Larousse Médical 2006Éd. 2006
O

œdème angioneurotique

œdème de Quincke

œdème angioneurotique héréditaire

Affection héréditaire qui touche le système d'activation du complément (système enzymatique qui participe à la destruction des antigènes) et se traduit par des crises d'œdème (rétention pathologique de liquide) des tissus sous-cutanés, des muqueuses et de certains viscères.

   L'œdème angioneurotique héréditaire se transmet sur le mode autosomique (par les chromosomes non sexuels) dominant : il suffit que le gène responsable soit transmis par l'un des deux parents pour que l'enfant développe la maladie.

   Les crises se déclenchent à l'occasion d'infections rhinopharyngées, de chocs nerveux ou affectifs ou, chez la fille, au moment de l'apparition des règles.

SYMPTÔMES ET SIGNES

Les crises touchent le visage et les membres. L'œdème qui apparaît se présente comme un gonflement mou augmentant en quelques heures, puis disparaissant spontanément en 24 ou 48 heures. Ses répercussions sont variables mais, s'il est très marqué (s'il empêche d'ouvrir les yeux, par exemple), il peut constituer une gêne importante.

   Lorsque l'œdème atteint la muqueuse du larynx ou des bronches, il peut provoquer une détresse respiratoire et une asphyxie.

   L'appareil urinaire et l'appareil digestif peuvent également être touchés. Dans ce dernier cas, le patient souffre de dysphagie (difficulté à déglutir) et de douleurs abdominales.

DIAGNOSTIC

Des œdèmes à répétition chez un enfant ou un adolescent doivent suggérer le diagnostic d'œdème angioneurotique héréditaire.

   La baisse, voire l'effondrement, du taux de certaines protéines du sérum sanguin qui composent le complément permettent d'établir le diagnostic. L'examen demandé par le médecin pour procéder au diagnostic est un dosage du complément, de ses fractions et de ses inhibiteurs. La maladie est prévisible dans certaines familles et peut faire l'objet d'un conseil génétique.

TRAITEMENT

L'administration de produits antifibrinolytiques (qui servent à éviter l'obturation des vaisseaux) et la prescription d'hormones androgènes (y compris chez les hommes) constituent les fondements du traitement. Celui-ci, efficace, est prescrit tantôt de façon permanente, tantôt au moment des crises.

œdème cérébral

Majoration du volume du cerveau, consécutive à une augmentation de la teneur en eau de ses tissus.

   L'œdème cérébral accompagne différentes maladies de l'encéphale : tumeur, traumatisme, infection, inflammation, accident vasculaire cérébral.

   Deux mécanismes sont possibles : soit la fuite du plasma en dehors des capillaires sanguins (œdème vasogénique par troubles circulatoires), soit, plus rarement, une accumulation de liquide à l'intérieur des cellules nerveuses elles-mêmes (œdème neurogénique par lésion des parois cellulaires, le plus souvent d'origine ischémique).

   Le crâne étant rigide, l'œdème cérébral entraîne une hypertension intracrânienne se traduisant par des signes tels que des paralysies, des vomissements, des maux de tête, un coma, et il peut être mortel.

   Le traitement nécessite une hospitalisation en urgence et associe des antiœdémateux cérébraux (macromolécules, corticostéroïdes) au traitement de la cause. Les antiœdémateux ne sont efficaces qu'en cas d'œdème vasogénique.

œdème oculaire

Infiltration de liquide séreux dans les tissus de l'œil.

Œdème conjonctival

Encore appelée chémosis, cette infiltration de liquide sous la conjonctive peut être due à une contusion, à une brûlure ou à une conjonctivite allergique. Un œdème conjonctival se traduit par un gonflement indolore et souvent translucide de la conjonctive. Visible à l'examen clinique, il est traité par l'application locale de collyres ou de pommades anti-inflammatoires.

Œdème cornéen

Cette infiltration de liquide dans les couches de la cornée peut survenir après un traumatisme (contusion, plaie, brûlure) ou une inflammation (kératite), ou peut encore témoigner d'une aggravation d'une anomalie congénitale. Un œdème cornéen se manifeste par un épaississement de la cornée, qui perd de sa transparence, et entraîne une baisse de l'acuité visuelle. Il est diagnostiqué par l'examen de l'œil au biomicroscope. Le traitement d'un œdème cornéen fait appel à l'application locale de collyres anti-inflammatoires et antiœdémateux.

Œdème maculaire

Cette infiltration de liquide sous la macula (partie de la rétine responsable de l'acuité visuelle) est liée à l'occlusion de la veine centrale de la rétine, ou à une affection de la rétine, causée par un diabète ou par une hypertension artérielle. Un œdème maculaire se traduit par une baisse importante de l'acuité visuelle et peut provoquer des exsudats de plasma dans toute la rétine ou un soulèvement localisé de celle-ci. Un œdème maculaire dit « cystoïde » est composé de petits kystes juxtaposés qui, faute de traitement, peuvent détruire progressivement la rétine, en plusieurs mois ou en plusieurs années. L'angiographie oculaire met en évidence l'œdème maculaire. Le traitement de cet œdème est celui de sa cause.

Œdème palpébral

Cette infiltration de liquide sous la paupière est consécutive à un traumatisme ou à une inflammation (orgelet, par exemple). Un œdème palpébral se manifeste par un gonflement bien visible d'une ou des deux paupières, parfois accompagné d'une rougeur, d'une sensation de chaleur ou d'une douleur. Le traitement fait appel aux anti-inflammatoires locaux ou généraux.

Œdème papillaire

Cette infiltration de liquide dans la papille (tête du nerf optique) peut être due à une hypertension intracrânienne ; elle atteint alors les deux yeux. Si elle est unilatérale, elle peut témoigner d'une inflammation de la papille (papillite) ou d'un défaut d'irrigation sanguine (ischémie papillaire). On la rencontre également lors de la sclérose en plaques. Un tel œdème entraîne une baisse de l'acuité visuelle. Visible à l'examen du fond d'œil, la papille gonflée apparaît plus saillante et ses contours s'estompent. Des hémorragies plus ou moins abondantes peuvent se produire à sa périphérie ainsi qu'une dilatation des capillaires et des veines. Le traitement est celui de la cause. Un œdème papillaire régresse en une période allant de quelques jours à quelques mois. Des séquelles sont possibles : une atrophie optique (caractérisée par une papille plate et blanche) entraîne, si les fibres visuelles sont détruites, une atteinte de la vision pouvant aller de l'amputation du champ visuel à la vision nulle.