Larousse Médical 2006Éd. 2006
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psychopathologie

Discipline médicale qui se consacre à l'étude des troubles mentaux.

   Les premières conceptions développées par la psychopathologie ont opposé à la notion d'organogenèse, attribuant les troubles mentaux à des facteurs organiques (lésion, trouble fonctionnel cérébral, hérédité), celle de psychogenèse (cause émotionnelle, affective ou institutionnelle). Ces deux tendances apparaissent aujourd'hui complémentaires. La psychopathologie actuelle se réfère à des modèles aussi divers que la psychanalyse, la phénoménologie, le comportementalisme ou les théories issues de la cybernétique, auxquels se sont joints les acquis de la psychiatrie biologique, de la psychopharmacologie et de la génétique.

psychopharmacologie

Branche des sciences médicales qui étudie les substances naturelles ou synthétiques dont l'effet principal s'exerce sur le psychisme (psychotropes, notamment).

   Les drogues sédatives, euphorisantes ou stimulantes sont connues depuis l'Antiquité. La découverte, en 1952, par le psychiatre français Jean Delay du premier neuroleptique, la chlorpromazine, a inauguré l'ère des psychotropes modernes. Aujourd'hui, les techniques expérimentales fondées sur la biologie cérébrale ouvrent à la recherche des perspectives prometteuses.

psychopsychédélique

psychodysleptique

psychose

Trouble mental caractérisé par une désorganisation de la personnalité, la perte du sens du réel et la transformation en délire de l'expérience vécue.

   Avant le début du XXe siècle, on regroupait sous ce terme toutes les atteintes graves du psychisme. Puis on a peu à peu écarté de cet ensemble les maladies résultant de lésions cérébrales (démence) ou d'une intoxication (démence alcoolique).

   Aujourd'hui, le langage médical courant réserve le terme de psychose aux maladies mentales non lésionnelles, se caractérisant par des symptômes essentiellement psychologiques, que sont les psychoses aiguës (bouffée délirante [accès délirant survenant et disparaissant de façon brusque]), la schizophrénie, les délires chroniques (paranoïa, paraphrénie).

   La maladie maniacodépressive est plutôt considérée aujourd'hui comme une maladie. Elle est marquée d'épisodes psychotiques, entre lesquels le patient reprend conscience de la réalité. En cela, ainsi que par la nature de ses symptômes, et les traitements qu'elle demande, elle constitue un trouble de l'humeur plutôt qu'une psychose à proprement parler.

CAUSES

L'explication des psychoses demeure à l'état d'hypothèses, se référant à la psychanalyse (première étude psychanalytique d'un cas de psychose avec le cas du président Schreber, publié en 1911 par Sigmund Freud), à la phénoménologie et, depuis la mise au point, en 1952, des neuroleptiques, à la psychiatrie biologique, voire à la génétique. Plus récemment, les théories de la communication (école américaine de Palo Alto) ont à leur tour élargi le champ des connaissances. Mais il est certain que l'origine des psychoses ne remonte pas à une source unique mais découle d'un réseau complexe de facteurs, variable selon les individus.

TRAITEMENT ET PRONOSTIC

Dans l'ensemble, les thérapeutiques modernes ont beaucoup amélioré le pronostic des psychoses, autrefois pessimiste. Elles associent un traitement médicamenteux (antipsychotiques, lithium) à une psychothérapie individuelle ou collective dont les modalités sont très variées. Lors de l'entretien, le médecin doit rechercher la bonne distance relationnelle, ni trop proche ni trop lointaine. Dès que le patient accepte de parler de ses idées délirantes et de ses symptômes, on peut entrevoir, si ce n'est la guérison, du moins une stabilisation. Lorsqu'une hospitalisation est nécessaire, il est préférable qu'elle se fasse en accord avec le patient et sa famille. À côté de l'hospitalisation à temps complet, il existe aujourd'hui des structures de soins plus souples : hôpital de jour, hôpital de nuit, C.A.T.T.P. (centre d'accueil thérapeutique à temps partiel), groupe d'entraide mutuelle ou club.

