Larousse Médical 2006Éd. 2006
I

inversion

En anatomie, anomalie par laquelle certains organes sont considérablement déviés de leur position normale ou ont une localisation inverse par rapport au plan de symétrie de l'organisme.

   Ainsi, dans l'inversion viscérale, également appelée situs inversus, les organes se trouvent du côté opposé à celui qu'ils occupent normalement ; le cœur est alors à droite, le foie et l'appendice à gauche. Cette anomalie n'a aucune conséquence physiologique.

involution

Diminution spontanée ou provoquée d'un tissu, d'un organe ou d'une tumeur.

— L'involution tumorale est la diminution d'une tumeur après traitement par chimiothérapie ou radiothérapie.
— L'involution utérine est la diminution de volume de l'utérus après un accouchement. En 12 à 15 jours, l'utérus retrouve un volume presque égal à celui qu'il avait avant la grossesse. Il faut de 2 à 3 mois pour qu'il soit totalement revenu à ses dimensions antérieures.

iode

Élément chimique nécessaire à la synthèse des hormones de la glande thyroïde et qui a par ailleurs en médecine diverses utilisations, notamment comme antiseptique.

   L'organisme obtient l'iode (I) dont il a besoin à l'état de sels minéraux (iodures) grâce aux aliments (eau, produits de la mer, sel). Un apport minimum est indispensable à tout âge ; il doit être plus important avant et durant la grossesse.

   La glande thyroïde capte les iodures et les utilise pour synthétiser les hormones thyroïdiennes.

   Les carences en iode ne s'observent quasiment plus dans les pays développés du fait des apports alimentaires et de l'enrichissement artificiel du sel de table en iode. Cependant, elles existent encore dans certaines régions de montagne éloignées de la mer. Elles se traduisent par un goitre (augmentation de volume de la thyroïde), voire une hypothyroïdie (activité réduite de la thyroïde) avec un risque de retard mental chez l'enfant.

UTILISATION THÉRAPEUTIQUE ET CONTRE-INDICATIONS

— L'iode à usage externe est essentiellement représenté par la polyvidone iodée en solution, pommade, ovule gynécologique et par la solution alcoolique officinale (improprement appelée teinture d'iode), qui est plus irritante et se conserve moins bien. Actif sur des bactéries et des champignons, il est indiqué pour la désinfection du matériel médical, l'antisepsie des plaies cutanées ou de la peau avant une injection, le traitement des inflammations et des infections des muqueuses. Ses contre-indications sont le jeune âge (nourrisson), la grossesse et l'association avec des antiseptiques mercuriels (mercurobutol). Les effets indésirables de l'iode sont des allergies, une coloration anormale de la peau (jaune, brun, aspect sale) et un effet caustique. Des applications trop étendues et trop répétées peuvent provoquer une anomalie du fonctionnement de la thyroïde (dysthyroïdie) par surcharge iodée.

— L'iode à usage interne est employé en radiologie sous forme de produits de contraste iodés, pour rendre certaines structures telles que les voies urinaires opaques aux rayons X. Le soluté de Lugol (solution iodo-iodurée) est prescrit dans le traitement de certaines hyperthyroïdies graves. Enfin, il peut arriver que d'autres médicaments, comme l'amiodarone, renferment de l'iode dans leur composition. Outre le risque de dysthyroïdie, les produits contenant de l'iode peuvent occasionner des réactions allergiques allant parfois jusqu'au choc anaphylactique. Des doses plus importantes peuvent provoquer des troubles digestifs aigus et l'apparition d'une anurie (arrêt de la sécrétion urinaire) qui peut être fatale. Une insuffisance rénale est un facteur de risque. Avant l'examen, le médecin doit donc s'informer des antécédents du sujet et, au besoin, lui prescrire un traitement antiallergique.

Voir : iodide, glande thyroïde.

iode radioactif

Isotope radioactif de l'iode.

