Larousse Médical 2006Éd. 2006
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toxicomanie (suite)

Guérir et prévenir la toxicomanie

Un consommateur occasionnel ne nécessite pas de traitement médical : l'entourage familial et scolaire doit l'avertir du risque d'accoutumance et d'escalade. Celui qui use plus régulièrement de drogues peut être aidé par un soutien psychologique qui lui permettra de comprendre quelle difficulté d'existence il essaie de compenser et par quels comportements il peut remplacer la drogue. Enfin, si une dépendance physique est installée, un sevrage s'impose avant la prise en charge psychologique. Il est pratiqué sous contrôle médical et associé à l'administration temporaire de médicaments de substitution. La prise en compte des toxicomanies comprend également la prévention et/ou le traitement de problèmes de santé découlant de la prise de drogues : pour éviter la propagation de maladies virales, certains pays mettent à l'essai des mesures comme la mise en vente libre de seringues stériles.

— Des rechutes fréquentes. Les rechutes sont liées à des mécanismes biologiques, mais aussi psychologiques, le souvenir de l'effet « agréable » de la drogue persistant dans le psychisme. Aussi sont-elles fréquentes ; ce n'est souvent qu'après plusieurs rechutes que le toxicomane se stabilise, lorsqu'il se découvre une passion qui « l'accroche » plus que la drogue. La recherche de cet intérêt de substitution constitue l'objectif des programmes de réadaptation réalisés par des centres spécialisés ou des groupes d'entraide, mais doit également être soutenue par l'entourage du malade.

— Éduquer et prévenir. Limiter l'accès aux drogues par des mesures de contrôle du trafic, de répression de la distribution et de la consommation constitue une mesure efficace pour prévenir la toxicomanie. Cependant, l'attrait financier, pour les vendeurs de drogue, et celui de la transgression, pour les consommateurs, sont tels qu'une éradication est illusoire. Aussi doit-on souligner l'importance, dans cette prévention, de l'éducation : plus que d'une prévention de l'usage de drogues, il s'agit de la préparation à un mode d'existence où la drogue n'exerce pas d'attrait parce que l'on a pu développer une personnalité qui trouve en elle-même suffisamment de ressources.

— Les drogues de substitution. Chez un grand nombre de toxicomanes, le sevrage et l'abandon de toute drogue ne sont pas envisageables. Aussi certains programmes de traitement comprennent-ils la distribution de produits dits de substitution à l'héroïne, tels que la méthadone (Mephenon), la buprenorphine (Subutex) ou encore d'autres morphiniques de synthèse contrôlés pharmaceutiquement. L'objectif de cette politique, qui suscite de vives polémiques (en raison du risque de dépendance à ces produits et de leur revente en fraude), est de prévenir la délinquance liée à la recherche de drogue, de diminuer les risques de transmission virale (sida) ou encore d'inciter la personne qui suit ce traitement à suivre un traitement psychologique, ce qui est plus aisé lorsqu'on bénéficie d'un traitement de substitution.

Voir : addiction, alcoolisme, cocaïne, dépendance, héroïne, sevrage d'un toxique, tabagisme.

toxidermie

Trouble cutané et/ou muqueux dû à l'ingestion ou à l'injection d'un médicament.

   Les toxidermies représentent entre 10 et 25 % des hospitalisations dues aux effets indésirables des médicaments. Elles sont plus fréquentes chez les personnes âgées soumises à une consommation médicamenteuse importante et chez les femmes. En revanche, elles sont rares chez les enfants.

CAUSES

Les médicaments le plus souvent mis en cause sont les antibiotiques, les sulfamides, les produits de contraste iodés, les anesthésiques généraux, les sels d'or et la D-pénicillamine. Pour ce qui est des digitaliques, des opiacés, des benzodiazépines, de la codéine, des bêtabloquants, des antihistaminiques et des contraceptifs oraux, ils induisent plus rarement des toxidermies. Le mécanisme en jeu permet de classer les toxidermies en deux grandes catégories.

— Les toxidermies immuno-allergiques sont dues à une hypersensibilité (« allergie » du langage courant).

— Les toxidermies non immuno-allergiques sont dues à diverses causes : dépôt du médicament sous la peau (argyrie), surdosage (élimination insuffisante du médicament par le foie ou les reins, interaction entre divers médicaments), effet secondaire d'un médicament (chute de cheveux consécutive à la prise de certains anticancéreux, par exemple), perturbation de la flore microbienne (développement de champignons du type Candida albicans après une antibiothérapie par voie générale), réaction phototoxique (déclenchement, après exposition au soleil, d'une éruption rouge ou bulleuse, consécutivement à la prise d'un médicament), etc.

SYMPTÔMES ET SIGNES

Certains cas de toxidermie sont aigus et graves, voire mortels en l'absence de traitement. De simples démangeaisons, une urticaire, un œdème de Quincke (gonflement du visage), un malaise ou une érythrodermie (rougeur généralisée), si on ne leur trouve pas une autre cause et si le patient prend des médicaments, sont donc à considérer comme un signe d'alarme important, parfois suffisant pour nécessiter une hospitalisation en urgence. Une toxidermie peut aussi se traduire par un érythème pigmenté fixe (rougeurs apparaissant toujours aux mêmes endroits, à chaque prise de médicament), un eczéma, une éruption bulleuse, un purpura (rougeurs hémorragiques par extravasation des globules rouges en dehors des vaisseaux sanguins), une acné, un choc anaphylactique (défaillance circulatoire), une maladie sérique, une vascularite allergique, un lupus érythémateux, un pemphigus vulgaire, un pseudo-lymphome, une photo-allergie médicamenteuse, des troubles de la pigmentation ou des problèmes pilaires (chute de cheveux, hypertrichose [développement anormal de poils dans une région qui normalement n'en a pas ou ne présente qu'un fin duvet]), etc.

DIAGNOSTIC

Il repose sur le caractère souvent symétrique des lésions, les démangeaisons très vives qu'elles provoquent, le fait que le début de l'éruption coïncide, à quelques heures ou quelques jours près, avec la prise d'un nouveau médicament. Enfin, la disparition des lésions avec l'arrêt du médicament et leur récidive éventuelle en cas de nouvelle prise constituent aussi des arguments diagnostiques très importants.

TRAITEMENT ET PRÉVENTION

Le traitement consiste à suspendre la prise du médicament en cause et à soigner les symptômes : soins cutanés, prescription d'antihistaminiques (contre les démangeaisons), voire réanimation dans les cas les plus graves. Un essai de réintroduction du médicament doit toujours être conduit avec la plus grande prudence et en milieu hospitalier, car il peut se révéler dangereux.