Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
V

Voltaire (François-Marie Arouet, dit), (suite)

Mais rien ne fit plus pour l'image de Voltaire que cette nouveauté inouïe : l'intervention publique d'un homme de lettres au « cri du sang innocent » (Traité sur la tolérance, à l'occasion de Jean Calas, 1763 ; affaires du chevalier de La Barre, de Sirven, etc.). Nul écrivain des Lumières ne se risqua à l'imiter. Il fallait l'argent (un des vingt plus gros revenus de France), la gloire, l'ardeur militante servie par un extraordinaire talent d'agitation, la proximité de la frontière, des relations dans toute l'Europe, mais aussi la montée en puissance de l'opinion et l'affaiblissement séculaire des croyances traditionnelles au profit d'une nouvelle conception de la religion, épurée par la morale et la raison, le déisme des élites.

Vouillé (bataille de),

bataille remportée par Clovis sur les Wisigoths en 507, qui permet aux Francs de prendre possession de l'Aquitaine et de dominer l'ensemble de la Gaule.

Depuis sa victoire sur Syagrius en 486, Clovis détient le pouvoir dans toute la Gaule du Nord et s'efforce d'étendre sa domination sur les riches régions méridionales empreintes de romanité. Il se heurte alors au peuple wisigoth, qui domine l'Espagne et l'Aquitaine. Mais, depuis son baptême, Clovis bénéficie du soutien de l'épiscopat catholique dans sa lutte contre les peuples gothiques, adeptes de l'arianisme. Il peut aussi compter sur l'appui de l'empereur romain d'Orient, qui combat le roi ostrogoth Théodoric, installé en Italie.

En 507, fort de son alliance avec les Burgondes et les Francs Rhénans, Clovis rassemble son armée et franchit la Loire. Il se rend d'abord en pèlerinage à Tours, où il se place sous la protection de saint Martin, l'apôtre de la Gaule : ce geste achève de faire de lui le champion de l'orthodoxie chrétienne. Puis il se dirige vers le sud et écrase les troupes d'Alaric II, roi des Wisigoths, dans la plaine de Vouillé, près de Poitiers. Alaric II est tué dans le combat et les Wisigoths se replient en deçà des Pyrénées. Clovis poursuit systématiquement la conquête de l'Aquitaine jusqu'à la prise de Toulouse, capitale d'Alaric II, mais il ne peut toutefois s'emparer ni de la Septimanie, qui demeure sous contrôle wisigothique, ni de la Provence, envahie par les troupes de Théodoric. Cependant, pour la première fois, la domination franque s'étend au sud de la Loire.

Clovis est désormais le plus puissant souverain de la Gaule. Cette situation nouvelle est rapidement reconnue par l'empereur d'Orient Anastase, qui lui accorde les insignes du consulat et le droit de porter le titre de « Roi Très-Glorieux ». En 508, Clovis prend d'ailleurs bien soin de marquer la fin de la campagne par une entrée triomphale à Tours : il manifeste ainsi la légitimité « romaine » de son pouvoir sur toute la Gaule.