Larousse Médical 2006Éd. 2006
U
U

U.I.V.

urographie intraveineuse

ulcération

Processus caractérisé par une perte de substance de la peau ou d'une muqueuse.

ulcère

Perte de substance plus ou moins profonde d'un revêtement épithélial.

   Un ulcère peut être cutané (ulcère de la jambe) ou muqueux (ulcère gastroduodénal).

   Un ulcère superficiel est également appelé ulcération.

ulcère de Buruli

Affection cutanée due à la mycobactérie Mycobacterium ulcerans, évoluant vers une atteinte des tissus profonds.

   L'ulcère de Buruli sévit dans les zones tropicales d'Afrique et d'Amérique, en Asie du Sud-Est et en Australie. La lésion, le plus souvent localisée sur les membres inférieurs, se présente dans un premier temps comme un nodule indolore, évoluant vers un ulcère dont les bords se détachent du tissu environnant. L'ulcère s'étend ensuite en superficie ainsi qu'en profondeur, l'affection touchant les os et les muscles. Le traitement, chirurgical, est difficile et ne permet pas de sauver les tissus touchés.

ulcère de la jambe

Plaie persistante de la jambe, d'origine circulatoire.

CAUSES

Un ulcère de la jambe est dû le plus souvent à une insuffisance veineuse (accumulation du sang dans les veines) des membres inférieurs consécutive à une phlébite plus ou moins ancienne ou à des varices (on parle alors d'ulcère variqueux), plus rarement à une obstruction des artères des membres inférieurs par des plaques d'athérome ou à une atteinte des capillaires de la peau. Les plaies provenant d'autres causes (infection locale, cancer) sont nommées ulcérations. Tous les facteurs favorisant les lésions vasculaires prédisposent aux ulcères : grossesse, profession obligeant à des stations debout prolongées, pour les ulcères veineux ; tabagisme, alcoolisme, diabète, hypercholestérolémie (taux excessif de cholestérol dans le sang), hypertension artérielle, pour les ulcères artériels. Souvent, un ulcère apparaît à la suite d'un traumatisme local : coup, blessure, grattage, etc.

SYMPTÔMES ET SIGNES

L'ulcère forme une plaie de surface variable, où les couches superficielles de la peau sont détruites. Par ordre décroissant de fréquence, on distingue les ulcères veineux, les ulcères artériels, les ulcères mixtes et les ulcères artériolocapillaires.

— Les ulcères veineux sont arrondis et localisés sur les malléoles (saillies osseuses de chaque côté des chevilles) et le long des veines superficielles ; ils sont peu douloureux. La peau avoisinante est souvent altérée par une dermite ocre (taches brunes), voire une dermoépidermite infectieuse (croûtes et suintement).

— Les ulcères artériels sont plus petits que les ulcères veineux, localisés plus haut, sur les faces latérales des jambes, et très douloureux ; les bords de la plaie sont noirs, la peau avoisinante est sèche, fine, pâle et froide.

— Les ulcères mixtes, à la fois veineux et artériels, associent ces deux types de symptômes.

— Les ulcères artériolocapillaires sont petits mais ont tendance à s'étendre ; ils sont localisés aux malléoles et douloureux ; la peau avoisinante, parcourue de télangiectasies (petits vaisseaux dilatés), est parfois sèche, fine et pâle ou dans d'autres cas, au contraire, purpurique (couverte de taches rouges hémorragiques).

TRAITEMENT

Il vise à soigner à la fois la cause et les symptômes de l'ulcère. Le traitement local des lésions a été considérablement simplifié par la mise au point de nouveau pansements hydrocolloïdes, capables de mener à bien les différents stades successifs de la cicatrisation d'un ulcère, qui auparavant demandaient chacun des soins spécifiques. Ces pansements, dont il existe diverses sortes, assurent ainsi dans un premier temps la détersion de la lésion (extraction des corps étrangers, des débris de tissus et des diverses sécrétions), puis la granulation, ou bourgeonnement (prolifération cellulaire venant combler la lésion et aboutissant à la constitution d'un tissu rouge rosé, bien irrigué), et enfin l'épidermisation (réapparition d'un tissu épidermique, venant recouvrir le tissu de granulation).

