Larousse Médical 2006Éd. 2006
E

embolie artérielle des membres

Obstruction brutale d'une artère du membre supérieur ou inférieur.

   Une embolie artérielle d'un membre est due à la formation d'un caillot sur la paroi de l'oreillette ou du ventricule gauches, elle-même consécutive à une pathologie d'une valvule (rétrécissement mitral), à un infarctus du myocarde ou à un trouble du rythme cardiaque (fibrillation auriculaire). Plus rarement, elle peut être due à la formation d'un caillot sur la paroi d'un anévrysme de l'aorte.

   Une embolie artérielle de ce type se manifeste par une brusque et intense douleur d'un membre, le plus souvent un des deux membres inférieurs. Le pouls, pris au poignet ou à la cheville, est impalpable. La peau est froide, pâle, puis elle peut devenir insensible. Les muscles sont parfois paralysés. Selon l'artère obstruée, la limite supérieure de ces signes est plus ou moins haute sur le membre, qui, parfois, peut être entièrement atteint.

TRAITEMENT ET PRÉVENTION

Il faut pratiquer en urgence une ablation chirurgicale de l'embole sous anesthésie générale ou locale, après ouverture de la paroi de l'artère. Une autre méthode, réalisable sous anesthésie locale, consiste, à l'aide d'une sonde introduite dans l'artère en passant à travers la peau, à ramener l'embole jusqu'à l'orifice de ponction. En l'absence de traitement, l'embolie peut provoquer une gangrène du membre atteint. La prévention des récidives fait appel aux anticoagulants ou aux antiagrégants.

embolie cérébrale

Obstruction brutale de l'une des artères destinées à l'irrigation sanguine de l'encéphale.

   Une embolie cérébrale est due à une affection du cœur ou d'une artère : formation dans le cœur d'un caillot à la suite d'une valvulopathie, d'un infarctus du myocarde, d'un trouble du rythme cardiaque (fibrillation auriculaire) ou de la pose d'une prothèse valvulaire, puis migration vers le cerveau des fragments de ce caillot ; formation d'un caillot à partir d'un rétrécissement d'une artère carotide ou d'une plaque d'athérome (dépôt de cholestérol) ; fragmentation et migration de matériel athéromateux formé dans la carotide ; etc.

   L'embolie cérébrale provoque un accident vasculaire cérébral du type ischémique, c'est-à-dire dû à une diminution de l'irrigation sanguine d'un territoire cérébral. Cet accident se traduit de différentes façons : paralysie, abolition de la sensibilité, troubles du langage, voire de la conscience.

TRAITEMENT ET PRONOSTIC

Si l'on est pratiquement sûr qu'il s'agit bien d'une embolie cérébrale, un traitement anticoagulant peut être proposé, mais il existe un risque d'hémorragie. Le pronostic, relativement sévère, dépend de la localisation et de l'étendue du territoire atteint.

   Le pronostic peut être amélioré si le patient, très rapidement amené dans un service hautement spécialisé dans le traitement des maladies vasculaires, peut bénéficier d'une thrombolyse, méthode délicate consistant en l'injection de substances capables de détruire le caillot obstruant l'artère.

Voir : thrombolyse.

embolie gazeuse

Migration de bulles de gaz dans les vaisseaux sanguins, qui les transportent le plus souvent jusqu'au cerveau.

CAUSES

L'embolie gazeuse est une forme assez rare d'embolie ; elle peut être provoquée par l'irruption accidentelle d'air dans un vaisseau au cours d'une intervention chirurgicale (chirurgie cardiaque, pulmonaire, neurochirurgie), lors d'interventions portant sur le circuit sanguin (transfusion massive sous pompe, circulation extracorporelle) ou encore lors de certains actes diagnostiques ou thérapeutiques (angiographie, cœlioscopie, laparoscopie). Un cas particulier d'embolie gazeuse est dû à la formation de bulles de gaz dans les vaisseaux sanguins à la suite d'une décompression brutale (accidents de plongée, maladie des caissons).

SYMPTÔMES ET SIGNES

L'embolie gazeuse donne lieu à des troubles neurologiques soudains – convulsions, coma, déficit moteur, troubles visuels –, sources de possibles séquelles, et à des troubles cardiovasculaires : collapsus, arrêt cardiocirculatoire, troubles du rythme cardiaque ou signes d'insuffisance coronarienne.

