Larousse Médical 2006Éd. 2006
S

scintillation

Émission de lumière par certains composés sous l'effet de rayonnements X ou gamma.

   C'est sur le principe de la scintillation qu'est fondé le fonctionnement des détecteurs de radioactivité dits détecteurs à scintillation. La partie utile des détecteurs employés en médecine nucléaire est le plus souvent constituée d'un cristal d'iodure de sodium auquel ont été ajoutés quelques atomes de thallium. La lumière émise par le cristal, de très faible intensité, est amplifiée plusieurs millions de fois par un appareil approprié appelé photomultiplicateur. Ce dispositif équipe les compteurs et les caméras (gammacaméras, ou caméras à scintillation employées en scintigraphie) qui détectent les rayons gamma. Il est également tiré parti du phénomène de scintillation, en radiologie, pour améliorer la détection des rayons X par les films radiographiques et réduire ainsi les doses de rayonnement nécessaires.

scissure

Sillon creusé à la surface d'un organe.

   Il existe notamment des scissures dans le cerveau et les poumons.

— Les scissures cérébrales sont les plus profonds des nombreux sillons visibles sur le cortex, à la surface de chaque hémisphère, y délimitant les circonvolutions cérébrales.

— La scissure de Rolando est verticale et sépare le lobe frontal, en avant, du lobe pariétal, en arrière.

— La scissure de Sylvius est horizontale et sépare le lobe frontal et le lobe pariétal, en haut, du lobe temporal, en bas.

— D'autres scissures se développent au sein même d'un lobe cérébral, comme la scissure calcarine, dans le lobe occipital.

— La scissure interhémisphérique – verticale, médiane et orientée d'avant en arrière – sépare les deux hémisphères cérébraux.

— Les scissures pulmonaires divisent les poumons en lobes. Le poumon droit comprend trois lobes superposés, séparés par deux scissures : la petite scissure entre le lobe supérieur et le lobe moyen, la grande scissure entre le lobe moyen et le lobe inférieur. Le poumon gauche ne possède que deux lobes, un supérieur et un inférieur, séparés par une unique scissure. Les scissures pulmonaires sont parfois visibles sur une radiographie thoracique en cas d'insuffisance ventriculaire gauche ou d'épanchement pleural.

sclère

sclérotique

sclérème

Maladie cutanée très rare du nouveau-né, d'évolution sévère, consistant en une induration de la peau débutant aux membres inférieurs et pouvant se généraliser.

   Le sclérème est de cause inconnue ; il pourrait être lié à une dénutrition et à diverses carences.

Il survient entre le 2e et le 10e jour après la naissance chez un enfant prématuré. La peau perd sa souplesse et prend une teinte cireuse ou violette.

Il n'existe pas de traitement.

sclérite

Inflammation de la sclérotique, tunique externe du globe oculaire formant le blanc de l'œil.

   Les sclérites sont relativement rares car la vascularisation de la sclérotique est peu importante. Les lésions se localisent surtout près du limbe sclérocornéen (zone de jonction entre la cornée et la sclérotique).

   Une telle affection peut survenir au cours d'une maladie de système (sarcoïdose, polyarthrite rhumatoïde, par exemple) ou constituer une manifestation allergique.

DIFFÉRENTS TYPES DE SCLÉRITE

On distingue trois types de sclérite en fonction de la localisation de l'inflammation.

— Les épisclérites (inflammation de l'épisclère, membrane qui recouvre la sclérotique) se manifestent par une rougeur visible à travers la conjonctive, dont les vaisseaux sont souvent dilatés. Cette affection, transitoire, très peu douloureuse et bénigne, ne nécessite qu'un traitement par collyres anti-inflammatoires, mais elle peut récidiver. Parfois s'y associent des nodules violacés de la taille d'une lentille, d'évolution plus prolongée mais tout aussi bénigne. Une épisclérite accompagne souvent une polychondrite atrophiante (maladie inflammatoire avec atteinte des cartilages).

— Les sclérites antérieures, plus rares, se localisent sur la partie antérieure, visible, de la sclère. Le patient ressent des douleurs oculaires, augmentées par les mouvements de l'œil et la lecture, craint la lumière et larmoie. La corticothérapie locale permet de faire régresser la maladie en quelques semaines ou en quelques mois. Un amincissement scléral localisé peut toutefois persister et des récidives sont possibles (sclérite migratoire).

— Les sclérites postérieures, très rares, se manifestent par une inflammation de l'orbite. Douleurs derrière l'œil, maux de tête, parfois diplopie (vision double) et exophtalmie (saillie du globe oculaire hors de son orbite), avec œdème des paupières et de la conjonctive, en sont les symptômes. La sclérite postérieure régresse en quelques semaines sous corticothérapie locale. Toutefois, des adhérences des muscles oculomoteurs peuvent se produire.

sclérodermie

Maladie auto-immune caractérisée par une sclérose progressive du derme et, dans certains cas, des viscères.

