Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

Aquitaine, (suite)

Les mutations de l'époque contemporaine.

• Dès 1814, Bordeaux se rallie à la monarchie, avant de s'identifier à l'orléanisme. Très modérément bonapartiste, puis républicaine, l'Aquitaine reste à l'écart des grands affrontements idéologiques, et le syndicalisme n'y est pas virulent. En effet, la première révolution industrielle n'atteint pas la région. Outre la viticulture, qui se développe intensivement au milieu du XIXe siècle, avant d'être durement frappée par le phylloxéra, une grande industrie, notamment chimique et métallurgique, s'implante à Bordeaux après 1880. Le port est désormais tourné vers l'Afrique. Après 1850, la polyculture aquitaine souffre de son archaïsme, tandis que le boisement des Landes fournit à celles-ci, via l'exploitation du bois et de la résine, une source de prospérité inespérée.

« Capitale tragique » de la France en 1870, Bordeaux l'est de nouveau en 1914 et en 1940, mais la ville échappe aux graves destructions. L'entre-deux-guerres constitue une période de déclin économique et démographique. La personnalité politique dominante est alors le maire de Bordeaux, Adrien Marquet, et l'une des originalités politiques de la région réside dans l'implantation du communisme en milieu rural, tandis que les basses Pyrénées demeurent fidèles à la droite. Alors que la Dordogne devient un haut lieu de la Résistance, Bordeaux résiste peu, mais élit comme député-maire, en 1947, un grand résistant : Jacques Chaban-Delmas, qui ne cédera sa place à Alain Juppé qu'en 1995. Après la guerre, des industries anciennes disparaissent, mais, autour de la capitale régionale, de nouvelles activités industrielles (aéronautique, aérospatiale, automobile) se développent, tandis que l'exploitation du gaz de Lacq crée, près de Pau, un pôle industriel. Le vignoble reste le secteur agricole le plus prospère ; en revanche, la forêt périclite, la polyculture traditionnelle s'effondre, et les cultures maraîchères et arbustives résistent mal à la concurrence européenne. Le tourisme - balnéaire, vert et culturel, notamment autour des sites préhistoriques de Dordogne - est l'un des grands espoirs d'une Région qui, avec sa cuisine, se veut celle du bon - et du bien - vivre.

Aquitaine (royaume d'),

royaume carolingien (781-877), s'étendant de la Garonne à la Loire et de l'Océan aux Cévennes.

L'Aquitaine des temps mérovingiens et carolingiens conserve l'empreinte d'un passé romain qui constitue la base de son particularisme. Faiblement peuplée par les Wisigoths, qui l'ont envahie au Ve siècle, la région est conquise par Clovis en 507 et divisée par les rois francs lors des partages successoraux. Lorsque, au VIIe siècle, la Gaule retrouve un semblant d'unité sous le règne de Dagobert, celui-ci fait de la province un royaume pour son frère Caribert (629). Éphémère - Caribert meurt en 632 -, ce premier royaume aquitain dut faire face aux incursions répétées des Vascons, venus de la Navarre espagnole. Soumis en 635, les Vascons conservent un duc particulier, et l'Aquitaine passe, elle aussi, aux mains de ducs totalement indépendants des rois francs. Cette situation se prolonge malgré l'incapacité des ducs aquitains à faire face à l'invasion arabe. En 731, le duc Eudes est ainsi contraint de faire appel au Franc Charles Martel, victorieux des Arabes à Poitiers en 732. L'Aquitaine est désormais sous l'influence des fonctionnaires francs.

De 765 à 778, Charlemagne mène campagne contre les ducs Waifre et Hunald, contre les Vascons et contre les Sarrasins, puis, à la naissance de son fils Louis - futur Louis le Pieux -, fait de l'enfant le roi des Aquitains. L'existence de ce royaume facilite l'administration de Charlemagne en Aquitaine. Lorsque Louis devient empereur, en 814, il confie le royaume d'Aquitaine à son fils Pépin. La naissance de Charles le Chauve remet en cause les dispositions prises, et l'Aquitaine devient enjeu des partages et traités, au grand dam des Aquitains, qui se révoltent en 839. L'Aquitaine est disputée entre Charles le Chauve et Pépin II, fils du premier Pépin d'Aquitaine ; Charles le Chauve l'emporte pour faire aussitôt don de l'Aquitaine à son fils Charles, dit Charles l'Enfant, puis, à la mort de ce dernier, à son fils Louis le Bègue, qui devient roi en 877. Le royaume d'Aquitaine est alors uni au royaume de France.

Le royaume d'Aquitaine n'a jamais été, sous les Carolingiens, un royaume souverain. Les efforts royaux pour combattre le particularisme, fonder des monastères, faire décliner les lois barbares et contribuer au mélange des populations ont profité à des dynasties princières capables de recueillir un pouvoir vacant et de fonder leur légitimité héréditaire. Le royaume d'Aquitaine a ainsi préparé la principauté territoriale qui allait devenir le duché d'Aquitaine.

Arago (François),

savant et homme politique (Estagel, Pyrénées-Orientales, 1786 - Paris 1853).

Polytechnicien à 17 ans, membre de l'Académie des sciences six ans plus tard, François Arago s'impose rapidement comme l'une des figures marquantes de la science de son temps. Il mène de pair des recherches fondamentales en physique et en astronomie, et une inlassable activité d'enseignant et de vulgarisateur. C'est ainsi qu'entre 1812 et 1845 il dispense des cours d'astronomie très prisées à l'Observatoire de Paris, dont il devient directeur à partir de 1830. La notoriété dont il jouit contribue à ses succès politiques. Élu député des Pyrénées-Orientales en 1830, il siège à la gauche de l'Assemblée jusqu'en 1848. Il défend les intérêts de son électorat catalan, et il mène d'ardents combats contre les orientations du régime de Juillet, notamment sur les questions de la souveraineté populaire et de l'instruction publique. Républicain modéré au lendemain de la révolution de février 1848, il entre au Gouvernement provisoire, devient ministre de la Marine - c'est alors qu'il abolit l'esclavage dans les colonies françaises - et ministre de la Guerre, puis l'Assemblée l'élit triomphalement à la commission exécutive. Son influence décline après les journées de juin 1848. Membre de l'Assemblée législative en 1849, il refuse de cautionner le coup d'État du 2 décembre 1851, et échoue aux élections législatives de mars 1852 face au candidat de la préfecture.