Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
L

Louis-Philippe Ier, (suite)

Le « roi des Français ».

• L'occasion rêvée se présente durant l'été 1830, dans des conditions inattendues. C'est lui, sous la pression des libéraux, qui hérite au prix d'une révision de la Charte de 1814, et avec la bénédiction de La Fayette, du trône laissé vacant par Charles X. « Roi des Français » en août 1830, il représente, aux yeux de ses partisans, un juste milieu entre l'aventurisme républicain et la réaction absolutiste. Sous des dehors modestes et débonnaires, il prouve sans tarder qu'il entend bien gouverner la France. Contre les partisans d'une politique volontariste en faveur des patriotes belges ou polonais, il choisit la conciliation avec ses voisins européens : il désire à la fois la paix et la reconnaissance du régime par Londres, Vienne et Saint-Pétersbourg. Il joue aussi un rôle majeur dans le tournant conservateur imprimé dès le début de l'année 1831, et il cherche à imposer son autorité dans la conduite des affaires intérieures : après de sérieux différends avec l'intraitable Casimir Perier (1831-1832), il excelle à neutraliser des chefs politiques qui s'entredéchirent. Peu à peu, le régime s'enracine : les troubles insurrectionnels légitimistes et républicains du début des années 1830 sont jugulés, tandis que l'essor de l'activité économique favorise la stabilité, et que le souverain tisse pour ses enfants des alliances matrimoniales à visée dynastique. À partir de 1840, le régime semble atteindre un point d'équilibre : le roi trouve en François Guizot un ministre des Affaires étrangères, un président du Conseil rigoureux, efficace, partageant pour l'essentiel ses propres orientations politiques. Les deux hommes désirent que la France tienne une place honorable dans une Europe pacifiée. En outre, ils refusent l'idée d'un élargissement du suffrage dans le pays. Cette intransigeance, si peu en harmonie avec les évolutions profondes de la société française, les coupe du pays réel au moment même où le mouvement républicain mûrit et où la question ouvrière fait son entrée dans les débats nationaux. Louis-Philippe perçoit mal le mouvement d'hostilité au régime, qui s'étend à partir de 1847 ; il sous-estime la détermination des organisateurs de la « campagne des banquets » (1847). Lorsqu'ils réclament le départ de Guizot, c'est déjà au roi que les opposants s'attaquent. Abandonné par la Garde nationale et par les Parisiens, sans héritier valable, il est détrôné en février 1848, et retrouve le chemin d'un exil cette fois définitif.

loup.

Depuis sa représentation sur les peintures rupestres jusqu'à son utilisation publicitaire, telle qu'elle apparaît aujourd'hui, le loup reste l'animal qui a marqué le plus la civilisation française.

Proverbes, fables, folklore, ou encore noms de lieux et de familles, ne cessent de rappeler sa présence dans l'imaginaire national. Les mythes des premiers siècles racontent ainsi que les Gaulois descendent des loups. Au Moyen Âge comme à l'époque moderne, plus de mille deux cents familles françaises choisissent encore l'emblème du loup pour armoiries.

Se déplaçant en meutes, les loups originaires des forêts germaniques envahissent les territoires correspondant à la France actuelle au moment des Grandes Invasions. Les capitulaires carolingiens ordonnent la nomination de louvetiers (supprimés seulement en 1787) pour exterminer les louveteaux. Dans le monde médiéval chrétien, le loup est en effet considéré comme une bête diabolique. Semant la terreur dans les campagnes et aux abords des villes, les meutes de loups sont les témoins inséparables des famines et des guerres qui déciment les populations du Moyen Âge et de l'Ancien Régime.

L'une des incarnations du diable, le loup fait alors l'objet de mobilisations cycliques, qui atteignent leur paroxysme au moment des révoltes paysannes précédant la Révolution. En 1764, par exemple, l'histoire de la bête du Gévaudan réactive le mythe de la bête anthropophage et démoniaque cher à l'imaginaire chrétien et paysan. Mais la fin de l'Ancien Régime marque aussi la mort de la « bête ». Au XIXe siècle, les pourchasseurs de loups terminent en effet la lutte séculaire entre le loup et l'homme par le plus grand massacre de meutes en Occident (20 000 animaux tués entre 1818 et 1829). L'instauration du permis de chasse en 1806 ne ralentit pas le carnage, et la race est actuellement en voie d'extinction.

Toute une littérature a contribué à entretenir la diabolisation du loup tueur d'enfants et mangeur de chair humaine. L'emblématique Ysengrin du Roman de Renart (XIIIe siècle) comme les loups des Fables de La Fontaine ou des contes de Perrault (le Petit Chaperon rouge) nourrissent dans la mémoire collective l'image du loup sorcier et sexuellement pervers. Même une certaine forme de superstition, conférant notamment aux dents ou aux poils de loup des vertus thérapeutiques, ne réussit pas à inverser cette symbolique. L'histoire du « garou » ne répète-t-elle pas, au fond, celle de la peur originelle de l'homme ?

Lourdes,

centre de pèlerinage catholique, le premier du monde par le nombre de pèlerins qui se rendent sur les lieux où Bernadette Soubirous a attesté être le témoin de dix-huit apparitions mariales en 1858.

Au milieu du XIXe siècle, la petite cité pyrénéenne ne compte que 4 000 habitants. La famille Soubirous, qui y est établie, est indigente : le père, meunier ruiné, loge au Cachot, l'ancienne prison ; sa fille aînée, Bernadette, âgée de 14 ans (elle est née en 1844, au moulin de Boly), ne sait ni lire ni écrire. La jeune fille affirme qu'une dame vêtue de blanc lui est apparue le 11 février 1858, alors qu'elle ramassait du bois près de la grotte de Massabielle, sur la rive du gave. Les apparitions se succèdent jusqu'au 16 juillet. Une source est découverte dans la grotte le 25 février. L'apparition affirme le 25 mars : Qué soï l'immaculé counceptioû (« Je suis l'Immaculée Conception »).

La reconnaissance de l'événement est d'abord difficile. Bernadette est interrogée par les autorités ecclésiastiques et civiles. Les attroupements sont l'objet de mesures de police ; la source est interdite pour raisons sanitaires. Les polémiques locales et nationales se déchaînent. Et la multiplication des faits d'apparitions autour de Lourdes, au printemps 1858, ajoute au trouble des esprits. Le 18 janvier 1862, Mgr Laurence, évêque de Tarbes, au terme d'une longue enquête, déclare enfin que « l'Immaculée Marie, Mère de Dieu, a réellement apparu à Bernadette Soubirous le 11 février 1858 et les jours suivants [...], que cette apparition revêt tous les caractères de la vérité et que les fidèles sont fondés à la croire certaine ».