Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
B

Bourse, (suite)

La dynamisation du marché boursier.

• Tout au long du XXe siècle, les cours de la Bourse suivent une évolution chaotique : l'inflation des années 1915-1926 et la chute du régime tsariste en Russie font perdre de l'argent aux épargnants ; ensuite, les cours remontent entre 1926 et 1930 ; jusqu'en 1954, la Bourse stagne en raison de la dépression des années trente, de la guerre, du poids des bons du Trésor dans l'épargne, des nationalisations de 1936 et de 1945-1946, qui soustraient des valeurs intéressantes au marché. Suivent une période de hausse des cours (1954-1962), due à la reprise économique, puis, de nouveau, des années de stagnation (1963-1968), avant l'entrée dans la crise (1973-1978). En 1977, la capitalisation boursière sur la place de Paris ne représente que 3,4 % de celle de New York, 13 % de celle Tokyo, 28 % de celle de Londres. L'État relance alors le marché afin de financer l'expansion. Il autorise la création de produits d'épargne alléchants (sicav), qu'il favorise par des avantages fiscaux. Les besoins des entreprises, les restructurations capitalistiques, les batailles boursières, stimulent la Bourse. Un mouvement à la hausse se développe de 1978 à 1987 et de 1990 à 1994, encouragé par les privatisations, qui permettent un accroissement spectaculaire du nombre de petits porteurs. Le marché parisien s'adapte aux énormes besoins de financement tant de l'État, surendetté, que des firmes multinationales ; il doit en outre devenir compétitif face aux marchés anglo-saxons et japonais. Après la fusion des marchés à terme et au comptant (1983), le marché financier entre dans l'ère de la déréglementation (1986-1988) : intégration des Bourses provinciales et parisienne dans un seul marché ; fin du monopole des agents de change avec le transfert de l'intermédiation à des « sociétés de Bourse » désormais contrôlées, pour la plupart, par les banques ; suppression en 1987 de la « corbeille » autour de laquelle s'effectuaient les transactions et mise en place d'un vaste système de gestion électronique par télétransmission.

Des marchés spécialisés sont créés pour faciliter l'insertion de la place parisienne dans les circuits de financement mondiaux : au marché des actions et obligations, complété par le « second marché » réservé aux firmes ouvrant leur capital, s'ajoutent des marchés d'options négociables (MONEP, 1987) et d'instruments financiers à terme (MATIF), qui sont segmentés en de multiples marchés hautement volatils.

L'intensification des contrôles et de la régulation répond à cette libéralisation : afin d'éviter la manipulation des cours, les délits d'initié, la diffusion d'informations tronquées, la spoliation des petits porteurs par des coalitions de financiers, les pouvoirs de la Commission des opérations de Bourse (COB), créée en 1967, sont étendus en 1988 ; la Société des Bourses françaises, créée la même année et qui gère le marché, renforce elle aussi le dispositif réglementaire.

bourse du travail,

forme d'organisation locale du mouvement ouvrier apparue à la fin des années 1880.

On considère cependant que la conception en revient à l'économiste libéral Gustave de Molinari (1819-1912), qui, à partir de 1843, propose la création d'une institution mettant directement en rapport offreurs et demandeurs d'emploi. En 1857, il fonde d'ailleurs un journal intitulé la Bourse du travail.

La première bourse du travail est instituée par le conseil municipal de Paris, en 1887, dans un esprit assez différent : il s'agit alors de mettre un local à la disposition des chambres syndicales. Nîmes, Marseille, puis Saint-Étienne, imitent bientôt la capitale. Le 7 février 1892, leurs représentants se réunissent à Saint-Étienne, pour créer la Fédération des bourses du travail, sur laquelle Fernand Pelloutier exerce une influence tout à fait décisive de 1895 à sa mort, en 1901. En 1892, on compte 14 bourses du travail ; en 1901, 74 ; en 1908, 157, toutes subventionnées par les municipalités et parfois par les conseils généraux, même modérés. En 1914, elles rassemblent 2 199 syndicats et quelque 500 000 membres.

La bourse constitue à la fois une mutualité qui assure le placement, un recours pour les accidentés du travail et les chômeurs, et un lieu d'accueil pour les travailleurs migrants. En outre, elle devient vite une organisation de « résistance » qui assiste les ouvriers en grève, et un outil de propagande en faveur de la création des syndicats et des coopératives. Enfin, souvent dotée d'une bibliothèque, elle représente un lieu de culture où sont dispensés des enseignements généraux et professionnels. Des enquêtes concernant les effets du travail industriel sur la santé y sont également menées en collaboration avec des médecins.

Cette forme d'organisation ouvrière est sans doute la structure la mieux adaptée au rassemblement de la main-d'œuvre de l'industrie et des vieux métiers urbains. Elle enracine, sur une base locale et non pas professionnelle, un mouvement ouvrier dont l'une des grandes originalités est de combiner ces deux dimensions, notamment grâce à l'organisation de la CGT, qui, créée en 1895, accueille la Fédération des bourses à partir de 1902. Enfin, les bourses du travail constituent l'un des creusets où se développent le syndicalisme révolutionnaire et l'idée de grève générale. Durant les années 1906-1909, plusieurs d'entre elles jouent un rôle moteur dans l'agitation ouvrière, et voient d'ailleurs leurs subventions suspendues.

Bouvines (bataille de),

victoire du roi de France Philippe Auguste, le 27 juillet 1214, contre une coalition réunissant l'empereur Otton IV, le roi d'Angleterre Jean sans Terre, le comte de Flandre Ferrand de Portugal et le comte de Boulogne Renaud de Dammartin.

 Au soir du dimanche 27 juillet 1214, la coalition qu'a suscitée Jean sans Terre est vaincue. Philippe Auguste a mis en fuite Otton IV de Brunswick et fait prisonnier Ferrand de Portugal. Victorieux le jour de la Trêve de Dieu, il a prouvé la justesse de son combat.

L'aboutissement d'une longue lutte contre les Plantagenêts.

• En 1204, le roi de France a conquis la Normandie, confisquée à Jean sans Terre en 1202. Ce dernier rassemble depuis lors, autour de lui, tous ceux qui ont des motifs d'hostilité à l'égard du roi de France. Ainsi, dans les premières années du XIIIe siècle, une intense activité diplomatique est déployée de part et d'autre de la Manche, mais aussi de part et d'autre de l'Escaut, qui sépare le royaume de France de l'Empire. Renaud de Dammartin, ami et protégé du roi de France, perpétuel mécontent, trahit son suzerain et traverse la Manche. Le comte de Flandre se remet mal d'avoir dû abandonner au prince Louis les châtellenies de Saint-Omer et d'Aire-sur-la-Lys. L'empereur Otton de Brunswick, enfin, neveu de Jean sans Terre, a d'abord été soutenu par le pape Innocent III, mais, depuis 1210, il est excommunié. Philippe Auguste soutient son concurrent, le jeune Frédéric de Hohenstaufen, futur Frédéric II. Le roi de France tire profit également des difficultés de Jean sans Terre avec le pape Innocent III. Excommunié en 1212, Jean sans Terre est menacé l'année suivante d'une invasion par le roi de France, bras armé du pape. Il ne doit son salut qu'à une soumission complète à Innocent III, à qui il remet son royaume, désormais fief du Saint-Siège.