TRAITEMENT

Le traitement, à mettre en œuvre d'urgence, est fondé sur la réanimation cardiorespiratoire, avec restauration d'une pression artérielle normale et ventilation en oxygène pur, ainsi que sur le contrôle des convulsions. L'oxygénothérapie hyperbare (méthode permettant d'augmenter la quantité d'oxygène délivrée aux tissus en l'administrant sous une pression supérieure à la pression atmosphérique), effectuée le plus souvent en centre spécialisé, constitue le traitement le mieux approprié à l'embolie gazeuse.

embolie graisseuse

Migration, dans un vaisseau sanguin, de particules graisseuses provenant de la moelle osseuse.

   Une embolie graisseuse est due à la libération de fragments de moelle osseuse, riches en graisse, dans la circulation sanguine à la suite d'une fracture ou, parfois, d'une intervention chirurgicale osseuse ou articulaire, particulièrement si celle-ci a lieu sur les membres inférieurs et le bassin. Les signes apparaissent au bout de quelques heures : fièvre, insuffisance respiratoire aiguë, purpura (taches cutanées hémorragiques) du thorax et de la conjonctive ; d'autres complications hémorragiques (rénales, cardiovasculaires) peuvent survenir. Les troubles neuropsychiques sont d'expression variable (agitation, confusion, coma). L'embolie graisseuse est mortelle dans 15 à 30 % des cas, sans que l'on puisse déterminer si c'est l'embolie elle-même ou le contexte dans lequel elle se produit (traumatismes graves) qui est en cause. Les autres cas guérissent souvent sans séquelles en une quinzaine de jours.

embolie pulmonaire

Obstruction brutale de l'une des branches de l'artère pulmonaire par un caillot sanguin.

   L'embolie pulmonaire est une affection fréquente et une cause importante de mortalité. Elle est due à la formation d'un caillot sur la paroi d'une veine, presque toujours dans une veine profonde d'un membre inférieur, parfois dans une veine du petit bassin ou encore de l'abdomen (veine cave inférieure), caillot qui, libéré dans la circulation sanguine, migre et s'arrête dans une (ou plusieurs) artère(s) pulmonaire(s). Ce fait peut être consécutif à une opération (en particulier osseuse ou articulaire), à une immobilisation prolongée (alitement, fracture, voyage prolongé en avion [syndrome du long-courrier]), à une insuffisance cardiaque, à un cancer, à une polyglobulie (augmentation du volume total des globules rouges de l'organisme), à un accouchement. Des facteurs héréditaires ont en outre été identifiés (anomalies des facteurs de la coagulation), dont le dépistage peut, dans certains cas, être proposé à un sujet ayant des antécédents familiaux d'embolie.

SYMPTÔMES ET SIGNES

Les conséquences de l'embolie pulmonaire peuvent être de deux ordres : insuffisance respiratoire aiguë et défaillance circulatoire. D'apparition brutale, l'embolie se traduit par une gêne respiratoire, une douleur à la base du thorax, une accélération du cœur, une angoisse et parfois une hémoptysie (crachat de sang). Cependant, ces manifestations sont très variables selon le volume pulmonaire atteint, lui-même fonction de la taille de l'artère obstruée. Certaines formes modérées ne se manifestent que par une fièvre et une simple douleur thoracique. À l'inverse, une embolie massive peut entraîner un arrêt cardiaque.

TRAITEMENT ET PRÉVENTION

Le traitement de l'embolie pulmonaire nécessite une hospitalisation en urgence ; il consiste à la fois à traiter les symptômes et les conséquences de l'embolie, notamment par administration d'oxygène, et à empêcher l'extension des caillots existants et la formation de nouveaux caillots à l'aide d'un anticoagulant, une héparine de bas poids moléculaire, administré par voie sous-cutanée puis relayé par la prise d'antivitamine K par voie orale pendant 3 à 6 mois. Dans les formes les plus graves, les thrombolytiques tels que la streptokinase permettent de dissoudre les caillots existants.

   Le traitement préventif de l'embolie pulmonaire due à une phlébothrombose d'un membre inférieur ou de la région abdominopelvienne repose sur la mobilisation précoce, après accouchement ou intervention chirurgicale, ou sur la contention du membre en cas d'intervention orthopédique sur un membre inférieur, avec prescription d'héparine par voie sous-cutanée.

   Le traitement par antivitamine K peut être prolongé dans les formes récidivantes.

   Le syndrome du long-courrier est favorisé par la déshydratation, et par un mauvais état  veineux (varices) ; il est donc impératif, à l'occasion de tout voyage prolongé en avion, de porter des bas de contention, ainsi que de boire abondamment et marcher régulièrement durant le trajet. La prise de 500 milligrammes d'aspirine avant le départ peut également contribuer à prévenir cette forme d'embolie, parfois fatale.