que le pays est encore sensible aux attraits du régime monarchique. Il est l'un des artisans de la conversion de la France à l'idée républicaine, tâche à laquelle il s'astreint sans relâche de 1870 à 1880. Il marque l'histoire politique de cette période bien plus par sa popularité, son verbe, son approche pragmatique, que par ses deux - brèves - expériences gouvernementales, en 1870-1871 puis en 1881-1882.

Un républicain sous l'Empire.

• Fils d'un Génois émigré qui tient un bazar à Cahors, il est avocat à Paris dès 1860, il se rend célèbre, en 1868, en défendant Louis Delescluze, poursuivi par le gouvernement impérial pour avoir lancé une souscription afin d'ériger un monument à la mémoire du député Baudin, mort sur les barricades en s'opposant au coup d'État du 2 décembre 1851. Sa plaidoirie, vibrante de passion républicaine, est un réquisitoire contre le régime. Il incarne alors la génération républicaine qui supplante celle des combattants de 1830 et de 1848. Il est élu député de Belleville, en 1869, en défendant un programme « radical » qui représentera une référence durant de nombreuses années : suffrage universel ; libertés individuelle, de réunion, d'association, et de la presse ; séparation des Églises et de l'État ; suppression des armées permanentes ; instruction primaire gratuite, laïque et obligatoire. Le 4 septembre 1870, trois jours après la défaite de Sedan, il fait acclamer la déchéance de Napoléon III au Palais-Bourbon, et proclame la République, avec Jules Favre et Jules Ferry, à l'Hôtel de Ville.

L'organisateur de la « Défense nationale ».

• Ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de la Défense nationale, il soutient l'idée qu'il faut mobiliser toutes les énergies pour défendre « la patrie en danger ». Il quitte en ballon Paris assiégé par les Prussiens, et dirige avec vigueur, à Tours puis à Bordeaux, la délégation gouvernementale chargée d'organiser la résistance depuis la province. Son action, marquée par la référence à Valmy et au gouvernement de Salut public, est énergique : il réussit à regrouper 500 000 hommes, et à réorganiser trois armées, qui, toutefois, manquent d'officiers qualifiés et ne peuvent contenir la poussée allemande. Par ailleurs, son appel à la résistance de la population a été entendu, mais il ne sait pas en tirer parti. Hostile à l'arrêt des combats, il ne parvient pas, cependant, à entraîner derrière lui ses collègues du gouvernement, ni un pays qui, majoritairement, souhaite la paix. Après la capitulation de Paris et la signature d'un armistice (28 janvier 1871) qui l'indigne, Gambetta se voit refuser l'inéligibilité de l'ancien personnel impérial. Il quitte le gouvernement le 6 février. Élu député à l'assemblée nationale dans neuf départements, il choisit de représenter le Bas-Rhin en février, mais il démissionne au lendemain du traité de Francfort, pour protester contre la cession de l'Alsace-Lorraine à l'Allemagne.