Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Cosquer (grotte),

grotte peinte paléolithique, située près de Marseille, et qui n'est accessible que par une galerie sous-marine.

Découverte en 1985 par Henri Cosquer, un plongeur professionnel, mais portée à la connaissance du public en 1991, elle se présente comme une vaste salle ornée de stalagmites, à l'issue d'une galerie oblique de plusieurs centaines de mètres, dont l'entrée est aujourd'hui couverte par la mer, à près de 40 mètres de profondeur. À l'époque de l'occupation de la grotte, durant la dernière glaciation, le niveau marin se situait à une centaine de mètres au-dessous du niveau actuel. La salle principale de la grotte, tout juste hors d'eau, comporte une cinquantaine de peintures, de multiples gravures et un grand nombre de signes tracés au doigt dans l'argile tendre. Les peintures sont, pour moitié, des « mains négatives », obtenues par la projection de couleur tout autour d'une main posée à plat sur la paroi, et, pour moitié, des représentations d'animaux (bisons, chevaux, cerf, bouquetin, mais aussi pingouins - une espèce figurant exceptionnellement dans l'art paléolithique). Les gravures représentent également des animaux, ainsi que des motifs qui demeurent difficiles à interpréter. À l'instar de celui de Lascaux, l'art de la grotte Cosquer date du solutréen, une civilisation du paléolithique supérieur comprise entre 15 000 et 20 000 ans avant J.- C. environ.

Coty (René),

homme politique, président de la République de 1953 à 1959 (Le Havre, Seine-Inférieure, 1882 - id. 1962).

Fils d'un directeur d'école privée, René Coty, inscrit au barreau de sa ville natale en 1902, débute dans la carrière politique sous la houlette de Jules Siegfried, notable républicain modéré du Havre. D'abord élu local, il devient député en 1923, et siège à la Chambre en tant que « républicain de gauche » (en fait, modéré de centre droit) jusqu'à son accession au Sénat, en 1935. Partisan d'une rationalisation du travail parlementaire, il figure à la commission de réforme de l'État instituée en 1934, mais il ne peut faire aboutir ses propositions, qui tendaient, notamment, à limiter le droit d'amendement. Ayant émis un vote en faveur des pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940, il est, à la Libération, relevé de son inéligibilité pour faits de Résistance. Membre du Conseil de la République, dont il devient vice-président en 1952, René Coty, qui siège parmi les Indépendants, est choisi par son parti comme candidat à la présidence de la République, en 1953. Le vote s'avère particulièrement difficile : Coty, désigné au onzième tour, peu connu du public mais resté sur la réserve durant la querelle de la CED, est élu le 23 décembre. Scrupuleux gardien du texte constitutionnel, il n'en déplore pas moins le dérèglement des institutions. Au cours de la crise de mai 1958, il joue un rôle décisif dans le rappel du général de Gaulle, qui lui apparaît comme le seul recours, et qui lui succède à la présidence, le 8 janvier 1959. Toutefois, demeuré fidèle au régime parlementaire, Coty désapprouve la réforme de 1962, qui, en instituant l'élection du président de la République au suffrage universel, déséquilibre les pouvoirs au profit de l'exécutif.

Coubertin (Pierre de Fredy, baron de)

rénovateur des jeux Olympiques (Paris 1863 - Genève 1937).

Le nom de Pierre de Coubertin reste attaché à la renaissance des Jeux ; l'image mythique d'un humaniste, pacifiste et promoteur de la démocratisation de la pratique sportive, lui vaut un éloge rituel lors des discours conventionnels. En fait, la réalité est plus complexe : elle ressort de son parcours personnel - son milieu, ses 70 000 pages de publications quasi ignorées - et de son action en faveur de la rénovation pédagogique.

Jeune aristocrate issu d'une famille monarchiste, formé par les jésuites, et ayant poursuivi des études de sciences politiques, Coubertin se reconnaît vite dans la grande bourgeoisie républicaine et libérale, influencée par Le Play. À 20 ans, il découvre le système éducatif britannique, moderne et ouvert à l'initiative, intégrant les sports, dans lesquels il voit un instrument pour la formation d'un homme libre, entreprenant, dynamique, ainsi qu'un moyen d'harmonisation sociale. Plus qu'un promoteur « mondain » des sports, Coubertin est avant tout un grand organisateur qui participe à la vie de l'Union des sociétés françaises de sport athlétique (USFSA), et parvient à faire renaître les jeux Olympiques, à partir de 1896. Il dirige le Comité international olympique jusqu'en 1925. Cependant, les louanges qui lui sont adressées méritent un bémol : tout en préconisant la démocratisation de la pratique sportive, il s'oppose aux compétitions féminines, et se montre élitiste, souhaitant que les jeunes « bien éduqués » demeurent entre eux. Enfin, admirateur de Hitler, il défend le choix de Berlin pour les Olympiades de 1936.

Coudray (Marguerite du),

sage-femme (Clermont-Ferrand vers 1712 - Bordeaux vers 1792).

Mme du Coudray a joué un rôle important dans la diffusion d'une nouvelle approche de l'accouchement, adaptée au refus grandissant de la surmortalité infantile et maternelle et conforme au souci populationniste de l'État. En dehors de son enseignement, on dispose de peu d'informations sur elle : née Le Boursier, elle monte à Paris en 1737, pour y suivre l'une des meilleures formations d'accoucheuse. Nommée « jurée sage-femme » en 1740, elle officie auprès d'une clientèle aisée. En 1755, M. de Tiers lui demande de venir exercer ses talents dans sa province natale. Elle découvre alors la misère des couches en milieu rural, et décide de se consacrer à l'instruction des sages-femmes. Elle élabore une méthode pédagogique simple : « C'était à leurs yeux, à leurs mains, qu'il fallait parler, en y ajoutant de la patience et de la douceur. » Elle s'aide dans ses démonstrations d'un mannequin souple - qu'elle a fait breveter en 1756. Son effort est bientôt remarqué, et, en 1759, un brevet royal l'autorise à enseigner dans tout le royaume. Soutenue par des personnes influentes (Bertin, Turgot, Necker, La Fayette), elle parcourt la France, jusqu'en 1783, pour former des accoucheuses et des démonstrateurs. Malgré l'opposition des corporations médicales, jalouses de leurs privilèges, elle a instruit plus de cinq mille personnes, contribuant ainsi à l'émergence d'une sensibilité nouvelle face aux douloureuses réalités de la venue au monde.