Larousse Médical 2006Éd. 2006
S

sommeil (suite)

Les rêves

Tout le monde rêve – même si aucun souvenir n'en subsiste –, presque toujours au cours du sommeil paradoxal, beaucoup plus rarement pendant le sommeil lent. Une période de sommeil paradoxal peut être occupée par un seul rêve mais, le plus souvent, elle comporte des rêves nombreux, dont il n'est pas possible de se rappeler le début et la fin. Un sujet réveillé au milieu d'un rêve se rappelle habituellement les événements de ce songe avec une grande précision et en couleurs. Les personnes aveugles de naissance n'ont, bien sûr, pas de rêves visuels, mais seulement des rêves auditifs, olfactifs ou sensitifs. En revanche, un sujet devenu aveugle après l'âge de sept ans peut continuer à rêver avec des images pendant 10 à 20 ans. Certaines personnes sont, occasionnellement ou habituellement, conscientes de rêver, comme si elles assistaient à un « film » : c'est ce qu'on appelle le rêve lucide. Certains rêveurs lucides parviennent même – mais plus rarement – à contrôler les images de leur rêve.

Pourquoi rêve-t-on ? En 1900, Sigmund Freud révolutionnait l'approche du rêve en publiant l'Interprétation des rêves. Selon Freud, le rêve révèle à travers son contenu manifeste un contenu latent, expression de la réalisation de désirs refoulés. Mais sa théorie est loin d'expliquer la fonction biologique du rêve : pourquoi rêve-t-on ? et pourquoi le sommeil paradoxal est-il proportionnellement plus important chez le nourrisson ? Selon Freud le rêve permettrait de stabiliser la mémoire à long terme, de revivre ou d'oublier des moments de la journée écoulée ou encore de reprogrammer génétiquement le cerveau et de retrouver la part innée de sa personnalité.

sommeil (troubles du)

Toute perturbation de la durée ou de la qualité du sommeil.

   Les troubles du sommeil sont de trois sortes : insomnie (insuffisance de sommeil), hypersomnie (excès de sommeil), parasomnie (comportement anormal pendant le sommeil) ; par ailleurs, certains troubles du sommeil sont propres à l'enfant. Des techniques de mesures électroencéphalographiques sur 24 heures permettent aux « laboratoires du sommeil » une meilleure appréciation de ces troubles.

Hypersomnie

L'hypersomnie peut être d'origine psychologique (anxiété, dépression) ou due à la prise d'anxiolytiques, à une maladie neurologique (sclérose en plaques, tumeur intracrânienne), à un traumatisme crânien, à une intoxication ou à une infection. La somnolence simple en est la forme la plus courante. Les autres formes d'hypersomnie sont plus rares. Parmi elles, la narcolepsie est caractérisée par la survenue, pendant la journée, de brusques accès de sommeil et de chutes brutales du tonus musculaire (cataplexie).

TRAITEMENT

Hormis le traitement d'une maladie causale, il est assez limité ; les antidépresseurs, voire les amphétamines, sont parfois indiqués pour une période brève. Une nouvelle molécule qui maintient l'éveil, le modafinil, est également proposée depuis quelques années. Mieux tolérée et efficace chez plus de patients que les autres substances, elle n'entraîne en outre pas d'effets secondaires psychiques ni cardiovasculaires.

Insomnie

Pour juger de la réalité d'une insomnie, on se fie peu à la durée de sommeil, trop variable d'une personne à l'autre ; en revanche, on tient compte d'une modification récente de la durée de sommeil et de ce que ressent le patient (fatigue au réveil, impression subjective de mal dormir).

— L'insomnie transitoire dure de quelques jours à quelques semaines. Elle est liée à des circonstances ou à un événement extérieur précis : stress ou tension émotionnelle, soucis professionnels, douleur, etc.

— L'insomnie chronique regroupe un grand nombre de troubles : difficultés d'endormissement, souvent liées à une anxiété ; réveils nocturnes trop fréquents, souvent liés, quant à eux, à une dépression s'ils se produisent au cours de la deuxième moitié de la nuit et si le sujet se rendort difficilement ou pas du tout ; insomnie complète, rare en dehors de maladies psychiatriques graves (manie, mélancolie, confusion mentale, démence). Il existe, de plus, des insomnies méconnues, au cours desquelles le sommeil semble normal alors qu'il est en fait entrecoupé de réveils et de cauchemars.

TRAITEMENT

Il comprend des mesures simples : se coucher seulement lorsque l'on a sommeil, s'abstenir de stimulation intellectuelle ou émotionnelle (lecture, film violent) de 30 minutes à une heure avant le coucher, se lever et avoir une activité simple lorsque le sommeil ne vient pas plutôt que de rester couché, s'abstenir de repas trop riches le soir, etc. Les médicaments (hypnotiquesou anxiolytiques) constituent un appoint, mais de préférence en cure courte (4 semaines au maximum). Si les précautions d'emploi ne sont pas respectées, ils peuvent induire une somnolence le matin, une accoutumance – des doses de plus en plus élevées devenant nécessaires –, ou une dépendance – le malade ne pouvant plus trouver le sommeil sans médicaments. Leur prescription est donc le plus souvent limitée.

Parasomnie

Le somnambulisme, forme la plus fréquente de parasomnie, s'observe principalement chez l'enfant entre 6 et 12 ans. De mécanisme mal connu, il persiste souvent plusieurs années, puis disparaît en général spontanément au fil du temps, mais peut aussi réapparaître chez l'adulte au cours d'une période de tension émotionnelle. Ses manifestations consistent en un « réveil » apparent au cours des premières heures de la nuit, suivi d'une succession de comportements éventuellement complexes : le sujet peut se lever, s'habiller, marcher, ouvrir des portes, avant de se réveiller ou de regagner son lit au bout de quelques minutes. Il est difficile et inutile de le réveiller ou d'essayer de le faire.

TRAITEMENT ET PRÉVENTION

Le somnambulisme est un trouble le plus souvent bénin du sommeil, qui ne justifie un traitement médicamenteux que dans de très rares cas. La prévention d'éventuels accidents est primordiale ; elle consiste à assurer au somnambule un environnement dépourvu de risque (fenêtre ou porte ouvertes, escalier, objets dangereux).

Voir : syndrome de Gélineau, hypnotique, narcolepsie.