   Le traitement est pratiqué en ambulatoire, les pansements étant renouvelés tous les 2 ou 3 jours, soit à domicile, par une infirmière, soit en consultation spécialisée. La plaie est nettoyée au sérum physiologique, puis séchée. Un pansement hydrocolloïde, dit pansement primaire, est alors appliqué (le type de pansement est déterminé par le praticien selon l'état de la lésion). Il est ensuite recouvert par un autre pansement, dit secondaire, composé de compresses stériles et maintenu par une bande autocollante.

   Quoique très efficace, ce traitement échoue parfois à mener à bien la cicatrisation de l'ulcère, qui nécessite alors des soins plus spécialisés (décortication chirurgicale ou greffes de peau).

   Parallèlement à ces soins locaux, il faut s'attacher à soigner la cause de l'ulcère. Un ulcère veineux sera traité par le repos, jambes surélevées, et par le port de bandes élastiques ou de bas de contention, ceux-ci ne devant pas être trop serrés pour ne pas bloquer la circulation artérielle. Le traitement d'un ulcère artériel fait appel au repos, jambes inclinées vers le bas, à la suppression du tabac et de l'alcool, au traitement d'un éventuel diabète et à celui de l'artérite. Les ulcères mixtes et artériolocapillaires, souvent chroniques, sont extrêmement difficiles à soigner, en raison du caractère très diffus des lésions.

PRÉVENTION

Il est très important d'assurer une bonne prévention des ulcères de la jambe, c'est-à-dire de soigner toute varice ou maladie veineuse avant la formation d'un ulcère.

ulcère gastroduodénal

Destruction localisée de la muqueuse de l'estomac et du duodénum (segment initial de l'intestin grêle).

   L'ulcère gastroduodénal est très fréquent, touchant 10 % de la population. La grande efficacité des traitements médicamenteux aujourd'hui disponibles fait espérer une forte réduction du nombre de cas dans l'avenir.
— L'ulcère duodénal est le plus fréquent ; il touche préférentiellement les individus mâles, et ne présente pas de risque de cancérisation.
— L'ulcère gastrique, moins fréquent, touche indistinctement les individus des deux sexes. Il évolue vers un cancer dans 3 % des cas.

CAUSES

La principale cause de l'ulcère gastroduodénal est la bactérie Helicobacter pylori (Hp). L'infection, contractée au cours de l'enfance, se localise dans le mucus tapissant la muqueuse gastrique. La présence du microbe entraîne notamment une sécrétion excessive d'acide chlorhydrique par l'estomac, qui favorise l'ulcération. Le germe Hp est impliqué dans 90 % des ulcères duodénaux, et dans 70 % des ulcères gastriques. D'autres causes existent, moins fréquentes, telles que la prise d'anti-inflammatoires ou, plus rarement encore, une tumeur du pancréas. L'apparition d'un ulcère gastroduodénal ou sa mauvaise cicatrisation sont par ailleurs favorisées par le stress et le tabagisme.

SYMPTÔMES ET SIGNES

Le symptôme majeur de l'ulcère gastroduodénal est une douleur semblable à une crampe ou à une brûlure, qui peut être très intense. Située dans l'épigastre (partie haute de l'abdomen), cette douleur apparaît entre 2 et 3 heures après les repas et elle est calmée par l'alimentation. Des crises douloureuses survenant pendant quelques semaines font place à des périodes plus ou moins longues de rémission. D'autres symptômes, tels que des nausées, des vomissements, un manque d'appétit, peuvent également être associés.

DIAGNOSTIC ET ÉVOLUTION

L'endoscopie œso-gastro-duodénale confirme le diagnostic et permet de visualiser l'ulcère, de préciser son siège, de faire des prélèvements de muqueuse afin de vérifier qu'il ne s'agit pas d'un cancer et de rechercher le germe Hp.

   Quelle que soit sa localisation, l'ulcère gastroduodénal évolue vers la chronicité, par poussées successives, aussi longtemps que le germe Hp n'a pas été éradiqué. L'ulcère gastrique prédisposant au cancer de l'estomac, il nécessite une surveillance endoscopique régulière. Les complications des ulcères sont fréquentes, notamment les hémorragies digestives (hématémèse [émission de sang par la bouche], méléna [émission de sang digéré dans les selles]) spontanées ou consécutives à la prise d'aspirine. Ces hémorragies peuvent être importantes et menacer la vie du patient.

   Une perforation de l'ulcère peut également survenir, entraînant une péritonite aiguë. Plus rarement, l'ulcère peut, en absence de traitement, provoquer un rétrécissement (sténose) du pylore.