Larousse Médical 2006Éd. 2006
H

hémorragie digestive

Écoulement sanguin provenant du tube digestif.

Synonyme : gastrorragie.

Hémorragie du tube digestif haut

C'est un saignement provenant de l'œsophage, de l'estomac ou du duodénum, extériorisé par des vomissements sanglants appelés hématémèse.

CAUSES

Une hémorragie du tube digestif haut est due à un ulcère gastroduodénal, à une tumeur (bénigne ou maligne), à une rupture de varices situées dans l'œsophage ou à une gastrite aiguë, le plus souvent provoquée par des médicaments anti-inflammatoires.

DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT

Le diagnostic se fait par endoscopie haute. Celle-ci est réalisée au moyen d'un tube optique souple introduit par la bouche dans le tube digestif. L'endoscopie peut être immédiate ou légèrement retardée selon l'état du patient. Elle permet de reconnaître la cause du saignement, et fréquemment de la traiter (ligature de varices, sclérose d'un ulcère qui saigne). Si l'hémorragie se prolonge et menace la vie du patient malgré le traitement endoscopique, une intervention chirurgicale s'impose.

Hémorragie du tube digestif bas

C'est un saignement provenant de l'intestin (intestin grêle, côlon ou rectum), et qui s'évacue par l'anus.

CAUSES

Une hémorragie du tube digestif bas est due à une rupture d'hémorroïde, à une ulcération provoquée par l'usage du thermomètre, à une tumeur du rectum ou du côlon, ou encore à un diverticule.

DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT

La stratégie du diagnostic varie selon la gravité de l'hémorragie. Si le saignement est peu abondant, intermittent, on dispose de temps pour préparer le malade à une coloscopie. Si, en revanche, l'hémorragie est abondante et menace la vie du patient, la stratégie est difficile. On tente une coloscopie qui permet d'identifier la cause de l'hémorragie et d'envisager un traitement adapté. Si la présence de sang gêne toute vision, on recourt à l'artériographie qui peut permettre l'embolisation du vaisseau qui saigne.

PRÉVENTION

L'examen des selles se pratique de plus en plus systématiquement chez les adultes après la cinquantaine pour rechercher un polype ou un cancer colorectal débutant. Cet examen peut être pratiqué à domicile grâce à des bandelettes réactives qui changent de couleur quand elles sont mises en contact avec des selles contenant du sang.

Voir : rectorragie.

hémorragie gynécologique

Écoulement sanguin par le vagin.

   La cause la plus fréquente d'une hémorragie gynécologique est la menstruation. Le sang provient de l'utérus. Normalement, de la puberté à la ménopause, les règles surviennent à intervalles réguliers (28 jours) et ne durent que 3 à 5 jours, mais elles peuvent présenter des différences tant dans leur caractère que dans leur durée et leur date d'apparition.

CAUSES PATHOLOGIQUES ET SYMPTÔMES

On distingue les ménorragies, règles anormalement prolongées, qui sont souvent dues à un myome (fibrome), et les métrorragies, écoulement sanguin en dehors de la période des règles, qui doivent faire suspecter un cancer de l'utérus. Une infection de la paroi utérine (endométrite) peut également causer des ménométrorragies.

   L'utérus peut aussi saigner pendant la grossesse : on parle alors d'hémorragie obstétricale. Lors des premiers mois, ce saignement peut annoncer un avortement spontané, car il s'agit d'un décollement du placenta. Le plus souvent, celui-ci est modéré et, avec les précautions d'usage (repos), la plupart évoluent favorablement.

   Quand le sang provient du col de l'utérus, le saignement peut être dû à un ectropion cervical (tissu glandulaire supplémentaire entourant le col de l'utérus) et l'écoulement survient plus fréquemment après les rapports sexuels. Une cervicite (inflammation du col de l'utérus), des polypes, un cancer du col peuvent aussi avoir pour symptôme un saignement du col de l'utérus.

