Larousse Médical 2006Éd. 2006
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radiothérapie (suite)

Déroulement

Le malade est dévêtu, couché dans une position permettant l'irradiation, et immobile. Le traitement est indolore et ne dure pas plus de quelques minutes. Des repères, peints ou tatoués sur la peau, permettent de positionner de nouveau les appareils lors des séances suivantes. Le traitement est en général quotidien ou, parfois, pluriquotidien pour améliorer son efficacité dans certains cancers (pharynx, larynx). Il dure de 4 à 8 semaines environ, sans qu'une hospitalisation soit indispensable.

Effets indésirables

Ils sont dus à l'atteinte des cellules saines. Les réactions précoces sont réversibles en quelques semaines : réactions cutanées (rougeur, dépilation), radiomucite aiguë (selon la localisation, rougeur des muqueuses, douleurs pharyngées ou diarrhée par irritation intestinale), baisse des cellules sanguines.

   Les réactions tardives, qui se produisent parfois après plusieurs années, sont moins aisément réversibles : radiodermite chronique (peau fine, sèche), fibrose pulmonaire (envahissement des poumons par du tissu fibreux), retard de croissance chez l'enfant, apparition d'autres cancers, troubles génitaux (ménopause précoce, stérilité, mutations génétiques : en cas de risque d'irradiation testiculaire chez l'homme jeune, il est prudent de déposer du sperme en banque de sperme).

   La prévention repose sur les précautions techniques : dose de rayonnement et volume irradié le plus limité possible, diminution de la dose administrée par séance avec augmentation du nombre de celles-ci, soins d'hygiène et médications préventives.

Voir : cobaltothérapie, curiethérapie, dosimétrie, neutronthérapie, protonthérapie.

radiothérapie interne vectorisée

Méthode thérapeutique consistant à administrer un médicament qui contient un élément radioactif destiné à se fixer dans le tissu ou dans l'organe qu'il doit sélectivement irradier pour le soigner.

TRAITEMENT PAR L'IODE 131

L'iode radioactif (iode 131) est utilisé depuis une cinquantaine d'années dans le traitement des maladies de la glande thyroïde.

— La maladie de Basedow (goitre diffus avec augmentation de la sécrétion d'hormones thyroïdiennes, associée à une exophtalmie d'importance variable) exige parfois un traitement radical. L'ablation chirurgicale d'une partie de la thyroïde peut être remplacée par l'administration d'une dose d'iode radioactif. La quantité de radioactivité dépend de la taille de la thyroïde et de sa capacité à fixer l'iode. Ce traitement, très simple et efficace, ne nécessite en général pas d'hospitalisation. Toutefois, une insuffisance de sécrétion de la glande thyroïde (hypothyroïdie) imposant la prise d'hormones thyroïdiennes peut survenir précocement, ce qui rend une surveillance obligatoire. Ce traitement est applicable à tout âge, sauf en cas de grossesse en cours (contre-indication absolue).

— Certains nodules thyroïdiens (adénomes toxiques, goitres hétéronodulaires) ont la propriété de fixer l'iode radioactif plus que le reste de la thyroïde et peuvent donc être traités avec succès par l'iode radioactif. Le risque d'hypothyroïdie est très faible.

— Les cancers différenciés de la thyroïde, enfin, peuvent bénéficier d'un traitement par une forte dose d'iode 131 en complément de la chirurgie ou en cas de métastases pulmonaires ou osseuses. Une hospitalisation de quelques jours en chambre individuelle protégée est nécessaire pour éviter toute irradiation de l'entourage du malade et pour la protection de l'environnement.

AUTRES TRAITEMENTS

Ils utilisent divers isotopes radioactifs. L'hospitalisation pour des raisons de radioprotection est nécessaire à partir d'un certain niveau de radioactivité. Le strontium 89, les phosphonates marqués par le samarium 153 sont utilisés pour atténuer les douleurs trop intenses des métastases osseuses, en particulier chez les patients atteints de cancer de la prostate quand l'hormonothérapie ou la radiothérapie externe ne sont plus efficaces. L'yttrium 90, le rhénium 186 ou l'erbium 169 sont injectés sous forme de colloïdes dans des articulations afin d'éviter leur destruction par des phénomènes inflammatoires sévères : il s'agit de la synoviorthèse radioactive, principalement utilisée dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde. Des acides gras marqués à l'iode 131 sont utilisés pour le traitement palliatif de certaines tumeurs hépatiques (hépatocarcinomes). La méta-iodobenzylguanidine marquée à l'iode 131 est employée dans le traitement palliatif de certains phéochromocytomes (tumeurs de la glande médullosurrénale) de nature maligne, avec métastases viscérales ou osseuses, ainsi que dans celui des neuroblastomes inopérables ou résistant à la chimiothérapie. Des anticorps marqués à l'yttrium 90 dirigés contre les CD20 (protéines membranaires de certains lymphocytes) sont des compléments très utiles dans le traitement de certaines formes de lymphome.

PERSPECTIVES

La radiothérapie interne vectorisée utilisant des anticorps monoclonaux marqués a fait l'objet d'essais cliniques dans le traitement du cancer de l'ovaire et des cancers digestifs. Son utilisation reste cependant très limitée pour ces indications. D'autres voies d'administration et d'autres radioéléments sont en cours d'étude, en particulier pour le traitement des métastases de certaines tumeurs endocriniennes multiples.

radiothérapie stéréotaxique

Technique multidisciplinaire habituellement réservée à de petits cancers ou à des tumeurs bénignes intracérébraux, inopérables par leur situation.

Synonyme : radiochirurgie.

   La radiothérapie stéréotaxique nécessite une très grande précision. Après fixation sur le crâne d'un casque stéréotaxique en neurochirurgie, repérage en imagerie par IRM et dosimétrie en 3D par ordinateur, le traitement est effectué par plusieurs minifaisceaux de radiothérapie, très étroits, convergeant vers la tumeur. Une dose forte est délivrée en une séance unique au cours d'une courte hospitalisation en centre spécialisé.

radique

Se dit d'une manifestation pathologique provoquée par une radiothérapie (troubles radiques).

   On distingue les réactions précoces de type inflammatoire, qui régressent habituellement en quelques semaines grâce à des mesures d'hygiène et à un traitement symptomatique selon les territoires atteints : rougeur de la peau (crème), des muqueuses (bains de bouche), diarrhée (antidiarrhéiques), toux et crachements par atteinte pulmonaire (sirop, cortisone).

   Les troubles tardifs sont une complication fréquente de la radiothérapie quand elle nécessite des doses élevées. Ils surviennent parfois directement après l'irradiation, mais, généralement, plusieurs mois ou années plus tard.

   Ils se manifestent par une fibrose radique, développement d'un tissu fibreux anormal dans la peau (radiodermite), dans le sein, qui est rétracté (il nécessite alors une intervention plastique), dans le poumon, entraînant parfois une gêne respiratoire si les zones irradiées sont très étendues ou si le malade présentait avant l'irradiation une maladie respiratoire chronique.

   Les complications les plus graves sont les troubles trophiques par mauvaise vascularisation pouvant aller jusqu'à la nécrose : ulcération chronique de la peau, ostéoradionécrose, rectite radique par atteinte du rectum après une radiothérapie pour un cancer de la prostate. Ces complications sont maintenant exceptionnelles par l'utilisation de rayonnements de haute énergie appropriés, les progrès de la dosimétrie aidée par l'informatique, le repérage en 3 dimensions, l'utilisation de collimateurs multilames (radiothérapie conformationnelle).