Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Kabylie (insurrection de),

révolte de la population algérienne contre les autorités coloniales (1871-1872).

Depuis le début de la colonisation de l'Algérie, les gouvernements français ont sans cesse hésité entre un régime d'assimilation, faisant la part belle aux colons, et un régime d'association, ménageant les intérêts des musulmans. La chute de Napoléon III, favorable au régime d'association, l'annonce du passage au régime d'assimilation, le départ de nombreuses troupes pour la guerre en métropole et le recrutement de régiments de spahis algériens provoquent des troubles en janvier 1871. La nouvelle de l'insurrection parisienne achève de déconsidérer la France. Les jacqueries cèdent la place à deux mouvements structurés qui contestent la présence française : le mouvement aristocratique d'el-Mokrani et Bou-Mezraq, d'une part, et le mouvement religieux des Rahmaniya de Cheikh el-Haddad et Si Aziz, de l'autre. Les difficultés militaires conduisent ces deux groupes rivaux à s'associer dans une guerre sainte qui embrase rapidement la Grande et la Petite Kabylie, le Hodna et le Sahara ; seuls l'Algérois et l'Oranais restent à l'écart de l'insurrection. La guerre dure plus de six mois, mais les moudjahidin sont trop mal armés pour vaincre. Les chefs de la confrérie des Rahmaniya cessent le combat en juin et Bou-Mezraq est arrêté en janvier 1872. Une répression sévère s'abat sur le pays, alimentée par la légende noire des violences musulmanes : des tribus entières sont dépouillées de leurs terres (où s'installeront des colons alsaciens-lorrains) et déplacées, une lourde amende leur est imposée et les chefs sont exécutés ou envoyés au bagne en Nouvelle-Calédonie. Cette insurrection marque un tournant dans la politique de la France à l'égard de l'Algérie puisqu'elle permet aux colons d'imposer durablement leur système et suscite un ressentiment, également durable, parmi les populations musulmanes.

Kellermann (François Étienne Christophe),

maréchal de France (Strasbourg 1735 - Paris 1820).

À la veille de la Révolution, Kellermann est maréchal de camp. Ce noble strasbourgeois alors âgé de 54 ans a déjà servi près de trente-neuf années dans les armées du roi et s'est acquitté de missions secrètes en Tartarie et en Pologne.

Partisan de la Révolution, il est promu lieutenant général en 1792 et sert en Alsace sous les ordres de Dumouriez. Le 19 septembre, à Valmy, il s'élance à la tête de ses troupes au cri de « Vive la Nation ! ». Son enthousiasme et sa bravoure contribuent fortement à une victoire qui sauve le pays de l'invasion et marque le début de la République. En décembre, Kellermann commande l'armée d'Italie lorsque Lyon se révolte contre le gouvernement révolutionnaire. Au mois d'août 1793, il assiège la ville. Mais cet officier d'Ancien Régime est trop indépendant et se plie mal à l'autorité des représentants du peuple. Son attitude lui vaut d'être traduit devant le Tribunal révolutionnaire et incarcéré.

Libéré après le 9 Thermidor (27 juillet 1794), il prend le commandement de l'armée des Alpes et d'Italie jusqu'en octobre 1797. Réformé, il cède ses troupes à Bonaparte et devient membre du Comité militaire du Directoire. Sous le Consulat et l'Empire, Bonaparte le couvre d'honneurs : il le fait sénateur, puis maréchal en 1804 et, enfin, duc de Valmy en 1807. Mais seuls des corps de réserve lui sont confiés. Kellermann se rallie à Louis XVIII et reste à l'écart des Cent-Jours. Il est fait pair de France.

Kérillis (Henri Adrien Calloc'h de),

journaliste et homme politique (Vertheuil, Gironde, 1889 - New York 1958).

Cet enfant de hoberaux bretons se destine très tôt à la carrière militaire. Sous-lieutenant de cavalerie en 1912, il se distingue comme aviateur pendant la Première Guerre mondiale. Dans les années vingt, il se tourne vers la politique, intégrant les rangs de la droite. Il se présente alors deux fois aux élections législatives - en 1926 puis en 1932 -, avant d'être élu en 1936 député de Neuilly-sur-Seine. Entre-temps, il est devenu directeur de la rubrique politique de l'Écho de Paris et, surtout, il a fondé le Centre de propagande des républicains nationaux, chargé d'unifier la droite nationale et libérale. Il y déploie une activité inlassable. À la Chambre, ce député proche de Georges Mandel et de Louis Marin devient bientôt l'un des ténors de la commission des Affaires étrangères. Il publie, fin 1936, Français, voici la guerre ! où, en patriote intransigeant, il dénonce le danger nazi. Ce combat le conduit à défendre une alliance avec l'URSS et à prôner la modernisation de l'armée. Dès 1937, à la Chambre comme dans les colonnes de l'Époque, il se fait l'ardent défenseur de la Tchécoslovaquie, et, en 1938, il est le seul député de droite à ne pas voter la ratification des accords de Munich signés en septembre. Il soutient ensuite l'effort de réarmement et approuve la nomination de Charles de Gaulle dans le cabinet Reynaud (mai 1940). Il s'exile en 1942 aux États-Unis, rompt avec le général de Gaulle l'année suivante et quitte définitivement la scène politique.

Kléber (Jean-Baptiste),

général (Strasbourg 1753 - Le Caire 1800).

Bien qu'architecte de formation, Kléber sert six ans dans l'armée autrichienne, puis rentre en Alsace, où, en 1785, il est inspecteur des bâtiments publics. C'est par ambition plus que par patriotisme qu'il endosse de nouveau l'uniforme en 1792, comme lieutenant-colonel dans le 4e bataillon des volontaires du Haut-Rhin. Chargé de défendre Mayence, il s'acquitte de cette mission avec zèle, et, lorsqu'il doit capituler en juillet 1792, la Convention le traite en héros, ainsi que toute sa garnison. Il part alors combattre en Vendée avec le grade de général de brigade. Habile tacticien, tant sur le terrain qu'auprès des représentants du peuple, il se met en valeur en soulignant les échecs des autres généraux. Le 26 juin 1794, il participe à la victoire de Fleurus. Mais son opposition à Jourdan le pousse à démissionner à la fin de 1796. Il reprend du service en 1798, dans l'armée d'Orient, sous les ordres de Bonaparte, auquel il aurait proposé, à la veille du départ en Égypte, de former un triumvirat avec Moreau « pour chasser la canaille » des hommes politiques.