Larousse Médical 2006Éd. 2006
S

sein (abcès du)

Cavité emplie de pus se développant aux dépens de la glande mammaire.

   Un abcès du sein peut découler d'un traumatisme ou constituer la localisation secondaire d'un autre foyer infectieux. Le plus souvent, c'est une complication de l'allaitement ; il survient alors dans les 10 à 15 jours qui suivent le début de celui-ci et se traduit au début par un placard rouge, dur et douloureux d'une partie du sein. En l'absence de traitement antibiotique, le placard se surinfecte et se gonfle de pus, constituant l'abcès à proprement parler. Le traitement repose alors sur un drainage chirurgical. La cicatrisation nécessite de 2 à 3 semaines, parfois un peu plus longtemps.

sein (cancer du)

Cancer touchant la glande mammaire de la femme, principalement sous la forme d'un adénocarcinome (cancer du tissu glandulaire), parfois sous la forme d'un sarcome (cancer du tissu conjonctif).

   Le cancer du sein atteint une femme sur onze, la tranche d'âge la plus touchée étant celle de 50 à 60 ans ; seules 5 % des patientes ont moins de 35 ans lors du diagnostic. C'est le plus fréquent des cancers de la femme et le nombre de cas augmente régulièrement.

FACTEURS FAVORISANTS

Le risque de survenue de cette maladie est plus important lorsqu'il y a des cas de cancers du sein dans la famille : mère, sœur ou tante. On a identifié des gènes de susceptibilité (BRCA1 et BRCA2) présents dans 5 % des cas. Chez les porteuses de ces gènes, le risque est de 85 %. Il existe aussi des facteurs hormonaux, caractérisés par une puberté précoce (avant 10 ans), une ménopause tardive (après 55 ans), une première grossesse après 30 ans. Les femmes ayant eu un kyste ou une tumeur bénigne du sein, traités ou non, doivent être régulièrement surveillées en raison d'un risque plus élevé. Ni le rôle cancérogène des pilules œstroprogestatives ni le rôle protecteur de l'allaitement n'ont été prouvés. En revanche, le traitement hormonal substitutif associant œstrogènes et progestatifs après la ménopause comporte une augmentation du risque s'il est prolongé.

SYMPTÔMES ET SIGNES

Un cancer du sein peut se manifester par une grosseur (nodule), un écoulement de liquide clair ou sanglant par le mamelon, une déformation du galbe du sein ou du mamelon (rétraction), plus rarement par une douleur. Il ne présente parfois aucun signe et est, à l'heure actuelle, souvent mis en évidence par une mammographie (examen radiologique du sein) réalisée à titre systématique dans le cadre du suivi médical individuel ou lors d'une campagne de dépistage.

DIAGNOSTIC

Un cancer du sein est découvert soit à l'occasion d'un examen systématique par le gynécologue, soit par la patiente elle-même au cours d'un autoexamen du sein. Le diagnostic est confirmé par une mammographie et éventuellement une échographie mammaire, et par une ponction du kyste ou du nodule (biopsie), dont le liquide ou les cellules sont examinés au microscope afin de rechercher des cellules tumorales.

   Le diagnostic de cancer du sein doit toujours être confirmé par un examen histologique d'un prélèvement tissulaire (biopsie). Ces biopsies sont réalisées par voie percutanée, avec des aiguilles spéciales. Elles sont guidées sous échographie ou par un procédé d'imagerie couplant un mammographe et un système de guidage informatisé appelé mammotome.

ÉVOLUTION

Comme la plupart des cancers, le cancer du sein évolue d'abord localement, avec extension aux organes de voisinage et aux ganglions lymphatiques axillaires, puis se propage par voie sanguine (métastases), surtout aux os, au cerveau, au foie et aux poumons. Ces métastases peuvent apparaître tardivement, jusqu'à 10 ans après la découverte du cancer initial.

TRAITEMENT

Quatre traitements peuvent être entrepris, parfois isolément, parfois en association : la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie, l'hormonothérapie.

— La chirurgie est généralement le premier traitement envisagé. Elle consiste le plus souvent, aujourd'hui, en l'ablation de la tumeur (tumorectomie), associée à l'examen histologique immédiat (dit extemporané) de celle-ci, la femme étant toujours sous anesthésie générale : si l'examen histologique confirme la nature maligne de la tumeur, l'ablation des ganglions de l'aisselle (curage ganglionnaire axillaire) est réalisée, l'accord pour cette éventuelle extension de l'acte chirurgical devant avoir été préalablement obtenu. Pour les tumeurs volumineuses ou multiples, la mastectomie (ablation du sein) est encore pratiquée. Pour les tumeurs de petite taille, la technique du ganglion sentinelle peut être proposée de façon à minorer les séquelles fonctionnelles au niveau du bras, tout en sachant qu'un curage axillaire complémentaire s'impose en cas d'atteinte du ganglion sentinelle.

— La radiothérapie, pratiquée après une tumorectomie, consiste à irradier le sein et le pourtour de la zone retirée pour éviter les récidives locales. Le traitement comprend généralement 4 ou 5 séances par semaine pendant 5 à 6 semaines.

— La chimiothérapie peut être utilisée en complément de l'ablation chirurgicale du cancer primitif. Elle est utilisée en première intention en cas de cancer du sein avec signes inflammatoires. Les métastases sont aussi traitées par la chimiothérapie. Le traitement comporte l'association de plusieurs médicaments (polychimiothérapie) en hôpital de jour, sur un mode ambulatoire. Compte tenu de la causticité des produits administrés, il nécessite la pose préalable d'une chambre implantable pour éviter une extravasation (diffusion du produit en dehors d'un vaisseau), source de nécrose cutanée.

— L'hormonothérapie, très souvent associée aux autres traitements, consiste à prendre, pendant 5 ans, par voie orale des antiœstrogènes lorsque le cancer est hormonodépendant, c'est-à-dire que la tumeur contient des récepteurs hormonaux (éléments situés à la surface de certaines cellules et destinés à recevoir les messages hormonaux).

   De nouvelles molécules arrivent sur le marché et sont proposées dans le cadre de protocoles cliniques pluridisciplinaires.

   Enfin, une aide psychologique et un suivi médical doivent être proposés compte tenu des répercussions psychologiques possibles de cette situation.

PRONOSTIC ET DÉPISTAGE

Lorsque le cancer du sein est traité tôt, son pronostic est bon. Ce pronostic est fonction de l'âge de la patiente, de l'atteinte ganglionnaire, de la taille tumorale et de son profil immuno-histochimique (récepteurs hormonaux, surexpression d'HER2). La surveillance régulière d'une femme ayant eu un cancer du sein et la reprise du traitement au moindre signe de récidive améliorent encore ce pronostic. Par ailleurs, une femme ayant subi le traitement d'un cancer du sein peut envisager d'avoir un enfant : une période de 2 ans après la fin du traitement doit être respectée afin de surveiller l'évolution de la maladie. L'allaitement maternel est néanmoins déconseillé.

   L'amélioration du pronostic du cancer du sein passe par le dépistage précoce : examen gynécologique régulier (tous les ans), mammographie systématique (tous les 2 ans à partir de 50 ans), autoexamen des seins par la femme et consultation médicale à la moindre anomalie constatée.

Formes histologiques particulières

Outre les cancers infiltrants, il existe des formes superficielles, dites « intracanalaires » ou « in situ », dépourvues de risque métastatique. Elles se traduisent le plus souvent par des microcalcifications découvertes sur une mammographie systématique. Leur traitement est purement local et leur pronostic est très bon.

Voir : ganglion sentinelle.