UTILISATIONS DIAGNOSTIQUE ET THÉRAPEUTIQUE

— Les dosages radio-immunologiques emploient des traceurs marqués à l'iode 125 pour doser avec précision de nombreuses molécules dans des prélèvements sanguins, principalement des hormones et des marqueurs tumoraux (substances sécrétées par certaines tumeurs).

— L'imagerie médicale utilise comme traceurs des molécules marquées par l'iode 123 tels la mibg (métaiodobenzylguanidine), servant à visualiser des tumeurs des glandes médullosurrénales qui sécrètent de l'adrénaline, ou l'ioflupane, traceur cérébral utilisé pour détecter la perte de neurones utilisant la dopamine au cours de la maladie de Parkinson ou de certaines formes de démences. Dans quelques cas, les traceurs sont encore marqués à l'iode 131, tel le norcholestérol, servant à visualiser des tumeurs des glandes corticosurrénales qui sécrètent des hormones stéroïdes.

— La radiothérapie interne vectorisée utilise principalement l'iode 131, dont les rayonnements bêta détruisent les cellules qui l'ont fixé. Ce traitement permet de réduire l'activité de la glande thyroïde ou de ses nodules en cas d'hyperthyroïdie, de compléter une ablation chirurgicale de la glande dans le cas d'un cancer ou encore de dépister l'apparition de métastases d'un cancer thyroïdien. Le traitement par des molécules marquées à l'iode 131 est en outre indiqué pour détruire ou réduire le volume de certaines tumeurs surrénaliennes ou hépatiques.

— La scintigraphie thyroïdienne explore le mécanisme de concentration élective de l'iode radioactif et de fabrication des hormones iodées par la glande thyroïde. Après injection ou ingestion d'iode 123, une gammacaméra donne une image de la glande thyroïde ayant capté ce radioélément. La quantité de rayonnement émis est proportionnelle au fonctionnement de chaque partie de la glande. La scintigraphie thyroïdienne permet de diagnostiquer des anomalies morphologiques de la glande thyroïde, goitre ou nodule. Elle précise si ces nodules sont uniques ou multiples, s'ils sont froids (ne fixant pas l'iode), chauds (hyperfixants) ou extinctifs (empêchant l'iode de se fixer sur le reste de la glande). Elle renseigne aussi sur les anomalies de fonctionnement de la thyroïde. Ainsi, elle permet de rechercher les causes d'une hyperthyroïdie (concentration excessive d'hormones thyroïdiennes) : maladie de Basedow, destruction partielle et transitoire du tissu thyroïdien due à une thyroïdite subaiguë, prise excessive d'iode ou d'hormones thyroïdiennes. Moins indiquée dans les hypothyroïdies, elle est cependant utilisée pour dépister l'absence congénitale de thyroïde chez l'enfant.

ACCIDENTS NUCLÉAIRES

L'iode 131 est un produit de fission des métaux de la famille de l'uranium. Lors d'un accident nucléaire, parce qu'il est très volatil, il est libéré dans l'atmosphère et peut contaminer les sols sur une large surface. Soit directement inhalé, soit ingéré par l'intermédiaire d'aliments, l'iode se concentre dans la thyroïde. Ainsi, l'accident de Tchernobyl en 1986 a entraîné de nombreux cancers thyroïdiens. Les conséquences de l'irradiation de durée brève (quelques semaines) résultant d'un tel accident dépendent de la quantité d'iode radioactif fixé. Lorsque celle-ci est importante, elle peut entraîner une hypothyroïdie, voire un cancer. La prévention de ces risques est assurée par la prise de comprimés d'iode stable (non radioactif). La thyroïde, saturée en iode stable, ne capte alors plus que des quantités négligeables d'iode radioactif. Cette prévention n'est cependant efficace que dans les toutes premières heures de l'accident et doit être pratiquée sur indication médicale et sous stricte surveillance.