Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

Abélard ou Abailard (Pierre), (suite)

Pierre Abélard, né dans une famille de chevaliers, est l'un des esprits les plus brillants de la première moitié du XIIe siècle. Son talent se révèle rapidement, à Paris, dans les débats (quaestiones) qui l'opposent à son maître Guillaume de Champeaux, écolâtre de Notre-Dame et fondateur de la collégiale de Saint-Victor. Chassé par Guillaume, Abélard fonde sa propre école, à Melun, puis à Corbeil. Dès cette époque, il est considéré comme un maître, et adulé.

Après quelques années d'interruption due à la maladie, il revient à Paris pour affronter de nouveau le vieux Guillaume. Sa méthode est la dialectique, confrontant les textes et les idées contradictoires. Le terrain de l'affrontement est la logique ; le contenu du débat, la querelle des universaux, où il oppose le conceptualisme aux impasses du réalisme et du vocalisme (une forme de nominalisme). Délaissé par ses élèves, Guillaume se retire à Saint-Victor, abandonnant la montagne Sainte-Geneviève à Abélard. Logicien et philosophe reconnu, ce dernier décide alors de s'attaquer à la théologie. Déçu par l'enseignement d'Anselme de Laon, il improvise un commentaire sur Ézéchiel, en appliquant au texte les méthodes mises au point dans ses travaux de logicien. L'auditoire est enthousiaste, et de nombreux élèves quittent Laon pour le suivre à Paris.

C'est alors que la vie d'Abélard connaît son premier tournant : sa rencontre avec la jeune Héloïse vers 1115, leur amour, la naissance d'un fils, leur mariage secret et, pour finir, sa castration et la claustration d'Héloïse. Malgré leur séparation, ils restent en relation jusqu'à la mort d'Abélard. Entré à Saint-Denis, ce dernier poursuit son œuvre théologique. Son premier traité, sur la Trinité, est condamné et brûlé au concile de Soissons (1121).

À partir de cette date, l'auteur doit faire face à une farouche opposition de la part de ceux qui refusent de voir le mystère chrétien expliqué sur un mode rationnel : saint Bernard n'a de cesse de réduire cette nouveauté, qui lui paraît vaine et blasphématoire. En 1122, Abélard s'enfuit du monastère dionysien et fonde, près de Nogent-sur-Seine, un oratoire - le Paraclet -, où le rejoignent de nombreux disciples. Après un abbatiat difficile dans un monastère breton, il est enseignant à Paris en 1136. Face au succès de son rival, saint Bernard vient prêcher dans la ville, mais ne parvient pas à conquérir les étudiants. En 1140, la dispute organisée entre le moine et le professeur à Sens se révèle être un piège : Abélard se retrouve face à un concile chargé de le juger. Malgré la réticence des évêques réunis à Sens, saint Bernard arrache au pape la condamnation de onze thèses extraites d'œuvres d'Abélard, qui sont brûlées. Le philosophe, malade, est recueilli à Cluny par Pierre le Vénérable. Il meurt le 21 avril 1142, au couvent de Saint-Marcel.

Dans cette apparente défaite, il faut déceler une victoire : les thèses d'Abélard seront unanimement acceptées dès la fin du siècle, ainsi que sa méthode dialectique, exposée dans Sic et non (1134 ou 1136). Avec Abélard est née la scolastique.

Aboukir (bataille navale d'),

combat qui oppose, dans le cadre de l'expédition d'Égypte, les flottes anglaise et française les 1er et 2 août 1798.

C'est le 19 mai 1798 que la flotte française, composée de treize vaisseaux et de quatre frégates, quitte Toulon sous le commandement du vice-amiral Brueys. Le 1er juillet, elle débarque Bonaparte près d'Alexandrie, puis, le 5, jette l'ancre dans la baie d'Aboukir. Pendant ce temps, Nelson, à la tête de quatorze vaisseaux dont les équipages sont bien plus expérimentés que les marins français, s'est lancé à la poursuite de Brueys. Il arrive devant Aboukir le 1er août, en début d'après-midi. Brueys, persuadé que Nelson n'attaquera pas immédiatement, et au risque d'être surpris par la nuit, ordonne à la flotte de rester sur place et de se préparer au combat. Mais l'Anglais veut écraser les premiers vaisseaux de la ligne française avant que les autres aient pu réagir. Vers 6 heures du soir, la flotte anglaise s'avance. Quand Brueys donne l'ordre de tirer, ses vaisseaux sont déjà sous la mitraille. Les combats durent dix-huit heures et se soldent par un désastre pour les Français : deux frégates et onze vaisseaux sont détruits ; aucun chez les Anglais. Les pertes en hommes sont importantes : Brueys est emporté par un boulet ; on compte 1 700 tués et 1 500 blessés parmi les Français. Les conséquences de cette défaite sont considérables : le corps expéditionnaire français en Égypte est isolé, la marine française en Méditerranée anéantie.

Aboukir (bataille terrestre d'),

combat qui, dans le cadre de l'expédition d'Égypte, oppose l'armée turque commandée par Mustafa Pacha et l'armée de Bonaparte, le 25 juillet 1799.

Après l'échec de son avancée sur Saint-Jean-d'Acre, Bonaparte doit se replier sur Le Caire. C'est là qu'il apprend le débarquement à Aboukir d'une armée turque renforcée par une escadre britannique. Les Turcs viennent rapidement à bout de la résistance des quelque 300 hommes du fort d'Aboukir et établissent des lignes de défense. Bonaparte décide alors d'attaquer immédiatement avec une dizaine de milliers de fantassins soutenus par un millier de cavaliers commandés par Murat. Le 25 juillet, l'assaut est donné ; la charge, conduite par Murat à la mi-journée, décide du sort de la bataille : le fort est investi, le commandant Mustafa Pacha est fait prisonnier. Plusieurs milliers de ses hommes, tentant de fuir, se noient ou sont tués. Environ 2 000 Turcs se barricadent dans le château d'Aboukir, mais, à court de vivres, ils sont contraints de capituler le 2 août. En sept jours de combat, les Français n'ont perdu que 200 hommes !

En dépit de cette victoire, l'armée d'Orient, toujours coupée de la France par la maîtrise anglaise en Méditerranée, demeure piégée en Égypte. Bonaparte, qui entend jouer les premiers rôles à Paris, l'a bien compris : il s'embarque pour la France le 23 août.

Académie des beaux-arts,

société artistique fondée le 1er février 1648 sous le nom d' « Académie royale de peinture et de sculpture », et chargée notamment de défendre les intérêts professionnels des artistes et de « fixer la doctrine » en matière de beaux-arts.