Larousse Médical 2006Éd. 2006
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pancréas (cancer du)

Tumeur maligne se développant aux dépens du pancréas exocrine (du tissu glandulaire sécrétant les enzymes digestives), le plus souvent sous la forme d'un adénocarcinome (cancer du tissu glandulaire), beaucoup plus rarement aux dépens du pancréas endocrine (du tissu glandulaire sécrétant l'insuline), sous la forme d'un insulinome.

   Le cancer du pancréas touche essentiellement l'homme après la cinquantaine et semble favorisé par le tabagisme ou le diabète. Il n'existe cependant pas de facteurs de risque établis permettant une politique de prévention. Cependant, la surveillance et le traitement de formations bénignes (adénome mucineux, tumeurs intracanalaires), qui peuvent dégénérer en cancer, constituent une prévention.

SYMPTÔMES ET SIGNES

Un adénocarcinome du pancréas ne se révèle le plus souvent que tardivement par des douleurs épigastriques, parfois avec irradiations dorsales qui peuvent faire penser à une atteinte du rachis. L'altération de l'état général est rapide avec amaigrissement, manque d'appétit, fatigue et parfois vomissements. Dans les tumeurs de la tête du pancréas, on observe l'installation d'un ictère, à début insidieux, progressif, assez souvent indolore et sans fièvre, provoqué par la compression de la voie biliaire principale par la tumeur. Le cancer du pancréas peut également être révélé par des métastases hépatiques, par le déséquilibre inexpliqué d'un diabète ancien correctement traité, etc.

DIAGNOSTIC

Le diagnostic repose sur divers examens : échographie, scanner abdominal, échoendoscopie ; éventuellement, une artériographie est réalisée à titre préopératoire. Les examens biologiques peuvent être normaux au stade précoce. On observe parfois une élévation du taux sanguin d'amylase (enzyme pancréatique) et une cholestase (arrêt de l'écoulement de la bile dans les voies biliaires). La recherche dans le sang d'un marqueur tumoral spécifique du pancréas, le CA 19-9 (protéine sécrétée par la tumeur), peut aider au diagnostic.

TRAITEMENT ET PRONOSTIC

Le traitement est chirurgical (ablation totale ou partielle du pancréas). Lorsque l'ablation est impossible, le cancer étant déjà trop évolué, une chimiothérapie peut être tentée, complétée par l'administration d'antalgiques et d'apports nutritionnels. Une chirurgie palliative (dérivation des voies biliaires ou digestives) peut être nécessaire. Le cancer du pancréas a un pronostic très réservé. Sa gravité s'explique par son évolution insidieuse, empêchant un diagnostic précoce, et par la rapidité de l'extension régionale et métastatique de la tumeur.

pancréatectomie

Ablation chirurgicale de tout ou partie du pancréas.

   Une pancréatectomie est le plus souvent pratiquée pour traiter un cancer du pancréas, plus rarement, une inflammation aiguë ou chronique, ou une lésion du pancréas consécutive à un traumatisme de l'abdomen. Elle est exceptionnellement totale, le plus souvent partielle ; dans le second cas, elle peut être céphalique, enlevant la partie droite du pancréas (la tête), ou corporéocaudale, enlevant sa partie gauche (le corps et la queue) et, parfois, la rate.

   Les pancréatectomies sont des interventions importantes, à la fois techniquement et à cause de leurs effets secondaires. Si la pancréatectomie corporéocaudale n'entraîne aucune séquelle digestive ou biliaire, la pancréatectomie céphalique, en retirant beaucoup de tissu pancréatique exocrine – lequel sécrète et rejette dans l'intestin le suc pancréatique nécessaire à la digestion des graisses –, amène souvent des troubles digestifs chroniques. De même, une pancréatectomie totale entraîne un diabète et une insuffisance pancréatique externe (selles blanches, graisseuses, molles ou même diarrhéiques). Ces troubles sont combattus par l'administration à vie d'insuline et d'extraits pancréatiques. Avec le temps, ils s'atténuent, sans toutefois disparaître : le sujet doit donc continuer à suivre un régime alimentaire équilibré (pauvre en graisses et en sucres d'absorption rapide).

pancréaticojéjunostomie

pancréatojéjunostomie

pancréatite

Inflammation aiguë ou chronique du pancréas.

Pancréatite aiguë

C'est une inflammation aiguë du pancréas, qui correspond à un œdème et/ou à une nécrose d'intensité et de gravité variables.

   La pancréatite aiguë frappe les sujets de tout âge, avec une prédominance pour l'âge moyen de la vie (autour de 40 ans). Les principales causes en sont l'alcoolisme et la migration de calculs dans les voies biliaires.

SYMPTÔMES ET SIGNES

La crise est souvent déclenchée par un repas lourd et copieux. Elle se traduit par une douleur violente et résistant aux calmants, qui siège dans la moitié supérieure de l'abdomen. À la douleur s'associent des troubles digestifs et une altération de l'état général (angoisse, pouls filant, difficulté à respirer, sueurs froides, etc.). Un état de choc peut survenir en cas d'atteinte sévère.

DIAGNOSTIC

Il repose sur la mesure des enzymes pancréatiques (lipase, amylase) dans le sang, leur taux étant alors anormalement élevé, et sur l'échographie et le scanner abdominal, qui étudient le parenchyme (tissu fonctionnel) pancréatique et les voies biliaires.

TRAITEMENT

Il est d'abord médical : arrêt de l'alimentation, réduction des sécrétions pancréatiques par administration d'inhibiteurs enzymatiques, prise d'analgésiques, réhydratation et traitement antibiotique de l'infection. Un traitement chirurgical peut être nécessaire, par exemple l'ablation de la vésicule biliaire en cas de lithiase biliaire.

Pancréatite chronique

C'est une inflammation chronique du pancréas qui se traduit par une sclérose progressive de la glande pancréatique et entraîne à la longue une destruction complète de celle-ci.

   Cette maladie est surtout observée dans les pays développés, où elle a pour cause la plus fréquente l'alcoolisme chronique, la maladie se manifestant après de nombreuses années d'intoxication.

   Un petit nombre de pancréatites ne sont ni alcooliques, ni biliaires (non A, non B). Elles sont dues à l'hypercalcémie, à des facteurs familiaux ou à des phénomènes auto-immuns.

SYMPTÔMES ET SIGNES

Le principal symptôme est une douleur épigastrique, associée à un amaigrissement. Au début, les crises sont intermittentes avec de longues rémissions, puis se rapprochent. Pour lutter contre la douleur, le malade adopte une position assez caractéristique : cuisses fléchies, menton aux genoux. La destruction du pancréas exocrine entraîne un syndrome de malabsorption (diarrhée chronique et amaigrissement) ; celle du pancréas endocrine entraîne un diabète insulinodépendant.

TRAITEMENT

Il n'est chirurgical qu'en cas de complication (ictère persistant, hémorragie digestive, etc.). Le traitement médical comprend la suppression de l'alcool et l'administration d'analgésiques et d'extraits pancréatiques.