Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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mai-juin 1793 (journées des 31 mai et 2 juin 1793), (suite)

Tandis que, à l'initiative des montagnards, les premières mesures de Terreur politique et économique sont votées à la Convention, les girondins, qui s'y opposent et sont inquiets de la subversion sociale, poursuivent leur combat contre la Commune de Paris, et notamment contre Marat : ils obtiennent l'arrestation de ce dernier (12 avril), qui est néanmoins acquitté par le Tribunal révolutionnaire (24 avril). Brissot et ses amis précipitent alors la crise en faisant décréter la création d'une « commission des Douze », chargée d'enquêter sur les actes de la Commune (18 mai) et qui fait arrêter Hébert, Varlet, puis d'autres militants populaires. Aussitôt, le conseil général de la Commune réclame à la Convention leur libération (25 mai), tandis que le Club des jacobins se rallie à la motion de Robespierre, appelle le peuple à l'insurrection (26 mai), mais laisse l'initiative aux sections parisiennes et à la Commune. Malgré la libération d'Hébert et de ses compagnons (28 mai), un comité central révolutionnaire est formé, composé de commissaires de 33 sections (sur 48), de membres de la Commune et du département, et prépare l'insurrection contre la Convention. La manifestation du 31 mai est un échec, la Convention n'acceptant que la dissolution de la « commission des Douze », alors que les pétitionnaires demandent une épuration politique et l'application d'un programme révolutionnaire. Aussi, le 2 juin, fortes de 150 canons et 80 000 hommes de la Garde nationale commandée par Hanriot, les sections cernent la Convention et exigent l'arrestation des principaux chefs girondins. L'Assemblée est alors contrainte, après avoir tenté une sortie, de voter l'arrestation de 29 députés et anciens ministres, dont Brissot, Roland, Vergniaud, Clavière, Barbaroux, Pétion et Buzot. Consignés chez eux, certains s'échappent et organisent la révolte dans les départements (fédéralisme), en dénonçant le coup d'État contre la représentation nationale.

Maillotins de Paris (révolte des),

émeute qui éclate le 1er mars 1382, lorsque les fermiers commencent à prélever les aides à Paris.

Le « gouvernement des ducs » a en effet rétabli cet impôt, que le roi Charles V avait promis de supprimer en 1380, à la veille de sa mort. Dans les premiers jours de mars, l'insurrection s'étend très rapidement à toute la ville de Paris ; les émeutiers s'emparent de maillets de plomb conservés à l'Hôtel de Ville, c'est pourquoi ils reçoivent le nom de « maillets » ou « maillotins ». Pendant près de deux semaines, ils pillent et brûlent les hôtels de la bourgeoisie parisienne, des marchands et des changeurs. Le 13 mars, après des négociations entre les ducs et des notables parisiens, une amnistie générale est proclamée, mais quelques émeutiers sont exécutés. Ce n'est que six mois plus tard, après avoir sévèrement réprimé la Harelle de Rouen et vaincu les Flamands à Rozebeke, que le gouvernement punit les Parisiens pour s'être révoltés. Plusieurs dizaines d'émeutiers sont pendus ; parmi eux figurent des notables qui avaient tenté de retarder la levée des aides. Le gouvernement impose aussi une amende à la population et supprime une institution essentielle, la prévôté des marchands, une municipalité qui représente la bourgeoisie (et qui est restaurée en 1412). La révolte des Maillotins s'inscrit dans un très large contexte de révoltes urbaines, en France (harelle de Rouen), en Italie (les ciompi) et en Angleterre, dans les années 1378-1382.

Maintenon (Françoise d'Aubigné, marquise de),

épouse morganatique de Louis XIV (Niort 1635 - Saint-Cyr 1719).

Petite-fille du poète protestant Agrippa d'Aubigné, elle naît en prison, où son père avait été incarcéré pour meurtre. Élevée par une tante, elle suit ses parents aux Antilles en 1644 mais, les entreprises de son père ayant échoué, elle n'en revient en 1647 que pour être éloignée de ses proches et confiée aux ursulines, à Niort, puis à Paris. Pour gagner sa liberté, elle épouse à 17 ans Scarron, de vingt-cinq ans son aîné, poète infirme et pauvre, mais spirituel. L'intelligence et la beauté de Mme Scarron font de leur appartement du Marais le rendez-vous des gens de lettres - Saint-Amant et Ménage, les Scudéry -, mais aussi de courtisanes, telle Ninon de Lenclos, ou de grands seigneurs libertins. Veuve à 24 ans, Françoise obtient une pension d'Anne d'Autriche, protectrice de son défunt mari. En 1670, Mme de Montespan fait d'elle la gouvernante de ses enfants, bâtards du roi Louis XIV. Établie à la cour en 1673, elle attire l'attention du souverain, sait ne pas lui céder trop vite, et surtout lui offre « le commerce de l'amitié et de la conversation sans contrainte et sans chicane » (Mme de Sévigné).

Quand l'affaire des Poisons sonne le glas de l'altière Montespan, la veuve Scarron, pourvue du marquisat de Maintenon, écarte définitivement ses rivales. À la mort de la reine Marie-Thérèse (30 juillet 1683), Louis XIV l'épouse secrètement (probablement en octobre), à la grande fureur de Louvois. Madame de « Maintenant » marque la cour de son empreinte : détestée par la famille royale, elle vit dans l'intimité du roi, qui travaille le soir avec ses ministres en sa présence et demande conseil à celle qu'il appelle « Votre Solidité ». Ostensiblement dévote, elle rappelle le roi à ses devoirs religieux. Si elle est ce « canal des grâces », favorisant le clan Colbert ou le maréchal de Villars, son influence sur la politique générale est plus incertaine. Elle se réjouit de la révocation de l'édit de Nantes, même si elle n'y a pas pris part. Proche de Fénelon, elle doit cependant s'en éloigner lorsque ce dernier, partisan du quiétisme, essuie les foudres de l'Église. Pacifiste, elle se montre soucieuse des souffrances du peuple lors de la guerre de la Succession d'Espagne, mais n'infléchit aucune des décisions du roi. De même, si elle soutient le duc du Maine, aîné des bâtards de Mme de Montespan, elle ne réusssit pas à écarter le duc d'Orléans de la régence. Après la mort de Louis XIV, elle se retire dans l'institution pour filles nobles et pauvres qu'en souvenir de sa jeunesse elle a fondée à Saint-Cyr, en 1686.