   La sclérodermie est une maladie rare, le nombre de nouveaux cas chaque année étant d'environ 2 à 16 par million d'adultes. Elle est plus fréquente chez la femme et débute le plus souvent entre 40 et 50 ans.

MÉCANISME

La cause de la sclérodermie est inconnue mais son mécanisme est en partie élucidé : il consiste en une altération du tissu conjonctif, dont les faisceaux de fibres de collagène augmentent en taille, et en une atteinte des artérioles et des capillaires, ce qui entraîne une fibrose, ou sclérose. Il existe deux grands types de sclérodermie, la forme localisée et la forme systémique.

Sclérodermie localisée

C'est une fibrose atteignant essentiellement le derme, dans certains cas les tissus sous-jacents (aponévroses et muscles), mais respectant les viscères.

DIFFÉRENTS TYPES DE SCLÉRODERMIE LOCALISÉE

— La sclérodermie en bandes forme des bandes bien limitées de tissu scléreux, ferme et induré, d'un blanc nacré limité par une fine bordure lilas, qui siègent surtout sur les membres, le visage ou le cuir chevelu ; on parle dans ces derniers cas de sclérodermie en coup de sabre. Les lésions peuvent laisser d'importantes séquelles esthétiques et fonctionnelles (limitation des mouvements articulaires).

— La sclérodermie en gouttes se traduit par de petits éléments arrondis, d'un blanc nacré, qui touchent surtout la nuque, le cou, les épaules et le haut du thorax.

— La sclérodermie en plaques forme des plaques cutanées ou morphées, de couleur et de consistance identiques aux lésions de la sclérodermie en bandes. Les plaques peuvent persister durant plusieurs années avant de guérir en laissant des cicatrices peu marquées.

DIAGNOSTIC

Il repose essentiellement sur l'examen clinique, les examens biologiques étant normaux. L'examen histologique confirme le diagnostic, montrant l'amincissement de l'épiderme et surtout la sclérose du derme.

TRAITEMENT

Il est assez peu efficace, qu'il s'agisse des corticostéroïdes locaux ou des traitements par voie générale visant à lutter contre la sclérose (vitamine E, extraits d'huile d'avocat, corticostéroïdes dans les formes extensives). Une rééducation active (kinésithérapie) est nécessaire en cas de séquelles fonctionnelles (rétractions musculaires, retard de croissance) occasionnées par les lésions aponévrotiques et musculaires.

Sclérodermie systémique

Elle associe, à des signes cutanés variables mais tous caractérisés par un épaississement induré du tégument, des manifestations viscérales multiples.

SYMPTÔMES ET SIGNES

La première manifestation en est presque toujours un syndrome de Raynaud : par temps froid, les vaisseaux sanguins irriguant les doigts se contractent brusquement ; les doigts deviennent alors blancs comme du marbre, puis violets, avant de revenir à leur couleur normale. L'évolution se fait ensuite vers deux formes différentes, la forme limitée ou la forme diffuse.

— La forme limitée associe au syndrome de Raynaud une ou plusieurs autres anomalies : sclérodactylie (sclérodermie des doigts) – la peau devient lisse, rigide, impossible à pincer, les doigts prennent une forme effilée et se fixent progressivement en flexion irréductible ; télangiectasies (dilatation des petits vaisseaux sanguins cutanés) siégeant sur le visage, les mains et les pieds ; calcinose (petites masses dermiques calcifiées favorisant l'ulcération de la peau sus-jacente) sur les mains et les pieds ; atteinte motrice de l'œsophage, confirmée par la manométrie œsophagienne, altérant la motricité de cet organe et entraînant une dysphagie (gêne à la déglutition). L'ensemble de ces troubles est parfois dénommé C.R.E.S.T. syndrome (abréviation anglo-saxonne de calcinose, Raynaud, atteinte œsophagienne, sclérodactylie, télangiectasies). Des arthralgies et une péricardite s'observent dans certains cas. Le pronostic est assez favorable, mais un passage vers la forme diffuse est possible.

— La forme diffuse se caractérise par l'extension de la sclérodermie à un ou plusieurs viscères, principalement les reins, ce qui entraîne deux fois sur trois une hypertension artérielle de pronostic sévère. Cette forme atteint aussi le péricarde et, plus rarement, le myocarde, les poumons (fibrose interstitielle gênant la respiration) et le tube digestif, avec œsophagite et malabsorption des aliments. Le diagnostic, essentiellement clinique, peut s'aider de la capillaroscopie unguéale et de la recherche dans le sang de certains auto-anticorps (anticorps sécrétés par l'organisme contre un de ses propres constituants). Cette forme est grave mais son évolution peut se stabiliser après quelques années.