   Dans tous les cas, une relation thérapeutique suivie est indispensable (continuité des soins) : entretiens réguliers avec le thérapeute, existence d'un lieu d'accueil où le patient peut passer certains caps difficiles, dépistage et prévention des rechutes.

   Le concours de la famille est toujours souhaitable dans la mesure où l'éclosion d'une psychose (surtout chez l'adolescent) est souvent la résultante de multiples causes génétiques ou acquises (souvent un conflit interne au groupe familial). L'entourage doit s'efforcer de ne pas paraître effrayé, de ne pas culpabiliser et de ne pas raisonner à tout prix le malade. Il s'agit avant tout de lui faire comprendre qu'on a ressenti sa souffrance, en sachant respecter ses convictions délirantes sans y adhérer par complaisance ni les contredire brutalement.

   La plupart des personnes atteintes de psychoses vivent à l'extérieur des structures de soins (95 %). Mais leur autonomie est souvent précaire, car, d'une part, ils nient leur maladie (déni) et, d'autre part, ils ne demandent rien. Leur refus de la continuité des soins est habituel et il existe un risque de précarité. L'entourage est souvent malmené et exténué par l'ampleur de la charge. Il importe donc de prévenir les conséquences de la maladie en particulier au niveau des familles (frères et sœurs).

psychose de l'enfant

Trouble mental empêchant l'enfant de reconnaître la réalité pour ce qu'elle est et de devenir autonome.

Synonyme : psychose infantile.

CAUSES

Elles restent discutées : perturbation précoce de la relation mère-enfant (l'enfant ne pouvant acquérir une identité stable et restant « fusionné » avec la mère), troubles de la maturation cérébrale (souffrance fœtale pendant l'accouchement, maladie métabolique [phénylcétonurie] ou génétique), etc.

SYMPTÔMES ET SIGNES

Dans tous les cas, l'intelligence de l'enfant psychotique est normale, mais il ne s'en sert pas d'une façon pragmatique. Il supporte très mal le changement, a une attitude de retrait, des jeux stéréotypés (faire tourner un cerceau avec un bâton, lancer une balle contre un mur), un retard de langage, une altération de l'image de soi et d'autrui. Ces symptômes varient selon le degré de développement de l'enfant.

— Les psychoses précoces surviennent avant l'âge de 3-4 ans. On distingue les psychoses autistiques, dans lesquelles, bien que ses fonctions psychomotrices soient normales, l'enfant semble passif, indifférent à la réalité, et les psychoses déficitaires, où l'évolution des fonctions psychomotrices semble anarchique (progression normale dans un domaine, retard ou régression dans un autre), de telle sorte qu'on a pu parler à leur égard de « dysharmonie évolutive ».

— Les psychoses de la phase de latence, ou psychoses à expression tardive, affectent les enfants âgés de 8 à 12 ans (avant la puberté). Elles se traduisent souvent par une anxiété, un refus scolaire, un apragmatisme (incapacité d'agir), des troubles du comportement (relation inadéquate aux gens et aux objets), des symptômes pseudonévrotiques (obsessions, phobies), une vie fantasmatique pauvre ou envahissant le réel. Des hallucinations et des accès délirants surviennent parfois.

TRAITEMENT

Il dépend des informations recueillies auprès de l'enfant, de son entourage familial, scolaire ou récréatif. Il associe la psychothérapie (incluant la participation d'un ou de plusieurs membres de la famille), la rééducation (orthophonie, jeu), une chimiothérapie légère et transitoire en cas d'agitation, d'anxiété ou d'insomnie. L'hospitalisation en milieu spécialisé dépend de la gravité des troubles et des possibilités du milieu familial. Le pronostic est très variable ; souvent, surtout lorsque les troubles sont dépistés suffisamment tôt, l'enfant rattrape bien son retard, surtout intellectuel.