   Les saignements provenant de la paroi vaginale sont moins fréquents que les saignements du col et du corps de l'utérus. Ils peuvent éventuellement provenir d'une blessure provoquée par les rapports sexuels, surtout après la ménopause, les parois vaginales devenant alors plus minces et plus fragiles. Il arrive qu'une vaginite grave fasse saigner. Un saignement vaginal peut aussi être causé par un cancer du vagin.

TRAITEMENT

Le traitement est celui de la cause. Les infections sont traitées par des antibiotiques ; les déficiences hormonales, par une supplémentation ; les tumeurs (polype ou fibrome), par la chirurgie endoscopique.

Voir : hémorragie obstétricale.

hémorragie intraoculaire

Épanchement sanguin dans une des différentes parties de l'œil.

   Suivant la localisation, on distingue plusieurs sortes d'hémorragie intraoculaire.

Hémorragie intravitréenne

Une hémorragie intravitréenne est un écoulement sanguin dans le corps vitré.

CAUSES

Une hémorragie intravitréenne a le plus souvent une origine rétinienne puisque le corps vitré n'est pas irrigué par des vaisseaux sanguins. Elle est due soit à une déchirure de la rétine, soit à un accident vasculaire rétinien ou à une hémorragie rétinienne.

SYMPTÔMES ET SIGNES

Elle se manifeste par une « pluie de suie », perception d'une multitude de petits points noirs qui tombent, suivie d'une baisse de l'acuité visuelle.

DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT

L'examen du fond de l'œil est rendu difficile par la présence de sang dans le corps vitré et l'on peut être amené à pratiquer une échographie afin de s'assurer de l'absence de décollement de la rétine. Si la résorption spontanée ne se produit pas, on pratique une ablation chirurgicale du corps vitré.

Hémorragie rétinienne

Une hémorragie rétinienne est un écoulement sanguin situé dans la rétine.

CAUSES

Une hémorragie rétinienne peut être due à l'occlusion d'une veine qui draine le sang de la rétine, à une hypertension artérielle, à un diabète ou encore à une dégénérescence de la rétine liée à l'âge ou à la myopie.

SIGNES

Elle ne se manifeste par une baisse de la vue que lorsqu'elle est suffisamment importante et concerne le pôle postérieur de la rétine et de la macula.

DIAGNOSTIC

Une hémorragie rétinienne a toujours une signification pathologique et, selon son aspect (en tache plus ou moins large et plus ou moins sombre, en flammèches, etc.), on peut préjuger de sa localisation dans l'épaisseur de la rétine. Si une atteinte de la macula (zone de vision centrale fine) entraîne une altération visuelle sévère, des hémorragies périphériques sans altération visuelle peuvent passer inaperçues ; seul l'examen du fond de l'œil à la lampe à fente permet de les détecter.

   Une hémorragie rétinienne peut engendrer une hémorragie intravitréenne.

TRAITEMENT

On ne connaît pas de traitement spécifique, hormis celui de la cause.

Hémorragie sous-conjonctivale

C'est un écoulement sanguin sous la conjonctive, membrane transparente recouvrant le blanc de l'œil.

CAUSES

Une hémorragie sous-conjonctivale peut se produire spontanément (fragilité capillaire), soit à la suite d'une quinte de toux, de vomissements répétés, soit par augmentation de la pression veineuse ou au cours d'une poussée d'hypertension artérielle. Elle peut aussi être causée par des troubles de la coagulation.

SYMPTÔMES ET TRAITEMENT

Une nappe rouge vif uniforme, plus ou moins étendue, apparaît, atteignant le limbe (limite entre la cornée et la sclérotique). Il n'y a ni douleur ni baisse de l'acuité visuelle et la découverte est souvent fortuite. Lorsque cette nappe survient à la suite d'un traumatisme, on n'en voit souvent pas la limite postérieure et il est important de vérifier l'état des autres structures oculaires. Elle se résorbe dans les deux cas sans traitement en deux semaines environ. Des épisodes répétitifs peuvent traduire une faiblesse locale des vaisseaux conjonctivaux ou une hypertension artérielle méconnue.

Voir : hyphéma.