Larousse Médical 2006Éd. 2006
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douleur (suite)

TRAITEMENT

La lutte contre la douleur représente l'une des priorités de la médecine. Les centres spécifiques de traitement de la douleur connaissent un important développement et s'intègrent dans la prise en charge globale du malade.

   L'utilisation d'analgésiques associée au traitement de la cause de la douleur apporte un soulagement dans de nombreux cas, notamment dans les douleurs aiguës. Le traitement des douleurs chroniques prend en compte les différents aspects de ce type de douleur : physique, psychologique, social. Il fait donc appel à des moyens très divers : médicamenteux, mais aussi physiques, psychologiques, chirurgicaux.

— Les analgésiques (ou antalgiques) peuvent être classés en trois paliers, selon leur niveau d'efficacité. L'absence d'efficacité d'un analgésique de l'un des paliers conduit à l'utilisation d'un analgésique du palier supérieur. Le niveau I correspond au paracétamol, à l'aspirine et aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Ces médicaments sont utiles pour traiter les douleurs légères et modérées, telles que les maux de tête ou de dents. Le niveau II correspond à l'association des médicaments du niveau I à des morphiniques mineurs (codéine, dextropropoxyphène). Les médicaments de cette classe peuvent soulager des douleurs plus intenses, comme celles provoquées par l'arthrose ou les traumatismes sportifs. Le niveau III correspond essentiellement à la morphine. C'est un analgésique puissant, indispensable pour traiter les douleurs très intenses et rebelles. Pour les douleurs aiguës, comme les douleurs postopératoires, la morphine est de plus en plus utilisée sous forme d'injections contrôlées par le patient (par l'intermédiaire d'une petite pompe). Pour les douleurs chroniques, telles celles liées au cancer, il existe de nombreuses possibilités d'administration. La morphine est un médicament extrêmement sûr, qui n'entraîne pas de toxicomanie. Ses effets indésirables, rares, sont en général bien maîtrisés par les médecins et les soignants. Il n'y a donc aucune raison de limiter son utilisation dès lors que les autres médicaments analgésiques n'ont pas réussi à soulager la douleur en cause. Quel que soit le contexte clinique, à partir du moment où une douleur est continue dans la journée, il est préférable de prendre les analgésiques de façon préventive, à horaire fixe et à intervalle régulier, en tenant compte de la durée d'efficacité du produit utilisé.

— Les traitements complémentaires. La kinésithérapie est essentielle dans le traitement de nombreuses douleurs chroniques touchant l'appareil locomoteur, en particulier les lombalgies et les lombosciatiques chroniques. Elle apporte une aide utile dans le cas de douleurs « secondaires », souvent liées à des mauvaises positions ou attitudes, à des contractures musculaires, à des limitations articulaires. La kinésithérapie peut faciliter la reprise progressive des activités physiques du patient. Elle peut être associée à des techniques de relaxation, qui aident le patient à mieux contrôler sa douleur et à mieux réagir face aux situations stressantes susceptibles de l'augmenter. Les techniques de relaxation peuvent être utilisées par d'autres spécialistes (psychologue ou psychiatre). L'objectif est d'aider le patient à accroître sa tolérance à la douleur (à réduire la peur de la douleur), à mieux l'accepter et à mener des activités aussi normales que possible. Parallèlement à ces méthodes, il existe d'autres techniques (neurostimilation transcutanée, applications de chaud/froid, etc.) utiles pour traiter la douleur, notamment quand celle-ci est d'origine neurogène.

Aspects psychologiques

La douleur s'accompagne généralement d'angoisse, d'anxiété et, parfois, de peur. La cause et les circonstances de sa survenue peuvent aussi influencer la façon dont elle est perçue par le patient. La douleur liée à un cancer, en raison de la peur occasionnée par cette maladie, peut apparaître comme beaucoup plus intense et causer plus de souffrance qu'une douleur similaire résultant d'une maladie bénigne. Par ailleurs, la sensation douloureuse peut être réduite dans les situations d'excitation (par exemple, lors d'une compétition sportive) ou d'émotion intense. Certains pensent qu'une préparation mentale à la douleur (par exemple, en vue de l'accouchement) réduit considérablement la sensation et la réaction qu'elle déclenche.

— Le suivi psychologique. Une douleur trop intense ou persistante peut devenir déstabilisante pour le patient, qui a besoin d'apprendre à se protéger psychologiquement contre la douleur. Un suivi par un psychiatre ou un psychologue est généralement souhaitable. Il est souvent difficile, pour le patient, d'accepter cette démarche. Celle-ci ne veut absolument pas dire que la douleur est « imaginaire ». Son but est d'aider la personne souffrante à mieux faire face à la réaction dépressive qui accompagne généralement une douleur chronique, et à mieux comprendre les liens qui existent avec d'autres difficultés, passées ou actuelles.

— Antidépresseurs, anxiolytiques et sédatifs. Les antidépresseurs sont utilisés d'une part pour leur action propre contre la douleur dans certaines maladies (diabète, zona) et pour traiter les symptômes psychiques associés à la douleur chronique (dépression, anxiété, insomnie). Les médicaments contre l'anxiété (anxiolytiques, sédatifs) n'ont pas de réels effets sur la douleur. Souvent prescrits pour un trouble du sommeil ou comme relaxant musculaire, ces médicaments ne sont pas inoffensifs. Ils s'accompagnent d'effets secondaires (somnolence) qui vont à l'encontre du programme de reprise d'activité. En outre, en raison du risque de dépendance, il est recommandé de ne les utiliser que sur de courtes périodes.

Voir : antalgique, douleur postopératoire, kinésithérapie, morphine.

Savoir expliquer sa douleur au médecin

La description minutieuse d'une douleur à son médecin apporte des renseignements irremplaçables pour le diagnostic. Il est utile que le patient décrive les différentes caractéristiques de la douleur : la localisation (en montrant du doigt le trajet de la douleur), le type (à quoi comparer la douleur : pression, brûlure, décharges électriques…), l'évolution (depuis quand la douleur a débuté ? Était-ce de manière brutale, progressive ?), les circonstances déclenchantes initiales (effort, traumatisme, accident de travail…). Il faut répondre le plus précisément possible aux questions du médecin. S'agit-il d'une douleur permanente ou intermittente ? Quelle est la durée des accès, des périodes de rémission ? La douleur survient-elle le jour, la nuit ? Quels sont les facteurs qui la soulagent, l'aggravent (position, mouvement, horaire, émotions, etc.) ?