Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
L

Loucheur (loi), (suite)

Mais la crise économique touchant la France dès 1931, l'État interrompt son effort financier. Seulement 50 000 logements ont été construits. La crise de ce secteur se poursuit et s'intensifie dans les années 1950. Le temps des HLM est venu.

Loudun (possédées de).

L'affaire des possédées de Loudun (1632-1634) marque un tournant dans l'histoire des diableries de la France d'Ancien Régime.

S'inscrivant dans la grande vague des possessions démoniaques (telles celles d'Aix-en-Provence, 1609-1611, de Louviers, 1642-1647, d'Auxonne, 1658-1663), elle suscite une littérature polémique sans égal, révélant l'essoufflement de la croyance en l'omnipotence de Satan parmi les hommes. À la différence de la sorcellerie rurale, très présente mais « sauvage », la possession démoniaque surgit au sein de la notabilité urbaine et dénote une curiosité pour des victimes singulières.

Cité où coexistent réformés et catholiques, et où le gouverneur Jean d'Armagnac oppose une forte résistance à Richelieu, la ville de Loudun est frappée par une épidémie de peste en 1632. C'est dans ce contexte troublé que cette affaire de possession va donner lieu à un imbroglio politico-religieux. En septembre 1632, Jeanne des Anges, prieure au couvent des ursulines de la ville, dit voir apparaître des fantômes et une boule noire traversant le réfectoire. Des exorcismes sont alors autorisés. À cet effet, un véritable théâtre religieux se déploie : les possédées, qui se multiplient dans le couvent, sont présentées aux prêtres afin d'être délivrées du démon ; convulsions extraordinaires, proférations d'injures à connotations sexuelles et performances surnaturelles, telles que la lévitation et la maîtrise des langues bibliques que ces jeunes filles sont censées ignorer, ponctuent les séances publiques. Le curé de l'église Saint-Pierre et chanoine de Sainte-Croix, Urbain Grandier, est accusé par les couventines de les avoir envoûtées. Certes, ce brillant orateur, séducteur et auteur d'un traité du célibat, avait vexé les ursulines en refusant de devenir leur confesseur. Mais le juge et commissaire royal Laubardemont voit aussi en lui le gardien des privilèges locaux, et le soupçonne d'avoir écrit un pamphlet contre son maître Richelieu. Le curé est mis à la question, un « pacte sanglant » est découvert, et les chirurgiens prétendent trouver sur lui la marque du sorcier - une marque réputée être imposée par le diable sur une partie très localisée du corps qui reste insensible malgré les tourments infligés. Bien que protestant de son innocence, Grandier est brûlé vif sur la place de Loudun, le 18 août 1634.

À l'exception de Jeanne des Anges, les possédées retombent alors dans l'anonymat. Prise en charge par le mystique Jean-Jacques Surin, la prieure est enfin guérie miraculeusement en 1637 : les noms de Joseph et de Marie se seraient en effet ins-crits en stigmates sur sa main, d'où auraient été extirpés les derniers diables. Dès lors, elle devient un « miracle ambulant », accueillie par Anne d'Autriche elle-même, jusqu'au jour où un fidèle, par mégarde, efface une partie du « M » du mot Marie !

L'affaire de Loudun fut un symptôme spectaculaire des transformations de la société baroque. En effet, désormais, Satan est aussi un instrument politique au service de la raison d'État. En outre, la pastorale tridentine est discréditée par un discours naturaliste (celui des « antipossessionnistes »), qui attribue les manifestations des possédés à des causes médicales. Urbain Grandier fut ainsi le dernier martyr sorcier.

Louis Ier d'Anjou,

comte de Poitiers de 1350 à 1384, comte du Maine de 1356 à 1384, comte en 1356 puis duc d'Anjou de 1360 à 1384, comte de Provence et roi de Naples de 1382 à 1384 (Vincennes 1339 - Bari 1384).

Deuxième fils du roi de France Jean le Bon et de Bonne de Luxembourg, Louis Ier d'Anjou prend part à la bataille de Poitiers (1356). Il est écarté du combat avant que le roi Jean le Bon ne soit fait prisonnier, et assiste le dauphin Charles pendant la régence de ce dernier. En 1360, il fait partie des otages qui doivent garantir l'exécution du traité de Brétigny-Calais entre la France et l'Angleterre. En 1362, l'application de l'accord étant retardée, les otages, afin d'être libérés, concluent avec Édouard III un nouveau traité, qui n'est pas approuvé, si bien qu'en 1363 Louis d'Anjou s'échappe pour rejoindre son épouse. Pour réparer cet outrage à l'honneur chevaleresque, le roi Jean retourne en 1364 prendre la place de son fils à Londres, où il meurt. Louis d'Anjou se montre un efficace lieutenant de son frère le roi Charles V, et reconquiert le Languedoc avec du Guesclin (1365-1373). Rappelé par Charles V, pour cause d'impopularité, en 1379, il est pourtant désigné dans le testament royal comme le régent du royaume, la tutelle des princes étant confiée aux ducs de Berry et de Bourgogne. Mais en 1380 Louis d'Anjou s'empare de la totalité du pouvoir, espérant faire du Conseil royal un instrument de sa politique « italienne ». La reine Jeanne Ire de Naples vient, en effet, de le choisir comme héritier, au détriment de son propre neveu Charles de Duras. Louis d'Anjou s'installe en Provence, d'où il prépare, avec les finances royales, la conquête du royaume de Naples, prenant ainsi le parti du pape d'Avignon contre celui de Rome. Il meurt en 1384 en Italie, sans avoir mené à bien son projet.

Avec Louis Ier d'Anjou naît la seconde maison d'Anjou, qui renoue avec les prétentions italiennes et orientales de la première maison d'Anjou, issue du roi Louis VIII. Marie de Blois, veuve de Louis Ier d'Anjou, poursuit la politique de son mari, au nom de son fils Louis II. Le duc d'Anjou illustre la puissance des princes apanagés, aux revenus toujours insuffisants, qui sont tentés d'accaparer un pouvoir source de revenus pour la réalisation de leurs ambitions hors de France.

Louis Ier d'Orléans,

comte de Valois puis duc de Touraine de 1386 à 1392, duc d'Orléans de 1392 à 1407 (Paris 1372 - id. 1407).

Deuxième fils du roi Charles V et de Jeanne de Bourbon, frère de Charles VI, Louis est impatient d'avoir sa part du pouvoir et des richesses que se partagent les oncles du roi, les ducs de Bourbon, de Berry, d'Anjou et de Bourgogne ; il allie ses intérêts à ceux du groupe des anciens conseillers de Charles V, les marmousets, écartés du pouvoir après la mort du roi, mais qui le reprennent en 1388. Le frère de Charles VI tire profit de la situation en s'appropriant les revenus abandonnés par les oncles. Mais le gouvernement des marmousets, peu populaire, cède la place aux ducs, à partir de la folie du roi, durant l'été 1392. Au Conseil royal s'opposent désormais les oncles - en particulier le duc de Bourgogne Philippe le Hardi - et le neveu Louis, duc d'Orléans depuis peu. Conflit d'intérêts, conflit de générations : Louis d'Orléans est le maître des festivités de la cour, et son nom reste attaché au dramatique incendie du bal des Ardents.