Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Maroc, (suite)

L'exil du sultan et son remplacement par son oncle Mohammed Ben Arafa, un figurant sans prestige, créature du pacha el-Glaoui, engendrent une crise généralisée : des manifestations de fidélité au souverain déchu se multiplient et de graves émeutes ensanglantent le pays. Une armée de libération nationale s'organise en zone espagnole, avec la faveur des autorités (le régime franquiste et le général García Valino, haut-commissaire à Tétouan, montrent beaucoup de sympathie pour les nationalistes), tandis que le résident libéral Gilbert Grandval est quasiment expulsé par les Européens (31 août 1955). Après avoir pris l'avis des divers courants politiques marocains réunis à la conférence d'Aix-les-Bains (août 1955), le ministère Edgar Faure estime qu'Arafa ne peut être maintenu sur le trône : un conseil de régence est mis en place. Le sultan Ben Youssef est ramené en France et les accords de La Celle-Saint-Cloud (5-6 novembre 1955) prévoient la formation d'un gouvernement de transition et l'ouverture de négociations qui doivent reconnaître au Maroc le statut d'« État indépendant uni à la France par les liens d'une interdépendance librement consentie ». Une déclaration commune consacre l'abolition du protectorat (2 mars 1956) et donc le rétablissement de l' indépendance du Maroc. Les accords d'« interdépendance » (en fait, de coopération) sont signés le 28 mai 1956. Dans le même temps, le pays retrouve son unité, après l'abolition du protectorat espagnol et la suppression du statut international de Tanger. Le 14 août 1957, le sultan prend le titre de roi, sous le nom de Mohammed V, et l'appellation de « royaume du Maroc » est substituée à celle d'« Empire chérifien ».

Marrast (Armand),

journaliste et homme politique (Saint-Gaudens, Haute-Garonne, 1801 - Paris 1852).

Né dans une modeste famille bourgeoise, il est très tôt obligé d'assister sa famille. Il enseigne à Saint-Sever, puis à Paris, où il est maître d'étude au lycée Louis-le-Grand et à l'École normale supérieure, tout en poursuivant sa formation universitaire (licence et doctorat ès lettres). En 1827, il entre en politique en étant l'un des organisateurs des obsèques de Jacques Antoine Manuel, opposant à la monarchie et membre dirigeant de la Charbonnerie. Destitué de ses fonctions, Marrast enseigne dans une institution privée et acquiert une réputation de philosophe. Il collabore à divers journaux, notamment la Tribune (1831-1834), où il défend les principes républicains face au nouveau régime. Emprisonné après les émeutes d'avril 1834, il s'évade de prison, s'exile en Angleterre et découvre le mouvement chartiste. Revenu en France en 1840, il devient rédacteur en chef du National, où s'épanouit son talent de polémiste au service du républicanisme libéral, et, en 1848, il anime l'opposition lors de la « campagne des banquets », menée pour obtenir l'extension du droit de suffrage. Après la chute du régime de Juillet, son action et sa participation au Gouvernement provisoire en font un des fondateurs de la IIe République. Maire de Paris (mars 1848), il s'oppose aux insurgés de Juin. Député à l'Assemblée constituante, il a un rôle de chef de parti et compte parmi les rédacteurs de la Constitution. Il est nommé président de l'Assemblée nationale en juillet 1848. Rangé du côté des modérés, il n'est pas réélu en 1849 et, malade, ne joue plus aucun rôle politique.

Marseille (peste de),

dernière épidémie de peste ayant sévi sur le territoire français, entre 1720 et 1722.

Quasiment oubliée depuis les années 1660, la peste se propage à Marseille, à la suite de l'entrée dans le port, le 25 mai 1720, d'un navire marchand venu du Levant, le Grand Saint-Antoine. Des décès ayant eu lieu au cours du voyage, le bureau sanitaire de la ville exige une mise en quarantaine. Mais le premier échevin, Estelle, propriétaire de la riche cargaison de coton, doit la débarquer rapidement pour la vendre à la foire de Beaucaire, qui commence en juillet. L'isolement du Grand Saint-Antoine n'est donc pas strictement respecté : par le biais de la marchandise et des passagers, le mal gagne la ville. Le 20 juin, l'épidémie fait sa première victime. D'abord lente à se diffuser, elle culmine aux mois d'août et de septembre, au moment des plus fortes chaleurs. On compte alors plus de 500 victimes par jour. Marseille se transforme en un véritable mouroir. Héroïque, le chevalier Roze recrute plus de 150 forçats et soldats pour charger les corps et enterrer les morts ; des hommes de sa compagnie, trois seulement survivront à l'enfer.

De la cité phocéenne, la peste gagne bientôt toute la Provence : Aix, Toulon, Arles, la Camargue et même le Gévaudan sont touchés à leur tour. Au total, en deux ans, 146 localités vont subir le fléau, qui fait plus de 120 000 morts. De Marseille et de son terroir immédiat, qui comptaient 90 000 habitants, ne survit que la moitié de la population. La Provence, quant à elle, perd 37 % des siens. Démographiquement catastrophique, l'épidémie s'éteint pourtant rapidement. À l'exception d'un sursaut au printemps 1722, plus un seul cas n'est recensé à Marseille après le 20 août 1721. En outre, la propagation du mal a été efficacement endiguée, grâce à l'intervention des autorités. Aucune thérapeutique active n'étant disponible, l'isolement demeure la meilleure protection : en juillet 1720, le parlement d'Aix interdit toute relation avec Marseille ; en septembre, le Conseil d'État décrète la mise en place d'un cordon sanitaire autour de la Provence. Un « mur de la peste » s'étalant sur 100 kilomètres est même construit en 1721. Au plus fort de la crainte, plus de 35 000 hommes de troupe isolent le Sud-Est, avec ordre d'abattre les récalcitrants. Cette action offensive des pouvoirs publics, voulue par le Régent lui-même, marque un moment important du renforcement de l'autorité royale et de l'efficacité administrative de l'État.

Marshall (plan),

aide financière apportée par les États-Unis aux pays de l'Europe occidentale au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Les objectifs.

• Le 5 juin 1947, le général George Marshall, secrétaire d'État du président Truman, expose son programme d'assistance des États-Unis aux nations d'Europe. Cet European Recovery Program (ERP), qui prend bientôt le nom de plan Marshall, repose sur l'analyse suivante : l'Amérique a désormais pour mission d'aider les pays que le conflit a laissé exsangues ; en outre, la prospérité retrouvée sera le meilleur rempart des démocraties contre le danger de subversion communiste, susceptible d'être attisé par la misère. Enfin, l'économie américaine est menacée de surproduction si elle ne trouve pas rapidement de nouveaux débouchés auprès des pays industrialisés. Marshall, prenant acte que les besoins des États européens sont bien supérieurs à leur capacité de paiement, leur propose donc une aide financière.